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P~ROU

ET BOLIVIE.

343

vélation , je leur dis, peu de temps

apres, ce que j'avais Ju. Une grande

quantité de livres défendus était ren–

fermée dans la merne charnbre, et

plusieurs trouverent des propriétaires

empressés. A notre grande surprise,

noús

y

découvrimes une masse de

mouchoirs de coton imprimés. Ces

mouchoirs avaient, hélas

!

encouru le

déplaisir de l'inquisition, a cause d'une

fi gu re de la religion placée au centre,

laquelle tenait un enlice d'une main,

et une croix de l'autre; cette image

avait été placéé la par quelque manu–

facturier étourdi, qui avait pensé que

cet ernhleme de dévotion assurerait

des acheteurs a ses mo"uchoirs, et qui

n'avait pas songé au scandale de se'–

.moucher et de cracher sur Ja sainte

croix. Pour prévenir un pareíl crime,

le pieux tribunal avait acheté la poco–

tille en masse, se dispensant d'en payer

le prix au propriétaire, qui del'ait s'es–

timer trop heureux de ne pas voir

toute sa boutique confisguée par le sa–

cré collége.

"-' " 'Nous

entr~mes

ensuite, toujours

par violence, dans une autre piece,

qui, ainsi que nous Je reconoilmes

avec un étonnement mili' d'indigna-

. tion, était la salle de torture. Au

centre il y avait une forte table :iyant

huit pietls de long sur sept de large ;

b

chaque extrémité l'on voyait un col–

lier de fer, s'ouvrant par le milieu ho–

rizontalement et destiné a recevoir le

cou de la victime. De chaque coté du

collier étaient de fortes courroies gar–

nies de boucles pour fixer les bras pres

du corps; sur les cotés de la table'

on voyait d'autres courroies égale–

ment garnies de boucles, pour main–

tenir les poi$nets; ces attaches cor–

resllOndaient a des cordes placées sous

la

·ablc et amarrées s11r !'axe d'une

l'OUC

horizonlale;

a

]'autre bout étaient

des

liens pour les pieds , avec des

cordes éga lement fixées sur la roue.

JI

était évident qu'on pouvait étendre

un homme sur la table, et , en fai–

sant tourner la roue , luí tirer les

membres dans toutes les directions,

sans craindre de le tuer, mais avec la

certitude de lui disloquer toutes les

articulatious. Apres avoir découvert

l'usage infernal de cette machine, cha–

cun de nous frissonna et jeta involon–

tairement un regard sur la por-te d'en–

trée comme s'il etlt craint qu'elle ne se

fermfit sur lui. D'abord on murqrnra

des malédictions ; mais bientélt ces

murmures se changerent en impréca–

"tions furieuses contre les inventeurs

de ces tortures et contre ceux qui les

appliquaient; en meme' temps' on bé–

nissait les cortes pour avoir abolí ce

tribunal bnrbare et tyrannique.

" Nous examinfünes ensui te un

pí,

lori vertical pincé contre le mur; on

y

npercevait une

~rande

ouverture et

deux plus petites. I•:n brisant la moitié

de cet instrument de supplice, nous

vimes dans la muraille des t.rous <Jui

nous en firent devi'ner la destination :

un condamné ayant le cou et les poi–

gnets fixés dans les trous du pilori , la

tete et les mains cachées dans la mu–

raille, pouvait Ctre flagellé par les

freres lais de Saint-Dominigue sans

etre 11econnu par eux ; de ¡.:ette

fa~on

on prévenait toute découverte ulté–

rieure. Des fouets de différentes es–

peces étaient suspendus

a

la mu–

raille; quelques-uns étaient en cord s

nouées et portaient des marques de

sang; d'autres étaien t en

fil

de fer

armé de pointes semblables a cell es

d'un éperon; ceux-la étaient éga lement

souillés de toches sanglantes. Nous

v1mcs aussi des instruments de torture

faits en

111

de fer tressé; chaquc maille

était armée d'une pointe longue d'en–

viron un huiti eme de pouce et tournée

en dedans; l'extérieu r était cóuvert de

cuir et offrait des lanieres au moyen

desquelles on attaohait le terrible ins.

trument.

11

y

en avait d'assez grands

pour etre mis autour c;lu corps, d'au–

tres s'adaptaient aux cuisses, aux jam–

bes et nux bras. Les murs étaient aussi

ornés de chemises de crin qui ne de–

vnient pas etre un vetement l.lien com–

mode apres la fla gellation; d'ossements

humains arrnés a chaque bout d' une

corde, pour bfüllonner ceux qui fa i–

saient un usage immodéré de leur lan–

gue; de pinces de roseau affectées au

meme office. Les pinces consistaient