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PÉROU ET BOLIVIB.

345

Pendant son séjour daos la capitale

du Pérou,

l\f.

Stevenson vit deux in–

dividus publiquement chlltiés par l'in–

qnisition , l'un pour avoir célébré la

messe sans avoir

re~u

l'ordination;

l'aut)¡e pour s'etre mClé de prophéliser

et s'étre livré

a

la sorcellerie; apres

avoir ubi leur peine·, ils furent con–

damnés

a

servir dans les bopitaux

pendan t tont le temps qu'il plairait

au saint-office. On dit qu e le vice-roi

Ca telforte fut un jour accusé

et

man–

dé par l'inqnisi tion.

JI

se rendit de–

vant le tribunal, suivi de ses gard es du

corps , d' une compagnie <l'infanterie

et de·deux pieces d'a rtilleri e qu'il

fit

braqner sur la porte de la prison.

JI

entra, et plac;;an t sa mont1·e sur la ta–

ble , il dit aux inquisiteurs qu e si )'af–

faire n'était pas Melée en une heure

de temps , la maison serait détruite

de fond en comble, car te! était l'ór–

dre qu'il avait laissé au commandant

du détachement. Cette menace suffit;

les inquisiteurs quitterent brusque–

ment leurs siéges et accompa"nerent

poliment le vice·roi jusqu'a la porte,

trop heureux quand il

virent le

ta–

lons de Son Excellence et de sa e<lo u–

table escorte.

. Reprenons la descríption de Lima:

" L'hdtel de la monnaie est un bel

établis ement tres-vaste;

les

usines

y

sont d'anciennes constructions ; les

balanciers ont mis en mouvem ·nt par

un courant d'eau.

" La salle de spectacle de Lima, si–

tuée au milieu de Ja vi ll e, pres du con–

vent de Sa int-Augustin, n'a , de l'exté–

rieJJr, aucnne apparence;

a

l'i ..-::érieur,

elle es t bien coupée; les loges sont

commodes, et le parterre est garni de

b.:rnquettes. Cette salle fait exception

a

la regle : la scene est sur un des

grands cotés de l'ellipse; cette dispo–

sition lui donne un grand développe–

ment et ell e est tres-avantageuse pour

jou er les

saynetes

e·);

le

spectateurs

sont mieux placés pour voir, et je ne

me suis pas

aper~u

que racous tique

y

e·)

Inlc1•mcúes d

coméd ies ) pnrades

dans lesquellP.s il

y

u souvent un ¡;rand

nombl'e

de

personnages.

perd1t beaucoup. Le thélitre de Lima

est peu suivi : sous ce délicieux climat

la promenade est souvent préfürée.

Les femmes qui vont au spectacle font

toilette pour aller dans les loges; elles

vont en

saya

au parterre ou t!lles sont

toujours en tres-grand nombre. Pen–

dant les entr'actes il est permis de

fumer; des que le rideau tombe, on

voit tous les amateurs tirer Jeurs

ci–

gareros

(porte-cigares), battre le bri–

qu et et fumer. Les femmes leur tien–

nent compagnie et fument aussi ; il

faut excepter cependant celles qui snnt

dans les loges; si elles en ont !'habi–

tude , elles la cachent du moins en

public. La population de Lima préfe re

les combats de taureaux ·it tous les au–

tres spectacles , et,

a

leur défaut, elle

aime encore mieux les combats de

coqs que tous les autres amusement.s.

II y avait

a

Lima un opéra italien assmi

bien composé , mais

les artistes

y

mouraient de faim, car ils étaient

sans public , ce qui les a décidés

a

partir pour la Chine, ou., ils espé–

raient trouver des oreilles mieux dis–

posées

a

les écouter. " Certes le lec–

teur européen. ne se sernit

jam~is

douté qu e des chanteurs italiens eus–

sent cboisi la Chine pour théafre de

leurs roulades. Le fait nous a pam si

original, que nous n'avons pas voulu

le supprimer.

Le cimetiere de Lima e&t dl1 au vi–

ce-roi Abascal. ll est connu sous le nom

emphatique de

Pantliéon ,

Situé hors

des nwrs,

il

est assez vaste pour con–

tenir sans déménagern ent tous lesmorts

qu'on

y

apporte dans l'espace de six

ans, C'est un enclos ca rré, divisé en

plusieurs parties par des murs percés

de ni ches destinées

a

recevoi r chacune

un corps. Ces ni ches sont en double

rangée; il en est toutefois qui ont jus–

qu'n huit étages superposés. Les allées

sont plantées d'arbres aromatiques au

feui llage touJours verdoyant. Au cen–

tre du cimetiere, on voit une petite cha–

pelle ou plutot un autel abrité par un

toit. Cet autel es t octogone, de sorte

qu e huit pretres peuvent dire l'oflice en

mérne temps.Les corps sont placés dans

les ni ches, les pieds en avant; s'ils sont