P~ROU
ET
BOLIVIE.
379
les profussions de taflleu1·, de cor–
donnier, de
fabri~ant
debas, étaient–
elles inconnues au Pérou, chose assez
digne de remarque.
· Autant la cérémonie du mariage se
fai ait d'une maniere sérieuse et calme,
autant les réjouissances qui accompa–
gnaient le sevrage des enfants étaient
animées et bruyantes. C'était surtout
~uand
l?enfant sevré était uh garcon et
1
alné de la famille, qu'on célébrait cet
événement avcc éclat et somptuosité.
On sevrait les nourrissons
a
deux ans,
et on leur ooupait les cheveux, pour
marquer le commencement d' une pé–
riode nouvelle dansl'existence du jeune
enfant; avant ee temps, on laissait sa
chevelure tout
a
fait intacte. Le jour
marqué pour la cérémonie, tous les
parents se réunissaient, et le pnrrain
donnait le premier coup de ciseaux
(*)
aux cheveux de son filleul.
A
pres lui,
l'instrument passait dans les mains
des autres assistants. et chacun en–
levai t une meche de
la chevelure.
Quand l'enfant était entierement ra é,
on lui donnait un
noñ1,
car jusque-la
il n'en avait portP, aucun. Buls charun
lui offrait q11 elc\ue pré•ent , l'un des
habits, l'autre res br tiau , celui -ci
des armes de diffneute JJature, relui–
lii des va es prél'i
ux.
,
11ivaient des
réjouissances et des festins qui se pro–
longeaient troi s on qoatre jonrs du–
rant. Le sevrage de l'héritier prrsomp–
tif du tr6ne donnni t lieu
a
des cérérno–
nies de
ce gen re' et aune féte vérita–
bl ement
nationalP.Onrnangeait11tl'on
chantait pendant une vingtaine rlejours,
et
le.
prrs~nts
dépo. és aux pieds dure–
jeton royal consistaient en objets d'or
et
tl'~rgent
d' t1ne grande valr.11r.
Les e11fonts étaient élevés tres-durii–
rnent, 11fin de n'en pas faire el e hornmes
efferninés. Les meres poussaient
SI
loin le ri¡¡;orisrne a cet égard, qu'elles
ne prena ient janrnis leurs nourrissons
dans leurs bras, rnl!me pour les allaiter;
(•) 11 serail
plus
jusle de di re le premier
co11¡1
de rasoir, car les Péruviens, ignorant
l'usage des ciseaux, se serva ienl d'une es–
pece de couteau ou de rasoir donl la lame
était faite d'un morceat1 de silex tranchnnt.
elles prétendaient que les cnfants de–
vaient prendre le sein debout; et ava1lt
qu'ils eussent assez de force pour y
par venir, elles se penchaient sur eux,
mais ne les s<iulevafont jarnais.
Les funérailles des Péruviens, du
moin~
celles des simples particuliers,
n'avaient probablernent rien de rernar–
quable, car Garcilasso de la Véga n'en
a den dit dans son ouvrage, d'ailleurs
·si détaille. Quand un Péruvien était
mort, on
lui
repliait les membres
dans l'attitude d'un homrne assis; on
le renfermait ensuite avec tous ses
vetements dans une tombe garnie de
murailles en pierres seche$ et recou–
verte de terre, ou bien, comme cela
se pratiquait sur les
c6tes , dans
une sépulture commune, ou chaque
farnille avait des caveaux funéraires
disposés par étages; quelquefois aussi
on déposa it le défunt dans un lieu
souterrain faisant partir de la maison
meme qu'habitait sa farnille (•). Suivant
Ul l'ua, on
pla~ait
jnsqu'a treote cada–
vres dans oes ton'lbeaux a domicile.
Environné des objets qui lui avaient
appartenu et de vases rernplis de bois–
son • le corps se drs échait prompte–
ment et ne tombait pas en putréfac–
t1on. On en découvre encore aujour–
d'hui qui sont parfaiternent conservés
et
ii
l'état de mom ies, et l'on trouve
dans riuelqu es-ons ele
ces
cavcaux des
vases et des ustensil es qui peuvent
don11er une idée des art de la nation
péruvienne sous
la dornination des
Incas. D'ordinaire,
les cimetieres
étaient com111uns, et toute la tribu
pla~ait
ses morts les uns
a
coté des
autres. Du reste, nous avons parlé ail–
leurs des tombeaux péruviens , et pour
ne pas faire double emploi, nous ren–
voyons le lecteur au passage de
fo
description topographique ou il en
est question.
Certaines tribus avaient coutume
de donner aux tombeaux la
forme
pyramid&le, et de les placer sur les
(*)
M. Stevenson pense, comme nous l'a–
vons dit précédemment, que les Péruviens
pla<¡aient leurs morts dans lenrs maisons,
qu'ils abandonqaieut ensuite.