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L'UNIVERS.
et sur certains points tout a fait nul s ,
pour la seconde périocJe, c'est-a-d ire
celle qui s'écoula depui s l'établissement
de la dynast ie des In ca jusqu'a la co•1-
quete. Nous devons done nous rési–
gner
lt
répéter, pour les ages primitifs,
ce qu e les historiens ont avancé d'a–
pres de simples conj ecture ; et qu ant
a la seconde époque,
il
faudra , nous
étayant du témoignage des écl'ivains
espagnols et de Garcilasso de la Véga,
éclBirer;
U
l'aüle de Ce fl ambeau, CJLI Cl–
CJ Uefois insuffisant , les premiers mo-
111ents du regne des Incas. Nous. ne
re ncontrerons la certitude his torique
que quand nous aurons
a
parler des
dern iers souverains indi genes. Quel–
que
~enante
que soit la nécessil é de
marclier ai nsi
a
tlltons dans les an–
nales d'un peuple dont le passé a da
étre si intéressant, il faut, bon gré ,
mal gré , s'y soumettre.
Si l'on en croit certains écriv<fins
espagnols , les Péru viens, ava nt l'ap–
¡wri tion du premier Inca , vivaient
dans la plus honteuse barbari e. • ulle
institu tion, nul príncipe fo rmul é en
loi , ne modPra i
leu
1
1
s pa sions , ne
rrglai t l'élan de leurs instincts. Sem–
hlables aux ani o1allx sauvages, ils.man–
gea ien t r.e qui s'offrait a leur glouton–
nerie , s'accou pl aient pour
la . seule
satisfoction de leurs désirs charuels, et
faisaient des bois et des cavernes leurs
demeures ordinaires. Pleins d'idées
super titieuses ctde pencbants féroces,
ils -vouaient un culte· stupide aux as–
tres, aux plantes ' a des aoimaux im–
mondes , et offrai ent aux objets de
leur acloration le sang des victimes
humaines qu 'ils égorgeaient -sur leurs
aute}s. Entierement privés d'indus–
t rie. ils erraient
~a
et la, dans la nu–
dité ta plus complete,
d6pensan ~
dans
des querelles frivoles une énergie qu'ils
au raient pu mi eux employer, et cJédai–
gn ant les bienfaits d'un sol qui ne de–
mandait que de fai bles effo rts pout·
etre fortilisé. En un mot, il
réalisaient
tout ce que les voyageurs et les philo–
sophes nous ont a,opris de la vie sau–
vage.
On ne sait cambien de temps· les
Péruviens vécurent dans cette condi-
tion misérable. On suppose qu'ils n'a–
vaien t encore fait aucun progres da ns
la civilisa tion , quand pan trent un
homme et une femme ·qui entreprirent
de les former
a
la vie sociale, et de les
soumettre
it
des lois régulieres. Cet
bomme était Manco Capac, cette fem–
me s'appelait Mama Oel\o. Profilant
de la vénération des Peruviens pour
le soleil,
ils
se donnerent pour enfants
de cet astre, et dirent avoir été en–
voyés par lui pour arracher son peuple
a l'ignorance et
a
la misern. D'ou
venait le couplé réformateur. c'est
ce qu'on ignore ; ce qu'il y a de cel'–
tain, c'est que l'intelligence <le l\Jauco
Capac et de sa .compagnc subjugua
promptement les Indiens, et trou1·a
dans ces geus crédules des instruments
dociles et cmpressés. Le prétendu
fils
du soleil enseigna aux Péruyiens a cul–
tiver la terre ' a construire des mai–
sons '
a
pratiquer les arts les plus otiles
a
l'homme. Mama Oello apprit aux
femmes a fil er et
a
tisser des étoffes.
Quand ils eul·ent pourvu aux ohoses
de premiere11 éces ité, c'cst-a-dire
a
la
nourriture . au vetement et
a
l' habita–
tio tl des peupl.ildes qui avaient ré–
pondu
il
leur appel, ils s'occupercnt de ,
leur donner les institutions les plus
-prop1·es
a
consolider ces bienfaits.
1'1anco ordonna, au no'm du soleil son
pere, et les Péruviens obéirent. Il _dé–
termina les devoirs des sujets entre
eux et ''is-a-vis de leurs chefs;
il
créa
une admini strati on, organisa une hié–
rarcbie, et a souplit si .habilement les
indi genes
il
la di scipline, qu'il se forma
bientot un État politique régulier, et,
en apparence du moins, bien gon–
verné. La fond ation de la ville de
Cuzco , l'un
el e premiers actes dn
législateur, eo réuni sant les tribus
autour d'un centre comrnun, favorisa
puissamment l'reu vre de régénér:ition;
c'est ainsi que fut fond é l'empire des
Incas,
ou
seigneurs .
du Pérou , du
moins si l'on en cro it la tradition des
Indiens , perpétuée par les récits des
historiens e pagnols. Cet empire fut
d'abord fort peu étendu ,- car
íl
n'eoi–
brassait qu'un e pace el e huit ou diic
Jieues.autour de C:::uzco; mais les con-