PÉROU ET BOLIVIE.
359
que toutes douze pieds carrés et sept
pieds de hauteur; sur le devant est
percée une porte plus étroite dans
le haut qu'a la base. Les pierres du
devant ont recu la forme de carrés
irréguliers, et elles sontjointes ensem–
ble par un ciment ("). Quelques - unes
des murailles les plus épaisses sont
formées de deux pi erres rapprochées;
l'interstice est rempli de
~etites
pierres
et de cailloux cimentés a l'aide d une
argile rougeatre, qui a fini par former
une masse si solide, gu'elle est pres–
qu'aussi dure que la p1erre. Le ciment
employé pour joindre les pierres était
sans aucun doute de l'argiledétrempée;
mais on en employait une si petite
quantité, qu'on a cru que les blocs
étaient tout simplement placés les uns
sm les autres; en quoi l'on s'est évi–
demment trompé(**).
" Toute cette construction pouvait
contenir au moins
S,000
familles
\***),
mais on ne peut deviner a quel usage
elle était destinée. D'apres certaines
traditions assez vagues, c'était un pa–
lais ou une maison de réception pour
les Incas daos le cours de leurs voya–
ges; mais cela n'est guere probable, car
le batiment en que tion s'éle,•e a une
lieue, tout au plus, de la grande route
fréquentée par les locas ' et
a
cinq
lieues de Caxamarca. D'autres préten–
dent que c'était le grenier général de
cette partie du Pérou au temps des In–
cas ; mais a cette assertion on peut
opposer une objection de meme na–
ture; car le lecteqr a déja vu qu'il exis-
· tait des restes d'un grenier d'abon–
dance sur leterrain d'uneferme voisine
de Caxamarca; ces especes de maga-
(") Si
le voyageur anglais ne s'est pas
mépris, c'est
Ja
un fait remarquable , car
ju c¡u'il présent il n'avait été question , au
.Pérou, que d'édifices construits de pierres
irrégulieres
sans cimmt.
(..) Nous ne sa\•ons jusqu
1
il que! point est
fondé ce démenti donné
a
une opinion qui
parait basée sur une observation attenti've
et réitérée.
(..") M. Stevensonexagere probablement,
car cinq mille familles,
a
quatre individus
se11lement par famille , repré entent un to–
tal
de
20,000
Ames.
sins sont tres-reconnuissables, c;ir ce
ne sont que des citernes tapissées de
murs de pierre. 11 me parait beaucoup
plus vraisemblable que ce fut Ja rési–
dence du Chimu dr. Ghicuma, pendant
qu'il habitait l'intérieur du pays et
avant de devenir sujet de l'lnca Pa–
chacutec. Le sommet de la montagne
a été évidemment occupé par des cons–
tructions plus grandioses, car d'apres
la ligne encore visible des fondations,
les appartements et les cours de cette
partie de la vil le étaient beau¡:oup plus
spacieux que les chambres et les espa–
ces libres des
ran~ées
inférieures.
" Quatre chemms principaux con–
duisent de la base au sommet de la
montagne, et correspondent aux quatre
points cardinaux ; au moyen de ces
chemins, ou de ces rues, les habitants
pouvaient passer du toit de leur mai–
son chez leur voisin
¡
ils pouvaient
meme peut-etre parcourir toutes les
rangées d'habitations au moyen de
pont jetés sur les points d'intersection
des rues. Sept promenades auraient
ainsi existé, indépendamment des rues
ciraulaires.
" Le propriétaire de ces ruines, don
Thomas Bueno, croyait que c'étaient
les restes d'un ancien temple, et se
plaisait
a
supposer que quelque gros
trésor était caché dans cette mysté–
rieuse enceinte.
«
On n'apercoit sur ces construc–
tions aucune trace de sculptures déli–
cates; seulement quelques pierres of–
frent des arabesques plus bizarres que
gracieuses.
11
est évident, aussi, que
l'architecture dont ces ruines sont un
si curieux échantillon, n'avait ríen de
l'élégance qui distingue l'architecture
grecque et romaine. Ce qu'il faut ad–
mirer foi, c'est la prodigieuse habileté
des bommes qui ont extrait de la car–
riere, taillé, transporté et mis en place
de si énormes blocs de pierre , tout
cela saos machines et saos instruments
de fer.
" Daos le voisinage des ruines , on
voit un petit lac ou
Laguna,
qui a
donné son nom a toute la localité cir–
convoisine ; il est de forme 'Ovale et
a
900
metres de longueur sur
650
de