Table of Contents Table of Contents
Previous Page  463 / 678 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 463 / 678 Next Page
Page Background

PEROU ET BOLIVIE.

381

tance; par exemple , s'il s'agissait

de blé ou de légumes , on plaQait

d'abord le froment, pu is

le seigle,

le_s pois , les

fe

ves, etc... De meme,

quand ils voulaient compter des armes,

ilsm ttaienten premierlieucellesqu'ils

juge.airnt les"'):>lus nobles , c'est-a-dire

les lances, puis les fl eches, les aros,

les javrlots, les massues, les haches,

les fro11des, etc... Pour faire le cl é–

nombrement de

la population,

ils

commenQaient par le

habitants de

chaque ville, Pnsaite ils rnarquaient

la population de chaque province. lis

désignaieot par le prernier

fil

les vieil–

lards de soixante ans et au-dessus,

par le second, les hommes de cin–

quante ans, par le troisieme, ceux de

quarante, et ain i des autres, en des–

cendant toujours de dix en dix ans,

ju. cju'aux enfants a la mamelle. lis

cumptaient les femmes de la meme

maniere, et en suivant un ordre sem–

blable.

Certains petits tils tres-lins et de

meme couleur, mlllés aux cordons,

désignaient des exception au fait gé–

néral; par exemple, les fils de Gette

natu re insérés dans le corClon consa–

cré aux homrnes ou femmes mariés

de tel ou tel fige, indiquaient ce qu'il

y avait eu de veufs 06 de

uve dans

le · courant de l'année; nous disons

dans le courant de l'année, car les

quipo ne servaient qu'a une statisti-

que annuelle.

.

On ob ervait toujours dans les qui–

pos l'ordre de dizaine, c'est-a-dire

qu'on procédait ainsi : dizaioe, cen–

taine, mille, dizaine de mille. On dé–

passait rarement la centaine de mille,

parce que chaque ville ayant son re–

gistre parti cu lier, on atteignait difil–

cilement le chiffre de cent mille. Il

paraiL, du reste, que ce n'était pas

faute ele pou\'oir exprimer

le

nombre

cent mille daos la tangue péruvienne,

ca·r cette langue se prete

á

toutes les

combinaisons d'arithmétique. On pla–

cait en haut Je nombre le plus fort,

é'est-a-dire

la

diznine de mille, et l'on

descendait en suivant la progression.

Tout ce qui élait du domaine du

chiffre pouvait s'exprimer au moyen

des quipos. Les tributs

per~us

pour

l'Inca, le nombre des gens de guerre,

des naissances, des déces, des batail–

les, des ambassades, des ordonnaoces

royales, formaient le contenu de ces

siugulieres archives. l\lais on com-

. prend qu'il était impossible d'exprimer

par des nreuds et par des cordons. les

événements liistoriques, la substance

des édits impériaux et le but des am–

bassades. En un mot

1

tout ce qui est

du ressort exclusif de la parole ou de

l'écriture variée ne pouvait trouver

place dans les quipos. Toutefois,

les

Péruviens avaient

ce~taines

marques

particulieres destinées a conserver

jusqu'a un certain point le souvenir des

actions mémorables et des décisions

les · plus importantes. du souveraio.

Les gnrdieos des quipos étaient d'ail–

leurs chargés d'en a¡Jprendre les dé–

tails par creur, et d'en transmettre la

tradition a leurs successeurs, de, pere

en

lils.

En outre, les

amautas,

ou

pbilosophes, rés11maient sous forme

d'apologue les choses les plus dignes

de mémoire, alin que les peres les

racontas ent

a

leurs enfants, et les

hauts fonctionnaires

a

Jeurs

subor–

donné . Enlií1, les

arovicus,

ou poe–

tes, pretaienli a l'bistoire le secours

de la ve;·sifioatioo, poor mieux incul–

quer dans l'esprit des contemporai ns

et des races futures le sou1•enir des

faits natiooaux les plus éclatants. On

cornprend,

toutefois,

comhien

ce

moyen de propagande historique étai t

défectueux. C'est

a

ce manque de

traditions certaines qu'on doit attri–

buer l'impossibilité d'écrire compléte–

ment, ou du moins avec quelque degré

de certitude, l'bistoire de l'ancien em–

pire du Pérou.

Néanmoins,

1\1.

D'Orbigny c1·oit

trouver dans un passage d'Acosta

(*)

la preuve que les quiµos

(**)

ser\'aient

positivement d'annales historiques.

Voicí ce passage tel que l'a traduit

notre savant compatriote:

(')

Historia nat. de 'las Indias

(1591),

lib.

VI'

cap.

VIII'

p. 266.

e••)

Les di ctionnaires étriveot

9quipus

1

le premier

q

étant tres-¡;uttural.