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344

L'UNIVERS.

en cleux fragments de roseau réunis

~t

li és

a

leur extrémité. I.'instrument mis

dans la bouche, ouveTt par le milieu

et fix é par

de~

li ens qui. s'at,tachai.ent

derri ere la tete, pressait necessa1re–

ment la langue et Jui interdisait tout

mouvement.

"

ous trouvames dans un tiroir

une grande quantité d'écrous

a

doigts;

c'étaient de petits anneaux en fer,

semi - ci rcul aires, ayant un écrou a

chaq ue extrémité, ele tell e sorte qu'ils

pouvaient etre fix és sur les doigts et

vis és

a tel degré qu'on voulai t ;

meme jusqu'a écraser les ongles et a

broyer les os. En contemplant ces ins–

truments de

torture, qui pourrait

troúver la moindre excuse en faveur

des monstres qui les faisaient servir

a

la propagation et a la glorification des

préceptes si doux et si charitables pre–

chés par le divin J ésus? Puisse celui

qni ne les accable pas de ses malédic–

tions, tomber entre leurs mains im–

pitoyables

! ,,

La gene. et le pi lori furent bientot

détruits ; telle été\it la í'ureur des cent

et quelques pe1·sonnes qui araient fait

irruption dans ces lieux maudits, que

ces instruments, eu sent- ils été de

fer, n'auraien pas résisté a l'assaut

énergiqu e que leur li vrerent les assis–

tants.

" 11 y avait ¡Jans un coin un cheval de

bois peint en blanc. Nous crumes d'a–

bord que c'était un instrument de sup–

plice, et, en une minute, il fut mis en

pi eces. l\lais j'ai su clepuis la destina–

tion de ce cheval: une victime de l'inqui–

s1tion, qui avait été brul ée, fut, qu elque

temps apres , reconnue innocente des

crimes qu'on lui avait imputés; en dé–

dommagement de sa mort, son inno–

cence fut publiquement proclamée , et

son effigie , vetue de blanc et placée

sur le cheval en questio n, fut promenée

en gra nde pompe dans les rues de

Lima. Quelc¡ues personnes m'.ont dit

qu e le cond amné fu t bn11é dans cette

capitale; d'autres affirment qu 'il fut

supplicié en Espagne, et que, en vertu

<l'un décret de l'inquisiteur général,

cette indigne comédie se joua clans

toutes les possessions espagnol es oü

existait un

tribunal d'inquisition.

" Nous courumes ensuite aux cel–

lul es, mais nous les trouvámes toutes

ouvertes et vides; elles étaient petites,

mais ne nous parurent pas trop in–

commodes comme prison. Quelqt1es–

unes attenaient

o

une petite cour;

d'autres, plus soiitaires, étaient pri–

vées de cet es pace ouvert. La derniere

personne que l'on savait avoir été em–

prisonnée dans ces 'cabanons , était

un officier de marine, Andalou de

nai ssance, et qui fut exilé en

1812

a

Boca-Chica .

" Apres avoir visité tous les coins

et recoins de cette mystérieuse prison,

nous nous retirames vers le soir, em–

portant livres, papiers, fouets, ins–

truments de torture, etc. Plusieurs

de ces objets furent distribués

a

la

porte, notamment les mouchoirs im–

pies. Le lendemai n, l'archeveque con–

voqua les fid e!es

a

la ca théd rale et dé–

clara excomrnuniés,

velut participan–

tes

,

tous ceax qui avaient pris et qui

garder:iient en leur possess ion quoi que

ce füt !qui etlt a¡>partenu

a

!'ex-tribu–

nal cl'inquisition. Effrayés par cet ana- .

theme , plusi eurs des pillards resti–

tuerent ce qu'ils avaient pris; qa ant

a

moi , je gardai ce qui m'était tombé

entre les mains en dépit des flammes

infernales dont le saint archeveque

avait menacé

renitentes

et

ref'inentes.

" Les étrangers qui visitent Lima se–

ront peut-etre bien aises d'::ipprendre

que l'end ro it ou l'on brUlaít les mal–

heureuses victimes de l'inquisition est

proche de la

plaza del Toro,

et que

c'était

a

la porte de l'église

de

los

De–

samparados

(des Abandonnés) qu'on

les

livrait

~ ux

bourreaux pour

les

conduirc au bucher

(*) . .,

A ces cl étai

ls , n

ous en ajouterons

d'autres assez

cu.ri

eux: depuis la créa–

tion de ce tribunal , en

1570 ,

qua–

rante individus furent brulés

a

Lima;

cent vingt condamnés échapperent au

supplice par une rétractation solen–

nelle. La derniere person nequi fut mise

a mort était une femme nomlnée

Cas–

tro,

née en

t

761,

a Tolede en Espagne.

(') Stevenson, mi.

J,

p.

26?·276.