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L'UNIVERS.
mement minces et pas plus grandes
que la 111oitié de la coquille d'un reuf
de poule. Ces ornements se portaient
sans doute suspendus aux oreilles,
car ils sont munis de petites montures
semblables aux boutons en usage par–
mi les fommes indigenes.
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faut aussi
mentionner des fragments d'argent
ayant dix pouces de long sur deux de
large et aussi miuoes qu'une feuille de
papier. Tous les morceaux d'or qu 'on
trouva dans pes tombeaux étaient ren–
fermés dans la bouche des cadavres.
Grace a la nature du sol dans Jeque!
les guacas étaient pratiqués, les corps
ensevelis étaient encore presque en–
tiers et nullement détigurés , bien que
quelques-uns fussent enterrés depuis
trois siecles au moins. Les vetements
étaient dans le meme état de conser–
vation; mais corps et bal>its tombe–
rent bientot en poussiere sou
l'action
de l'air et du soleil. On déterra un
homme dont les cheveux se joignaient
aux sourcils et couvraient si complé–
tement le front, que cette partie du
visage n'existait réellem nt pas. Pres
de lui on vo_ ait une grande quantité .
d'herbes seche ' plusieurs petits pots
ot des poupées habíll ées. Les Indiens,
qui exécutaient ces fouilles sous la di–
rection du touriste -angl:Jts, préten–
dirent que ret homme avait été un
bnljo
ou devin; on peut supposer
aussi qu'il avait été médecin, car la
so rcellerie et l'art de guérir se con–
fondaient et s'exerQaient a la fois chez
ces peuples ignorants, comme chez
la plupart des nations non civilisées.
Signalons encore dans les environs
de Truxillo, pres de Guambacho, petit
port au sud de Huanchaco
(*),
d'autres
ruines non moins intéressantes que
celles dont nous avons parlé tout
a
l'hcure. C'est une immense ligne de
fortifications construites, suivant toute
proba~ilité,
bien longtemps avant la
conquete. La muraille est presque
partout entiere, et offre des angles
sai ll ants
a
peu pres semblables
a
de
gro siers bastion . Ce mur suit le Oanc
d'une haute montagne située tout pres
(') L'aacienne
ville
de Guambacho ful
détruite par
un
pirate hollandais, ea r685.
de Ja mer. L'histoire nous apprend
qu'une grande victoire fut remportée
dans cet endroit par le dixieme Inca
sur Chimu, dernier roí de la province
appelée aujourd'hui
Truxillo.
Une im–
mense quantité d'ossements humains
répandus
Qª
et
la
atteste le carnage
qui eut lieu sur ce champ de bataille.
On a remarqué que plusieurs squelettes
avaient la chevelure intacte.
Toutes les ruines qui
~isent
dans
le
voisinage des lieux hab1tés ont été,
comme on doit bien le penser, explo–
r ées, visitées et fouillées dans tous
leurs recoins par les Espagnols, qui
espéraient y trouver des trésors ca–
cbés. Souvent la cupidité des Euro–
péens fut Jargement . satisfaite par de
magnifiques trouvailles. On raconte
qu'en
1576,
un Espagnol retira d'un
guaca, supposé étre la sépulture d'un
roi de
la fami lle de Chimu, une si
grande quantité d'or, que la somme
formant
le cinquieme -dd au trésor
royal s'éleva a
9,632
once d'or, ce qui
su¡wose que la totalité du trésor re–
présentait
3,750,000
francs. Aujour–
d'huf encore,
011
e t persuadé au Pé–
rou que les guacas contiennent des r1-
chesses qui ahcndent d'heureux explo·
rateurs. Lorsque les exhalaisons qui ·
s'élevent de ces tombeaux produisent
sur le sommet des montagnes des
lueurs phosphoriques,
les habitants
des campagnes croient que ces feux
passagers indiquent la présence de
trésors enfouis; et ils s'empressent
d'all er vi si ter ces anciennes sépultures,
qui déja avaient été vingt fois inuti–
lement profanées par des mains avides.
ous terminerons cette longue des–
cription des villes du Pérou, en ci–
tant, mais seulement pour mén1oire :
Guamanga, fondée par Pizarre et
peuplée de
40,000
individus;
Jauja ou Xauxa, qui compte
10,000
babitants, et se soutient principale–
ment par le produit de ses mines d'ar–
gent;
Ayacucho, pres de Jaquelle le géné–
ral Sucre remporta la victoire célebre
dont nous parlerons en · détail dans
le résumé de l'histoire de la révolu–
tion péruvienne;