PÉROU ET BOLIVIE.
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"L'es modes francaises sont suil'ies,
a
Lima, par les gens du grand monde.
·n
regne, dans cette capitale, beau–
coup
el~
luxe, ele toilette et de propreté.
Les femmes sont, en général , petites,
grac·eu e et fort spirituelles; presque
tout s ont des traits remarquablement
fin
, 'de fort beaux yeux, de belles
dent bla¡rnhes, qu'ellesconservent long·
temps, et eles cheveux noirs, magnifi–
ques, et
a
profusion, qui tombet1t
SUl'
la terre. Elles ont encare le pied petit
et bien fait, le bas de la jambe fin;
mais elles ont le teint des filies elu so–
leil , d'une nuance blanche , inclinant
un peu sur Ir jaune, et sRns couleurs.
On ne peut di re quel e
t
précisément
le charme de cette complexion; mais
il est tres-grand, et il y a incontesta–
blement de tres-jolies et tres-agréables
femmes
a
Lima. L'éducation autrefois
n'était point aussi répandue qu'elle
l'est aujourd'hui, surtout au Chili, ou
elle est encore plus générale qu'au Pé–
rou; elle
y
a aus i plus d'étendue. Peu
de jeunes persQnnes, a Lim¡i , sa l'ent
d'autre langue que l'espner nol ; p u ont
tres-fortes musiciennes, et inli111ment
peu s'occupent de lecture ou de tra–
vaux d'aiguille. Les femmes ¡\gées,
n'n)•a nt rec;¡u aucune éduc;i ti on , ont,
dnn
leur enfance, pTis, comme pa
e–
temps,. l'habitude de fumer.
.T
eu11es,
elles fumaoent des. cigaritos; en avan–
rant en §ge, les cigares ont, comme
elles, grandi avec le
années
j
j';ii
Vll
des femmes ilgécs qui fu¡naient des
cigares gros comme des bou cries. Les
ci"ares cepenrlant ne se fum nt pas
d'une seule fois; ces clames font dtJrer
le plaisir plusieurs jours, quelquefpis
une sema111e et plus.
" Ln mise des femmes est élégante et
tre -
recherchée; elles sont tou1ours
coi ffées en choveux, avec des fíeurs
naturelle ; ell
ne portent que des
has de soie
t.
eles souliers de satin,
dont elle font une con ommation rui–
n u e.
ne elégnnte ne peut portef
que des bas et des soulier neufs. Lors–
que les dame sortent pour faire des
Yisites ou pour
S!J
promener, elles ne
vont qu'en voiture, lor qu'elles sont
dans le oostume dont nous venons de
parler; mais, quand elles sortent
a
pied ,
a
ce premier costume elles en
ajoutent un autre, qui se met par–
dessus, et n'est pas rnoins singuliet•
que nou'\Ulau pour nous; il n'est en
usage qu'au Pérou, et la, seulement
dans les villes de Lima, d'Aréquipa et
de Truxillo. Ce costume original est
celui que l'on prend pour fairti des vi–
sites le matin. pour aller a l'église
ou pour courir les boutiques; il se
nomnrn la
,wya
ou
saya manto.
Cette
toilette est composée de deux pieces
principales : l'une, qui est
la
jupe
(saya)' prend la taille
a
la ceinture,
et descend jusqu'a la cheville du pied;
cette jupe e t en étoffe de soie, <fune
couleur quelconque, et elle est plissée
depuis le haut jusqu'en bas ; les plis
sont tenus ense111ble par des fils qui
les rnaintiepnent, sans, tontefois, em–
pecher l'élasticité de ce vetement, qui
est tres-étroit, et prenrl si exactement
les formes, que les jambes ont tou–
jours J'air d'etre
attachées; elles sont
i serrées, qu'il
fo.utfaire effort sut·
!ajupe pour avancer le_pied, et marcher.
La
econdti partie de ce costtJme est la
mante
(et
manto);
elle prend ógnlc–
ment
a
la taille, ot1 elle est arn'!tée
ª''C(}
uq oordon, sur lequel elle est
froncée
a
coulisse; elle
1
1
evient par der–
ri ern, au-dessus de la tll te qu'elle cn–
veloppe, ainsi que la partie supérieure
du bra ; rhaque main tient up des
bords de cette partie de la mante qui
sert de l'Oile, et e croi e sur la fi¡¡nre,
de
m ani ere~
ne lai ser l'oir qu'un oojl.
Le
manto
est toujours en soie noire,
quell e que soit la couleur de la saya.
Le¡¡ femme , dans ce co tume, ne p-eu–
vent étre reconnue ; c'est une espece
de mascarade continuelle,
oa1•,
so11s ce
déguisement, on peut leur parler sans
qu'ell es se forrn alisent; elles semblen t
ainsi empaquetées comme les figurines
que l'on trouve dans les tombeaux d'i1:–
gypte; elles ne peuvent marcher qu'a
tre -petits pas, ce qui, lorsqu'elles vont
vite, leur donne une tournure et des
mouvements tres- extraordinaires, et
fort amusants pour les voyageurs qui
arrivent et ne connaissent pas encare
ce singulier accoutfemcnt. Cet usage,