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P~ROU

ET BOLIVIE.

375

l'adttltere; qu'en otttreonfaisaitpérfr

tous ses bestiaux; qu'on dépeuplait et

ravageait entierement le lieu de sa

naissance, qit'on

y

semait du sel ,

qu'on en coupait les arbres, et qu'on

en démolissait la maison;

qu'enfin

onfaisait tout ce qu'onjugeait capa–

ble d'"nspirer de•l'fiorreur pozw un

tel

critne et

de

renrlre a jamais

in–

fame

Ü!

mémoire de cel'Ui qui s'en

serait rendu coupable.

"

On voit, d'a–

prés celte citation, qu e les rois du

Pét·ou avaientcon e1·ver purs de toute

souillure les asiles mystérieux oll ils

parquaient les objets de leur convoitise

charnelle, et qu'ils ne se faisaient pas

sc1·upule de protéger leurs amours par

des lois révoltantes de l.Jarbarie.

Ap1·és cette esquisse rnpide des ins–

titutions et des cérémonies publiques

auxquelles avait donne li eu le cu lte du

soleil,

il

importe de faire remarquer

que ce culte n'était pas exr:lu ivement

adopté dnns l'empire du Pérou, et que

l'idolfitrie s'était maintenue dans aes

localités a ez nombrieuses du royau–

me. On en trouve la

pre~ve

dan un

écrit rédigé vers l'an 15.55, par un des

premi ers religieux AOgu Lins qt1i pas–

silrent au Pérou

(*).

ou

ci terons

quelques fra$ment

de- ce mémoire

de tiné

a

écla1rer le µtésident

du

0 11-

sei l des lndes sur la condition morale

des

A

méricains. On remarquera que

l'auteur parle de choses qui se pas–

saient

a

l'époque mfüne ou

il

écrivai t

et dont il pouvait parfaitement avoi r

été témoin. M8me en faisant In part de

l'e ·agération nat•1relle

a

!'esprit de ca–

tholic1sme exclusif, on verra qu'il

reste assez de fait

pour confirmer

plei!1e111<1nt notre assertíon au sujet

des superstitions des Péruviens.

Le missionnaire nous apprend d'a–

bord q11 e les Indiens

a~ribuaient

la

creation de toutes choses

il

un dieu

nommé par eux

Atayuju,

lequel , se

voyann seul, avait creé deux autres

rlieux, Sagad·Znvra et Yaungavrad,

(•) Celle lellre a

été

p11hliée, pour la pre–

mier<'

fo

is

eu fran Q!IÍS, dan

le Recueil de

documculs

su1·

l'his1oire

des

posscs. io11s

es–

pagnol~s

d'Amérlque, par M.1'ernaux

Com–

pans.

chargés de gó'uverner

Je

monde con–

jointe111e11t avec

lui. "Les temples

dans lesquels ils adoraient ces fausses

di vi ni tés, dit le religieux,

étai~nt

de

grandes cours entourées de hautes

muraille . Au milieu de la cour exis–

tait une fosse profonde dans laquelle

étaient plantés plusieurs mdts.

c~lui

qui voulait offrir un sacrifice montait,

habillé de blanc, au haut d'un de ces

milts que l'on avait oin d'entourer de

paille, et la, il immolait un coy (lapin

du Pérou) , ou un mouton du pays ,

dont il offrait le sang

a

Ataguju

~t

dont il mangeait la cliair sans pou–

voir en rien laisser ni en emporter.

11

y avait des trous préparés dans lrs

murs pour recevoir les os de la vic–

tim,e. Tout le pays est rempli de tem–

ples de ce genre, et nous en avons dé–

truit un granrl nombre; mais

il

en

ex i te encare beaucoup, et bieri des

Espagnols les voient sans se douter de

ce que c'est. Tous ceux de la province

de Huamachuco sont détruits, et l'on

a arraché les mdts au pied de quels le

grand pr8tre avait coutume de répan–

dre. de la

cMcha

et du

zaco;

c'est

ain~i

qu'ils appell ent la farine de mais dé–

layée

d ah~

l'eau bouillante, qu'ils re–

gardent comrne la nourriture des gua–

cas (divin ités). Les fétes qui se célé–

braient dans ces temples, et qui se

nommaient

taquis,

duraientcinqjours.

lis prenaient

a

cette ocr.asion leurs

plus beaux habits, et passaient. tout ce

temps

a

chahter et

a

boire, les uns se

relevant

a

mesure que les autres tom–

baie11t.

n

lis brülaient aussí en l'honneur

d'Ataguju, de la coca, herpe que les

In<liens estimen t beatlcoup. lis sup–

portent de gra ndes fatigues en 1111\chan t

de cette herbe sans prendre autre

chose, et ils prétendent que cela leur

donne de la vigullllr. lis diseht qu e la

fumée de cette plante monte au ciPI et

que c·est pour leurs dieux le parfum

le pll1s agréable. lis la bnllent pour ob–

te11ir une longue vie pour eux, leurs

enfants et leu rs troupeaux. A cette oc–

casion ils tuent aussi des coyes et font

des libations de chicha et de zaco,

comme je l'ai dit plus baut.