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GtJA1'BMAtA.

289

siecle

li

une é1lerg1e mel ée

a

une sim–

plicité qui rend la pensée ou l' image

dnns toute sa vérité et dans toute sa

force.

" En cette maniere, dit Je pieux

m1ssionnaire , l'on vend les In–

dien , cllaque semaioe, comme des

esclaves, pou r tl eux sous six deniers

char.un,

sans qu'ou leur permette le

soir rl'all rr voir leurs fe111111 es, quoi–

que leur OUITage ne oit paS

a

111i1Je

pas du vill age ou ils demeurent; mais

ll y en a d'autrns qu'on mene

a

trois

ou qu ntre lieue au dela, et n'oseraient

s'en rrt nurner qu e le samrdi au soir,

apres avo ir exé.euté tout ce qu 'i l aura

plu

a

leur rna1Lre de leur COllllllan–

der... ..

11

n'y a pas de bon chréti en

qui ne

füt

toucl1é de doul eur de voir

comme ces pauvres mi sérables sont

mal traitez par certílins espagnols ,

pendnnt la semaine qu 'ils sont

a

leur

service. 11 y en a qui vont abu ser de

leurs fe111mes, lorsqur leurs pnuvres

nrnris sont occupez

a

1;11.Jourer la terre;

d'autres qui leur clonnent le fou et,

pare¡: qu 'ils leur semhlent trop papes

seux

il

travailler, ou qui leur clonnl'n t

des coups d'épée, ou leur cas ent la

tete pour s'etre vouh1 ex u er Gontre

lenrs reproches, ou leurd érobe11t leu rs

outil~,

ou les pri veni ct'un partje ou

clu total de leurs gages. J'en connais–

sais qu elques- uns qui a1•aii'ot ac 'OU–

turné lorsqu'ils ava ient semé leur fro–

rnent , ei qu' ils n'avaient presque plus

affaire dPs lnrliens, de reten ir chez eux

tous r·eux qui leur ava ient été donnés

pour lt'urs fe l'mes , et sachant bien l'af–

fection qu e ces pauvres gens avaient

de retuurner r n leurs fa milles, apres

-leu r amir fa it couper du bo is, le

Jundi et le mardí , lem demandairnt,

le mercredi , ce qu' ils leur vo ulaient

donner pour les laisser aller, et ainsi

en ex1geaient des uns un e réa le, et des

nutres deux ou trois, de sorte qu' ils

se fesaient non-srulement fo urnir de

bois pou1· leu rs ma isons, ma is ils en

tiraient auss i assez d'arp;ent pour

acheter de la viande et du chocolat

pendant q11in:te jours, vivant de la

sorte oi sivement aux dépens de ces

pauvres Indiens..... lis fo nt porter

a

19º

Livraíson.

(G UATEMAU .•)

ces pauvres misér;ibles, un jour ou

deux, sur le dos, rles malles qui pesent

cent livres, en les attachant avec des

cordes de chaque coté

a

la ceinture.

et passant liur le front une large cour–

roie de cuir attachée

a

la malle' qi1i

fait que toute la pesanteur de ce far–

deau tombe sur leur front, au-dessus

des sourcils", qu'ils ont la plupart

du ..

temps trllement marqués, qu'ils rnnt

aisés

a

d1stinguer des autres habitants

des villages, et parce aussi que cette

ceinture de cuir leur mange tout le

poil et les rend cha uves sur le devant

dr la tete... .. J'en ai connu qu elques-

. un q11 i, apres etre revenus du service

des Espagnols, dont 1ls n'avaient rei:u

pour tout salaire que des coups et des

blessures, venaient se mettre au lit,

résolus de mourir plutot que de mener

plus longtemps une vie si pl eine de

mi seres , et rerusaient tous les aliments

que leur femme leur présentait., ai–

mant mieux se laisser mourir de faim.

qu e de mener une vie si malheu–

rense. "

ous n'ajouterons rien

a

cette pein–

ture si na"i ve. et si vr-aie.

Voila ce qufl les Espagnols al'aient

fait des A111éricai ns un siecle seulement

a,pres la conquete

!

ll parait qu'ils ne traitaient guere

mieux les créoles. Quant

eux-memes,

ils sembl aient se soucier peu de ce qui

pou vait don ner

a

leur domin ation la

force et la du rée. lis se li vra ient avec

fureur aux vices les plus honteux. Le

libertinage le plus éhonté

ré~n a it

dans

toutes les villes de la capita1nerie. La

co rru pti on cliez les homrnes et chez

les femmes était

a

son comble. Le vol

ét11 it app!audi et honoré; la j ustice

n'était qu'un vain mot, et la vénalité

des magistrnts mettait aux encheres

la culpabil ité ou l'innocence des ac–

cusés. Au di re du voyae:eur dont nous

avous rappo rtt• le tf.11101gna12;e, les ju–

ges trouvaient le moyen d'augmenter,

cl ans un e proport ion consid érable, par

les pré ents q11 'on leur fa1sait et par

leurs rapines , le traitement qu'ils re–

cevoient du

~ou vernement.

Thomas

Gage dit que, durant son séjour

il

Gua–

temala il y eut un nombre prodigieux

10