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382

L'UNIVERS.

«

Pour les différentes affaires de

guerre, de gouvernement, de tributs,

de cérémonie, de terres,

il

y avait di–

vers quipos, et dans chaque paquet de

ceux-ci, beaucoup de noouds et de fils

attachés; les uns rouges, verts, bleus,

blancs, et autant de différences que

nous en

trouvons dans nos vingt–

quatre lettres, en les

pla~ant

de di ver–

ses manieres, pourtirer une aussi gran- .

de quantité de sons; de meme les In–

diens, de let•rs nreuds et couleurs,

tiraient un grand nombre de sign1fi–

cations de choses. " A notre avis, il

ne résulte pas de ce térnoignage que

les quipos pussent tenir compléte–

ment lieu de registres historiques ou

d'archives proprement dites. De l'ex–

rression d'un certain nombre d'idées,

a l'enregistrement de tous les faits im–

portants des fastes cl'une nation, il

y

a

loin assurément. La question serait

tranchée, s'il était vrai, comme l'af–

firme Acosta, que les Péruviens eus–

sent des peintures

hiérogl~·phiques

destinées a cohsacrer s mboliquement

la mémoire des événements les plus

marquants, ou la gloire des hommes

illustres. Mais, a moins de considérer

comme

des

hiéroglyphes queJques ca–

racteres bizarres représentés sur un

monument dessiné par

1\'l,

D'Orbigny,

et publié dans son atlas, nous ne sa–

chions pas que l'existence de ce mode

d'écriture chez les anciens Péruviens

a1t .été prouvée péremptoire1111mt. Si

ce peuple avait connu l'écriture sym–

bolique, il ne s'en serait pas servi

seulement sur ses édifices;

ir

aurait

écrit son histoire sur des tablettes,

sur des parchemins ou sur un tissu

végétal quelconque,comme ont fait les•

Mexicains. Et si cette coutume avait

existé au Pérou, les Espagnols en

auraient a coup sur retrouvé des tra–

ces nombreuses. Alors meme que les

.conquérants eussent anéanti tous ces

documents si précieux, ce qui n'est

pns présumable, le fait aur:ait été in–

failliblement constaté par les chroni–

queurs et surtout par Garcilasso de

la Véga.

fürns croyons done qu'il (aut s'en

tenir a l'explication de ce dernier au-

teur qui, ainsi qu'on l'a vu, borne les

archives péruvtennes a l'usage des

quipos, et l'utilité de cenx-ci a la

constatation des

fait~

les plus simples,

surtout en matiere de statistique.

Nous avons parlé tout a l'heure des

gardiens des quipos.

~o

coofiait,

en effet, la conservation de ces cor–

dons

a

des bommes choisis parmi les

plus prohes et les plus éclairés. Ces

fonctionnaires s'appelaieot

quipuca–

rnayus,

c'est-a-dire

1

préposés aux

comptes.

On en proportionnait le

nombre

a

la population des villes et

des proviqces. Pour si petite que füt

une ville, elle devait avoir quatre qui–

pucamayus. II parait, toutefois, qu'on

ne d6passait pas le nombre de trente.

La raison de la multiplicité de ces

gardiens était tout a fait plausible;

bien que tous les archivistes d'une

meme ville eussent les memes quipos,

et que, par conséquent, un seul aardicn

pt1t suftire a la rigueur, néanmoins,

pour préveair toute supercherie, !'lo–

ca voulait qu'il y en eut plusieurs

dans cbaque localité, disant que, s'ils

étaient en petit nombre,

ils pour-

11aient s'entend1

1

e pour

interprétei;

fausse1J1ent les qui pos, tao.dis que le

mensonge était beaucoup plus diflicile

avec un grand nombre de fonction–

naires; il fa ll ait qu 'i ls fussent tous

fideles ou qu'ils trempassent tous dans

le meme complot, ce qui n'était guere

a supposer. Ces considératio ns mon–

trent combien les Péruviens eux-me–

mes regardaient les quipos com111e

insuffisants et meme dangereux.

Parmi les usages des Péruviens,

nous ne devons pas oublier celui que

rappelle M. D'Orbigny dans la partie

de son voyage qui eoncerne la Bolivie.

1,

A l'entrée de la vallée et

a

la som–

mité de chaque cote, je remarquai sur

toute la route, dit le savant voyageur,

des monticules de pierres plus ou

moins vohrmineux, le plus souvent

surmontés d'une ci;oix de bois et cou–

verts de taches d'une matiere verdá–

t_re; je voul1..os s

avoir

ce que c'était.

J'appris, et j'eus

Ji.eu

de m'en .assurer

plus tard, en les retrouvant sur toute

la partie de la république de Bo)ivie,