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L'UNIVERS.
pris a tache d'en faire disparaitre les
traces.
Les autres choses dignes d'attention
a Cuzco, sont les bains qui fournissent
de J' eau chaude et de l'eau froide; les
vestiges d'une large route pavée, .cons–
truite par ordre des Incas, et qm con–
duisait jusqu'a Lima ; enfin,
le~ reste~
de plusieurs passages souterrams qui
unissaient Je palais des Incas
a
la for–
teresse ; les murs de ces souterrains
étaient tres-rapprochés et tres-has, de
fa~on
a
ne laisser passer' dans certains
endroits, qu'une seule personne de
front.
Cuzco est encore la seconde ville
du Pérou; on
y
compte de quaran–
te
a
quarante-cinq milfe habitants.
Quand l'armée libératrice
y
fit
son en–
trée, dnrant la guerre de l'indépen–
dance, les habitants de race indienne
témoignerent leur joie par des fetes
solennelles; et ces divertissements
avaient pour eux d'autant plus de
prix, qu'i ls avaient toujours été pro–
hibés par les E pauno ls
a
cause des
allusions qu
1
on
intiroduisait au re–
gne et
a
la puissance des Incas. Ríen
de plus curieux que les processions
qu'ils condui saient tous les jours par
la ville; leurs masques singuliers, leur.
costume grotesque et bariolé de cou–
leurs éclatantes , les plumes d'autru–
che dont ils s'affublaient, leurs ins–
truments de musique consistant en
tambourins, cornemuses, fh1tes
a
Pan
et
tambours, leurs chants mélancoli–
ques, leur physionomi e attri stée, leurs
danses si bien appropriées, par leur
ca ractere sérieux, aux souffrances que
ces pauvres gens ont endurées pen–
dant des siecles, tout cela formait un
spectacle élrange et de nature
a
frap–
pe1· le voyageur d'étonnement.
A
vingt lieues
a
l'est de Cuzco com–
mencent les territoires habités par les
tribus
insoumises. Le diocese de
Cazco s'éteM vers le sud jasqu'aux
rives septentrionales du Jac Tillcaca ,
et comprend les provinces de· Lampa
et de Caravaya dans le département
de Puno, si riche en métaux précieux.
Vers le sud-ouest,
il
embrasse la pro–
vince d'Aymaras, et, jusqu'en 1609,
Ja ville d'Arequipa en a fait partie. Au
sud de Cuzco, et
a
l'est du lac Ti ticaca,
s'étend la plaine de Tiahuanaco, ou
l'on voit des ruines qui offrent le
meme caractere que
les
anciennes
murailles de Cuzco, et qui éton–
nent par les dimensions des maté–
ri aux
(*) .
Ces édifices antiques parais–
sent n'avoir jamais été terminés;
a
l'arrivée des Espagnols, les indigenes
en attribuaient la construction
á
des
hommes barbus qui habitaient le bord
des cordilleres bien longtemps avant
la fondation de l'empire des Incas(**).
Lac Titicaca.
Nous avons parlé de
ce lac célebre qu'on ·rencontre au sud
de Cuzco. Nous allons en placer ici la
description :
Le lac de
Chuquito
ou
Titicaca
est
situé entre les deux cordilleres, et se
trom·e complétement enfermé par les
montagnes qui le bordent. 11 a 240
milles anglais de circu it , et une pro–
fond eur qui , daos quelques endroits,
n'es t pas moindre de 480 pieds. Il re–
~oit
plusieurs rivieres, mais son uni–
que écoulemcnt a lieu par le
Desaguá–
dero,
espece de canal naturel qui le
fai t communiquer au lacParia (***). Qn
suppose que les eaux out des fuites
souterraines qu'íl a été jusqu'a présent
impossible de constater. Les tempetes
qui soufflen t souvent du coté des An-
(•) Voir plus loin le t:ableau des
tribus
iudigimes du Perou.
(..) Humboldt.
(...) Le lac Paria a qualre lieues de
longue~r
extreme sur denx de largeur,
et quo1que ses eaux ne soient: }las tres–
douces, il abonde eu excellenl poisson.
_
Alcedo affinne que l'eau de ce Jac se fraye·
un pas;age soulenain vers la mer par-des–
sous la' Cordillere. En 1748, dit·il , le ni–
vean s'éle1a considerablemenl, ce qui lit
penser que l'om•e1·ture souterraine était: en–
combrée par quelques vieux radeaux des
anciens Pérnviens qui avaienl autrefois coulé
a
fond <lans une tempete; peu de lemps
apres , on vit les eaux reprendre leur niveau
ordinaire , ce qui confirme celte opinion.
Un semblable phénomen.i s'observe, du
reste, clans les lacs de Melapa
et
d'Atitan,
euclavés dans le terriloire de la ré¡rnblic¡ile
<le Guatemala.