358
L'UNIVERS.
A une lieue des faubourgs sont les
Bains des Incas,
alimentés par deux
sources abondantes, J'une d'ea u froide,
l'autre d'eau bouillante. Ce fut, dit·
on, de cet endroit que l'Inca Atahualpa ,
alla, porté sur un trone d'or,
a
la ren–
contre des conquérants espagnols. On
ajoute que, Jorsque les Européens :se
rendirent maítres du pays, les Péru–
viens voyant qu'ils ne pouvaient leur
opposer une résistance efficace, jete–
rent le trone d'or daos le cratere de
la source d'eau bouillante, afin qu'il
ne tombat pas entre les mains des
étrangers. Quelqu es
années
apres,
deux riches Espagnols firent pratiquer
1m
canal pour vider Je bassin de la
source et en retirer le tron e, objet de
tant de convoitise. Mais leu rs efforts
furent inutiles, car la source était trop
profonde pour qu'un canal püt en at-
teindre le fond.
·
Tout pres des bains, et sur le ter–
rain d'une forme e pagnole, on voit
les
ruines d'un bfitiment
q11i
pent
avoir serví de grenier ou de magasin
aux Incas. On y
observ~
un gr¡rnd
nombre d'excava'tions dont quelques- .
unes offrent de pierres qui portent
les chiffres rnille, deux mille, et<;., ce
qui a fait supposer qtrn
quel~e
trésor
était caché dans
Cl!
cavites. On a
cherché, et
01.
n'a rien trouvé.
A deux lieues de Caxamarca, mais
dans une autre direction, on remar–
que un e pierre di te
inca-rirpo, fJierre
de ·repos de
l'
Inca.
Elle est semblable
a
celle que vit M. de Humboldt au
Paramo de Asuay,
et qu'il a décrite
sous Je nom de
inga-chungana, lieu
de repos de l'Inca.
La pierre dont
il est 1ci question est un bloc de onze
pieds de
long , et de deux pieds
buit pouces de haut eur au-dessus du
so l, sur une largeur de treize pouces
seulement.
Il offre daos sa partie
centrale deux cavités de quatre pouces
de profondeur et de cinq pouces de
large. On voit aussi les re tes d'une
clOture circulaire qui regne autour du
bloc
a
la distance de huit ou dix me–
tres. Elle occupe une petite portion
de la route militaire que suivaient
les Incas pour se rendre de Cuzco
a
Quito, et qui est encore connue dans
le pays sous le nom de
Camino del
Inca.
Du lieu ou git la piene vénérée,
on jouit d'une vue magnilique, et l'on
embrasse du regard
les plus belles
parties de la vallée de Caxamarca.
D'apres la tradition qui s'est perpé–
tuée parmi les Jndiens, l'Inca avait
coutume de se faire transporter sur
cette hauteur pour contempler le beau
panorama qu'elle domine, et les deux
cavités observées au milieu de la pi erre
servaient
a
maintenir les pieds du
trone sur lequel s'asseyait Je monar-
que.
•
Pres de la ferme appelée la
Lagu–
nilla,
non loin du village de
Jésus,
et
a
cinq li eues de Caxamarca, on a dé–
couvert les ruines d'une ville péru–
vienne batie d'une
fa~on
singuliere.
La µlupart des maisons sont encore
enti eres; elles sont en pierre et cons–
truites de maniere
a
entourer un ro–
cher ou monticule, situé au milieu
d'une vallée. La rangée inférieure des
maisoffs a de murs d'une épaisseur
prodigieuse; un voyageur dit y avoir
mesuré des blocs de pierre de douze
pieds de long et de sept pieds de hau–
teur, formant un coté entier de la
piece; une ou plusieurs autres picrres ·
sont po ées par-dessus pour former le
toit. Au-dessus iie cette rangée, il y en
a une autre plus élevée, construite de
Ja meme maniere, et ayant sur le der–
riere les portes d'entrée; un autre
rang a ses murs de derriere adossés
a
la montagne. Toute la ville consis–
tait en doubles rangées de chambres
habitables, le tout s'élevant
a
la hau–
teur de sept étages. Au sommet, on
voit des ruines qui paraissent etre
celles d'un palais ou d'une
forte–
r esse.
" Lorsque je visitai ce lieu pour la
premiere fois , dit M. Stevenson , je
crus d'abord que les cbambres n'étaient
autre chose que des excavations prati–
r,¡uées dans le roe. Mais j'acquis bientot
la-conviction qu'elles avaient été coas -
truites de main d'homme, et je restai
stupéfait en contemplant.cet immense
travail, dont l'objet spécial est main–
tenant ignoré. Les chambres ont pres-