346
L'UNIVERS.
dans un cercueil, ce qui est rare, ex–
cepté dans la classe riche, on enleve le
couvercle, et l'on jette sur le cadavre
une certaine quantrté de chaux vive qui
Je consu111e en peu de temps. Les morts
sont transpoFtés dans des corbillards
appartenant au Pantbéon. Le transport
est intr.rdit dans les rues passé l'heure
de midi
(*).
Cette maniere d'enterrer les morts
offre des inconvénients faciles a appré·
cier; un autre usage suivi a Lima ré–
volte encore plus les sentiments de
J'homme civilisé : nous voulons parler
de l'habitude ou l'on est de jeter par–
dessus les murs du cimetiere les cada–
vres des malheureux trop pauvres pour
laisser a leur famille le prix d'un cer–
cueil. Ces corps, la plupart du temps
a
moitié putréfiés, gisent sur le sol jus–
qu'a ce que les fossoyeurs veuillent
bien s'occuper de leur donner la sépul–
ture. Souvent en parcourant, dans la
matinée, le Panthéon de Lima, l'étran–
ger se heurte
a
ces tri tes dépouil–
Jes, étendues sur le gaz n, ni plus ni
moins que si c'étaient des dadavi;es de
chiens
(**).
«
11
n'y a qu'un seul pont sur le Ri–
mac; il est en pi erre; les piliers sont
élevés au niveau du tabller, et les pa–
rapets non interrompus suivent la par–
tie extérieure de ces piliers, ce qui
forme autant d'especes de redans qui
sont entourés de bancs en pierre et
servent
a
l'agrément des promeneurs,
lorsque, le soir, ils viennent fumer et
prendre le frais sur ce pont, d'ou la
vue que l'on a sur le Rimac est tou–
jours tres-pittoresque, soit que l'on
regarde, en remontant la vallée , les
montagnes qui l'enoaissent, soit que
l'on tourne la vue vers l'ouest, ou l'on
découvre, an dela de l'embouchure de
la riviere, une
pe~ite
parti ede la pleine
mer; de ce coté, l'on apercoit encore,
lorsque leRimac n'est pas trop gonflé,
la chute d'eau qu'occasionne l'élévation
du radier du pontsur le lit du torrent.
Lorsque les eaux sont basses , cette
nappe d'eau a environ un metre d'élé-
(*)
Ste,•enson, vol.
I ,
p.
28
c.
(*•)
Matbison, p.
247.
vation, et en tout temps la différence
de niveau donne lieu
a
un bouillonnfl–
ment des eaux qui augmente l'intérét
du tablean que l'on a sous les yeux.
" Dans le faubourg de l\Ialambo, il
y a aussi plusieurs belles promenades
publiques bien plantées. L'une suit les
bords du Rimac en remontant vers su
source; elle se nomme Alamedita Nue–
va
(*) ,
pour la distfnguer de l'
Ala·
meda Vieja
qui est plantée d'orangers
et décorée de trois belles fontaines.
Cette derniere promenade, située au
milieu du faubourg de l\falambo, est
sur le chemin qui conduit aux
Alarnan–
caes
(..
).L'
AlameditaNueva est,comme
toutes ces promenades, limitée par des
acequias qui passent au pied des ar–
bres. Le long du Rimac regne un pa–
rapet; du coté opposé ce sont des mai–
sons dont on ne voit, sur une partie
de Ja promenade, que le mur auquel
elles sont ado sées. Ce mur a été re–
crépi et peint a fresque; les peintures
représentent pin ieurs tableaux , tou–
jou!'S sur le ineme sujet, qui est oelui
du monde 1•e1we11sé. Dans !'un d'eux
on voit deux chevaux qui, montés sur
deux
homme~
, rompent une lance ;
dans un autre, c'est un poisson qui pe–
che un homme
a
la ligne; c'est un lie–
vre qui fait rotir une femme
a
labro–
che ; une sooiété qui se promene sur
les mains, les jambes en l'air, et beau–
coup d'autres représentations de ce
genre, dontj'ai perdu le souvenir. Tout
pres de oette promenade, en faoe du
rond-point qui en forme le milieu, on
trouve le Cirque; il est grand et peut
facilement contenir de huit a di¡r mille
speotateurs
(***).
" La société de Lima et celle des au–
tres parties de
1'
Amérique se rappl'O·
chentbeaucoup de celle d' Europe, on y
trouve des personnes remarquables par
leur instruction, leurs manieres et leur
tenue.
(*)
Petite promenade neuve.
(**)
om que l'on donne
a
une pelile fleur
jaune qui croit sur la montagne· de Saint–
Christophe, oü se tient une foire qui ne
dure c1ue ce que durent ces fleurs, quelques
jours.
(*..)
Voyage de
la Yému.