PEROtr Et BOLlVIE.
quétes de Manco Capac et de ses suc–
cesseurs en recu!erent les limites, si
bien que, lorsque les Européens enva–
hirent ces bell es contrée , ils trou–
vffi:ent un pays immense soumis
a
la
domi nation et aux lois des Incas.
11
est fort
a
regretter qu'aucune
donnée•tant soit peu positive ne puisse
conduire a la découverte du lieu de
naissa nce et de !'origine de Manco
Cnpac et de sa compagne. La tratlition
dit c1u'ils partirent taus deux du lac de
Titi caca.
e doit·on pas voir dans
cette eroyance populaire la preuve que
l\lanco était de lq nation des Aymaras
qui habitai t les bords du meme lac?
Dans ce cas , cette nation aurait été
la souche et le Lype de la civilisation
péruvienne. Tell e est, au reste, l'opi-
11ion de
l\ll.
d'Orbigny. Mais s'il est vrai,
co111111e on l'assure, que les Péruvi ens,
au moment ou ils parurent au milieu
d'eux, fussent encore dans l'état de
barbarie que nous avons décrit, et si
l'on suppose qne le couple révélateur
füt originaire du pays )lleme, on sera
frapp é du contraste qui
e~i
tait
entreson intelli gence et la stupidité des ur.hs
qui l'entouraient, entre ses lumiéres
et leur ignorance profoude , entre ses
tendances vers la vr;.iie civilisation et
les préjugés grossi\'l'S d
.et:
bordes
sauvages. Une parrd le bizarrerie étant
inexpli r.nble, et meme, 011 peul. le dire,
impossibíe, on est conduit
a
ce di–
lemme: ou le prcmier In ca était étran–
~er
au pays, et dans cecas on ne pour–
rait déterminer le lieu de son origin e,
car tous les pays ª''oisinants étaient
probabl ement dans le meme état tl e
barba ri e; ou bi en
il
n'est pas vrai
qu e les Péruviens fussent,
a
l'époque
dont il s'agit, aus i arriérés qu'on se
pl alt
a
l'affirmer' et alors il serait
tout
~imple
qu'il se f11t élevé du sein de
ce peuple un homme et une femme
cl ont l'intelligence cilt résumé tous
les prog1·cs ¡¡ccompl is jusqu'a eux, et
dóut le génie e(lt devaneé les progres
a
veui r.
OllS
serions
aSSPZ
di sposés
iJ
nous en ten ir
iJ
cette supposition; et
l'hypothe e une fois admise, nous re–
garderions tout ce qu 'on a dit de la dé–
plorable situation des Pémviens avant
l'apparition de !'Inca, comme autant
de ílatteries destinées
a
grandir le mé–
rite rlu réformateur par la difliculté de
la tl\che. Quant
a
la supposition qui
ferait venir Manco Capac d'un autre
continent, ou du moins de quelque
terre éloignée de
l'
Amérique, nous
savons bien qu'elle ne répugnerait pas
a
certains esprits aventureux qui se
plaisent aux problemes excentriques
et aux paradoxes laborieusement in–
ventés; mais 11ous préférons no1;s en
tenir
a
l'hypothese, beaucoup plus sim–
ple et toute naturelle, d'une origine
péruvienn e, co'incidant avec un état
social moins barbare que cclui dont on
nous a donné le tableau probablement
exagéré.
A quelle époque eut lieu l'apparition
de Manco Capac? aucun document ne
peut le faire deviner. Les Péruviens se
p!aisent
a
faire remonter !'origine de
leur famille royale au dela de quatre
si ecles avant la conquete. Mais si l'on
considere que la dynastie des Incas ne
se compasa que de douze souverains
régnants, et si l'on suppose que chaque
regne ait duré vingt ans en moyenne ,
on ne trouvera pour toute la domina–
tion de ces princes, a commencer par
l\Ianco Capac, qu'une période de deux
cent quarante ans . L'assertion des
Péruviens es t donc probablement men–
songere, et elle doit etre attribuée
i:t
ce
désir puéril qu'ont tous les p.:uples de
se vieillir beaucoup plus qu'ils n'en ont
le droit.
Tout le systeme de gouvernement
établi par l\lanco Capac se fondait sur
les croyances religieuses ; institutions
politiques et civiles , hiérarchie, légis–
Jation, tout procédait de la religion et
tout y aboutissait. " Le gouvernemen t
des Péruviens, dit Robertson dans son
Ilistoire
d'
Amérique,
a cela de sin–
guli er et de frappant' qu'il doit a la
religion son esprit et ses lois. Les idées
religieuses fon• tres-pe.u d'impression
sur !'esprit, d'un sauvage; leur in–
fluence sur ses entiments et sur ses
mceurs est
a
peine sensible. Parmi les
Mexicains , la reli gion réduite en sys–
teme, tenant une grande place dans
leurs institutions publiques, concou·