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L'UNIVERS.
hauteurs qui recevaient les premieres
les ravons du soleil levant. ·
l.
D'Or–
higny"rt>ncontra sur sa route a travers
les Andes, plusieurs tumuli de cette
e pece. " Avant d'arriver a Paica, dit–
il,
j'avais vu sur la hauteur plusieurs
pyramides de terre. Je les retrouvais
en nombre autour du village. J'appris
bientot que c'étaient des
chulpas
(*),
ou tombeaux des anciens Aymaras,
antérieurs
a
la conquBte, especes d'o–
bél isques de six
a
dix melres d'éléva–
tion, d'un tiers plus hauts que larges,
carrés ou oblongs,
a
pans droits, sur–
montés d'une surface inclinée comme
un toit. lis sont parfaitement orien–
tés, et offrent
a
l'est une petite ouver–
turetriangulaire. Ces tombeaux, batis
av.ecde la terre et quelquefois de la
paille hachée, figur ent a sez bien des
étages de pierres de taille. lis sont
fel'lnés de
toutes parts ;
lor qu'ils
n'ont pas été profanés, leur intérieur
contient plu ieurs corps a sis autpur,
avec des va es et de ustensile oarac–
téri tiques du sexe des d 'funts .... . La
po ition de · chulpa est porfois tres–
pittoresque.
Le
a11cien
indi~énes
ré–
véraient le soleil comrne l'image visible
du dieu Pachacama . Tis croyaiént, des
Jor , placer leurs parents morts dans
la direction la plus convenable, en les
exposant sur le
po111tes des rochers
qui, les premi eres, recevaient, dans
la vallée, les rayons de l'astre fécon–
date11r, pour qu'en entrant dans l'au–
tre vie,
ils pussPnt immédiatement
contempler le soleil.
»
Quant aux funérailles des Incas ,
elles éta ient pour tous les citoyens,
~e
q11 elq11 e rang qu'ils fussen t, une
importante affaire; on les célébrnit
avec pompe, et toute la population
y prenait part. Des que !'Inca était
mort, on l'embuumait, apres avoir
transporté ses vi 1:eres et
es en–
trnill es dans le temple de Ja ville de
tª'!1PU!
situé sur la riviere de Yucay,
~
c!uq heue de Cuzco. Puis le corps
eta1t solennellement déposé dans le
(")
Cliulpa,
ou mieux
cl1111fpa,
veul dire
lombeau
dans
la
langue aymara.
Ce
nom
est cousuCl'é daos toute la Bolivie.
grand temple du soleil, devant l'ima¡te
de cet astre. La, on lui offrait de · a–
crifices comme
a
une divinité. Une im–
mense procession de sujets éplorés et
portant ses armes, ses enseignes, ses
ha bits, accompagnait le défunt
a
sa
1Jerniere demeure. Ses serviteurs et les
femmes qu'il avait le plus aimées se dé–
vouaient
a
la mort , et se lais aient
enterrer tout vivants, pour aller re–
trouver leur mahre adoré dans un
autre monde. Que les victimes mar–
chassent au supplice de leur plein gré
et dans un acces de dévouement fana–
tique, ou bien qu'elles fussent con–
duites a la tombe par contrainte et
violence, toujour¡; est-il que cette cou–
tume barbare faisait périr un grand
nombre d'individus
a
Ja mort non-seu–
lement du souverain, mais encore de
chaque prince ou seisneur éminent. Le
deuil nationaJ duratt un an , et pen–
dant to11t ce temps, la population ne
cessait de donner des marques d'11fllic–
tion, allant 11acrifier deva11t les re tes
embaumés de l'Jnca, fai ant chorus
avec les pleureurs
a
gages, et e ren–
dant en
p·
lerinage aux lieux ou le roi
avait foit halle dans ses guerres ou
dans srs voyages.
Des autres usages des anciens Péru–
viens, nous ne c.iterons que ceux qui
offren t quelque originalité.
ous avons déja parlé de leur ma–
ni ere de compter par nreuds ou
quipos;
voici en quoi consistait cetteméthodede
numération: ils prenaientdes tils dedif–
férentes couleurs; chaque nuance, soit
qu'elle fút simple ou mélangéc, avait sa
signilication particuliere. 'froisou qua–
trefils tordus formaient un cordo11 gros
comme de la Ucr.lle moyenne, et long
d'environ un metre. Tous les cordons
étaient suspendus par ordre
a
une
longue ficelle, et constituaient ain i
une espéce de frange . On juaeait de
la signiUcation de chaque fil par la cou–
leur : le jau ne désignait l'or, le blanc
('argent, le rouge les gens de guerre.
Quand on voulait désigner de choses
dont le couleurs ne fu sen t pas re–
marquables, on suivait un sy teme
particulier : on
classait
les objets
par ordre de
valeur
ou d'impor-