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L'UNIVERS.
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cent-s filies, toutes ayant pour peres des
Incas, étaient employées au culte du
SOlei~
et
a
la COl)S.ervation du feu sacré.
Enfermées dans un vaste couvent, elles
n'avaient aucune communication avec
l'extél'ieur, et ne pouvaient v0ir, en
fait d'hommes, que l'empereur. E11-
core celui-ci se faisait-il scrupule de
souiller par sa présence !'asile sacré de
ces religieuses, et chargeait-il la reine
ou quelque autl'e femme
~e
sa cour
d'aller visiter de sa part les
vierges
choisies.
Les vreux prononcés par ces
filies étaient éternels. Elles faisaient
sermeut de virginité, et malheur a celle
qui oubliait ce formidab!e engagement:
elle était condamnée a etre entenée
vivnnte; en outre, son co1nplice de–
vai.t etre mis
iJ
lllOl't, ainsi que ses
parents, et la vi lle qui l'avait vu naltre
devai t etre rasée de fond en comble,
pour la punir d'avoir donné le jour a
un si grand crimine!. Nous devons
ajouter que, d'apres le. auteurs espa–
guol. , cette loi barbare et absurde ne
tut jamiis exésutée, i;oit qu 'elle ellt
été reconnur, i1)applicable, soit que le
crime qu'clle ét11it destinée
a
punir
n'ellt jama is été comrni da ns l'empire
péruvien. LPs religieuses étaient, dans
]'intérieur du COUl'ent, e111ployées a
toute sorte de
tro vn ux de femmes.
Comme elles étaient censées les épouses
du soleil, elles remplissaient des fonc–
tions importantes daiJs l'exercice du
c¡¡lte. Cinq cent. jeunes filies , toutes
vierges et
lille~
d'lricus, se consacraien t
ii
leur service
particuli~r.
'fous les us–
tensiles de la inaison, depuis la vais–
selle'Jusqn'aux chaudrous, étaient d'or
et d'a rgen t. On dit que le jardín qui
!)ntourait le couvent contellé¡it, comme
celui du grand temple, des arbres, des
pl antes
e~
des fl eurs en or, merveil ·
leusement imités.
Outre la maison des religieµses ele
Cuzco dédiées au solei l , il
y
avait
d'autres couvents de fe1u111es dans le
royaume, tous organi és,
a
peu de
choses pres, d'apres le meme plan.
11
en
existait dans toutr,s
le¡; principales
villes du Pérou. On 3dmettait dans
ces établissements des filies de toute
condition, soit qu'elles fu&sent <le sang
royal et de naiss¡mce légitime, soit ·
q11'elles
fussent
b~tardes
et meme
nées d'un sa11g étranger; on
y
recevait
aussi les filles de bourgeois , pourvu
qu'elles fussent belles ;
ii
vrai dire,
c'étaj¡¡n~
la les harems du roi , car ces
filies d¡¡, soleil
étaient destinées
a
de–
vénir les eoncubines de !'Inca . Le sou–
verain n'avait qu'un signe
a
faire, ou
qu'un ordre
a
donner; la vierge qui
avait eu !'insigne bonheur de lui plaire,
lui était immédiatement livrée, et c'é–
tait un grand honneur pour elle com–
me ppur sa famille. Du reste, l'adul–
tere dans ces éJSiles de pi eusc prostitu–
tion était aussi rjgoureusement puní
que la violation du vreu de chasteté
dans le couven t des vierges choisies de
Cuzco. Nous en trouvons la preuve
dans un passage assez curieux d'Au–
gustin de Zarate. Cet historien , en
¡¡arlant des causes de la mort violente
d' Atahualpa, dit que ce fut l'Indien
Philippillo qui condt¡jsit toute cette af–
faire .
JI
ajoute:
«
Quelques-uns ont cru
que cet Indien étant arnoureux d'une
des femmes d'A tabalipa, et qu'ayant
un commerce crimine! avec elle,
il
avait voulu s'as uret· la jouissance pai–
sible de sa ma1tre se par la mort ele ce
prince. On a meme dit qu' Atabalipa
avait eu connai sanee de cette intrigue
et qu'il en avait fait des plaintes au
gouverneur, disant: qu'il éta it plus
sensible
a
cet outrage qu'au sup–
plice de la captivité et a tous ses
autres malheurs, alors meme qu'ils
devraient etre suivis de
I~
perte de son
existence; qu'il ne po11rrait
~ans
un
chagrín mortel ele voir traiter avec
tant de mépris par un ludien de si
basse extroction, qui luí infligeait un si
-
sanglant affront, en
d~pit
d6 la loi du ·
pays; qu'il n'ignorait assurément pas
que cette loi orJonnait qpe celui qui
serait reconnu coupable d'up tel cl'i–
me, ou qui 11u11ait seu lement tenté de
le cqmmettre,
fút b.r'Ú!é vif avec sa
complice;
que meme, po4r mieux prou-
ver l'hprreur qu'inspirait 11n pareil
attentat contre le respect du
a
la ma·
je té du souverain,
onfaisait ordinai–
r ement mourir le pere, la mere, les
/reres et tous les proches parents de