PEROU
ET
BOLIVIE.
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mille. Ces vierges étant censées fem–
.mes du soleil, c'était cet astre bien–
faisant qui traitait son peuple par l'in–
terrnédiaire et par les mains de ses
épouse immacul ées.
Le jour venu , íl se formait tine im–
mense procession , qui se rend ait au
trmple du soleil. Le souveraín mar–
rhait en tete , ou son plus proche pa·
rent, quand il était
a
la guerre. Apres
lui venaíent les
curacas
ou gouver–
neurs de districts, couverts de vete·
ments rnagnitiques, mais bizarres. Les
un s portaient des robes sernées de la–
mes d'or et d'argent , et des bonnets
entourés de couronnes faites de feuil–
IPs
d PS
memes métaux; d'autres
étai ent parésde la peau du t igred'A–
mérique, doni la téte leur serva it de
casque; on en voyai t qui s'étaient at–
taché sur Je dos des ai les de ca ndor,
pour montrer qu'!ls avaient la préten–
t ion de descendre de ces oiseaux;
quelques-uns se dégu i•aient
a
l'aide de
certaíns masq ues étranges, qui repré–
senta ieut des figure horrib les l e11fin
un certai n nombre de c11racas se
fai–
saient rernarquer par leurs lwbit ba–
riol rs et leurs ornements _grate ques.
lis faisaie11t en marrhant mille -singe·
ries, prena ient les po tures les plus in·
gulieres et se liv1
1
aién t
it
<les artes si
extravagn nts , qu 'on les ellt- pris pour
des insensés; toutes ces co ntorsions
étaiPnt accompagnées du bruit d'une
nrtrsiqL1C bruy1111te, -exécutP.e
a
i'aide
d'inst ruments criards et discordants,
tels qn l' fifres, taml.rours , trompes,
crére ll es, ele. Chaque nati on du Pé–
rou a sistai
t
a
la cérémoni e dans la
personne de qu elqu es représentants de
hanle naissance. Chacune portait les
arn1es donL elle se servait a lá guerre,
1
rile:; qu e fl eches, javelots , lances, ha–
ches longues et courtes. Des bannieres
ri chernent ornées représentaíent les
belles actions faites au service du so–
lc1r pnr ceux qui les portaient. C'était
a qui ¡rn raltra 1t, dans cetteci'rconstance
so lennell e, avec le plus d'éclat et
d'origi nale magnilicence.
J?an •enue sur la grande place de la
vill~,
la processior. s'arretait , et tous,
pieds nus, dans
1
attítude la plus res-
pectueuse, tenaieilt leurs regards fixés
sur la partie orientale du firmament et
attendaient que le soleil se levllt. Des
qu'il paraissait sur l'horizon, ils se
prosternaient vers luí , l'appelan.t leur
pere et lui envoyant de pieu_x baisers.
Puis le roi se l'evait et prenait dans ses
mains deux
~ra nds
vases d'or pleins de
la boisson ord inaire des Péru viens. Éle·
vant la coupe qu' il tenaít de la main
droite ' il in vitait le soleil
a
boire; cela
fait , il versait la liqoeur consacrée
dans un réservoír en or, d'otr elle se
rendait, par On tuyau souterrain, au
temple du soleil. Ensuite le roi buvait
quelqnes go uttes de la boisson conte–
nue dans l'autre vase, et distribuait lu
reste.aux Incas. Quant aux Curacas,
comme ils n'étaient pas du sang royal,
011
lenr donnait
a
boire d' un breuvage
prépa ré par les vierges du soleil.
Cette cérémonie n'était qu'une es–
pece d'i nLroduction
a
la solennité prin–
cipale. La procession se rendait irnmé–
diatement au
~rand
temple. La, !'Inca
et sa
fa
mí lle deposaient entre les rnains
· des pretres ,
it
titre d'offrande ao so–
leil, les va es qui a11aient serví aux li·
bations. Les curacas venaient
a
leur
tour déposer l!'urs coupes d'or et d'ar–
gent; ils y
njou~a i ent
d'es pieoes,de mon–
naie
ét
des mod eles d'aoinrnux de toute
espece coulés en métaux p1•écieux. Ces
préliminaires acbevés, les pretres in–
cas offraient au soleil uA e qu antité
d"agneaux et de brebis stériles
e·)
de
toutes couhmrs. Dans le nombre ils
choisissaient un agneau noir
e·*)
qu'ils
(*)
Les Péruviens
11e
sacrifiaien t jamais
les hrebis susceptibles d'etre fécondées. lis
ne mangeaient de leur cha ir que lorsqn'el–
Jes n'éraient plus propres
ii
engend1·er.
('") les
Indiens préféraienl Ja couleur
11oire
a
Loute aulre, princípalement dans
leurs sacrifices, parce c¡u'elle a, disaient–
ils, quelque chose de di1•in. lis ajoutaient
qu'un animal de oouleur noire était p1•esc¡ue
Loujours noir par Loul le corps, tandis qu'un
agneau blane availla plupmt du tem ps qnel–
que tache noire sur le 111useau,
~e
qui leur
paraissail constiluer un défaut. C'est pour
cela, dit G91·cilasso de la Yéga, c¡ne leurs rois
étaien l le plus sonveut vetus de noir. J.P.m';
habirs de deuil étaient de la couleur cp1e
nous appelons
g-ri~
de souris.
24.