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PÉROU ET BOLIVIE.

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législateur. Il connaissait évidemment

les éléments sur lesquels il allait agir;

il

savait

que les Péruviens adopterment

sans difficulté un gouvernement dont

Ja base s'accordait si bien avec leurs

idées sur la puissance du soleil; une

fois rassuré sur ce point essentiel ,

il

calcula ave.e une rare perspicacité les

résultats

il

évitables d'un systeme fon–

dé sur une uroyance aveugle; de la, la

série de ces institutions qui toutes pro–

cedent directement ou indirectement

d'une royauté essentiellement de droit

divin.

La direction que Manco Capac donna

aux idées superstitieuses des Péruviens,

produisit un autre effet, dont il dut se

réjouir singulieremeut : ce fut d'a–

doucir les mreurs de ce peuple qui, si

l'on en croit certains écrivains et de

vagues traditions, se plaisait aupara–

vant

a

offril' a ses grossieres divini–

tés des sacrifiées humains. En pro–

posaut

a

l'adoration de ces hommes

crédules les plus belles manifestations

de la nature physique, talles que le so–

leil et les autres astres , l'Incá pnísu–

mai t avec raison qu e ses sµjets adop–

teraíen t un culte moins barbare. C'est,

en effet, ce qui eut lieu. Les P ru iens,

sous la domination de Jeurs rois, ne

croyaient pas , comme les Jlfoxicain ,

a

des- etres hideux et bizarres , tristes

fruits d'une imagination déréglée, et

avidcs d'offrandes souillées du sang

des hommes; ils reconnaissaient pour

dieux principaux le soleil, la ]une et les

étoiles. C'était,

a

vrai dire, des abstrac–

tions, car ils ne vénéraieot dans ces

hdtes brillants de la voute céleste que

les dispensateurs de la lumi ere, de la

chaleur et de Ja vie. De pareilles <livi–

vinités ne pouvaient exiger <l'odieux

sacrifices. Aussi les Péruviens se bor–

naient-ils

a

porter

Slll'

leurs autels les

fruits de la terre, développés et mtlris

par la bienfaisante cbaleur du soleil ;

quelques produits précieux de !'indus–

trie de leurs 111ains guidées por sa lu–

miere; quelqucs animaux nés et <léve–

loppés pour leurs besoins, grace

il

sa

puissance vivifiante. C'était ainsi qu'ils

concevaient le culte dü

a

l'embleme le

.plus éclataut de la bonté divine. Ou

con~oit

a

que\ point leurs mreurs et

leur caractere dureot se ressentir de

ces pratiques religieuses. L'amour de

l'agriculture, autre produit des idées

propagées par !'Inca, acheva de con–

vertir la natioo aux sentiments pai–

sibles.

Nul doute que le naturel fonciere–

ment doux et pacifique des indigenes

du Pérou n'ait puissamment contri–

bué a le

s amener

a

cette condition mo–

rale.Un

peu ple

il

instiucts.plus cruels et

plus tur

bulents eüt résisté beaucoup

plus énergiquement

a

la propagande de

ses législateu rs et

a

l'action d'une re–

ligion fondée sur des principes d'bu–

manité. Mais, d'un autre coté, on ne

peut nier l'inlluence des doctrines re–

Jigieuses sur les nations. Le caracterc

des Pé1:uviens fut probablement pour

beaucoup dans l'reuvre de civilisation,

mais le culte nouveau put

y

revendi–

qu er aussi une large part. 11 faut éga–

lement tenir compte de la politique

humaine et civilisatrice des Incas. Con–

v incu que l'affection et l'obéissance de

ses sajets étaient l'effet de leur croyan–

ce

it

son origine céleste, le souverain

faisait tout ce qui était en lui pour

maintenir et perpétuer cette croyance;

il s'efforcait, par es lois et ses actes,

de se montrer l'égal en bicnfaisance et

en générosité, de l'ástre dont il se di–

sait le descendant. Il exerQait un des–

potisme absolu et sans contrélle, mais

il savait le tempérer par l'interveotion

propice de la religioo. Sa conduite en–

vers les peuples étrangers n'était pas

moins digne d'éloges. Les Incas ne

faisaient pas la guerre comme la plu–

part des nations américaines, c'est-b–

dire pour exterminer des voisins im–

portuns et pour rassasier leurs fétiches

du saog de leurs ennemis. Bien loin de

la, ils combattaient dans un but de

véritable civilisation. Les prisonniers

étaient traitésavecdouceur et instruits

dans les doctrines des vainqueurs. Au–

cune violence ne venait en aide

a

l'reu–

vre de conversion. La persuasion était

seu le employée' et les bons traitements

dont on usait envers les nations sub–

juguées étaient pour beaucoup daos le

rés ultat final.