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L'UNlVERS.
réforme des abus. .
n
représenta en
termes tres-vifs et presque
meJ1a~ants,
que si l'on ne voulait pas s'occuper
des affaires de cette province, et
prendre ses griefs en considération, la
population se
char~erait
elle-meme de
ce soin. Le
mini~tere
tout entier aux
basses intrigues des partís qui divi–
saient la r épublique, et qui le divi–
saient lui-meme, ne
fit
aucune atten–
tention aux demandes
du Texas.
Austin, fatigué des lenteurs qu'on lui
faisait subir, écrivit a la municipalité
de Bejar le peu de succes de ses dé–
marches.
11
accompagnait cette commu–
nication de conseils aux colons; il les
engageait a prendre patience, a procéder
par les voieslégales,
a
organiser pacifi–
quement une administratíon locale.
Cette lettre tomba entre les mains de
ceuxdes membres de la-municipalitéop–
posés aux vues des colons anglo-amérí–
cains; ils la firent passer au &ouverne–
ment central qui la trouva seditieuse.
Austin avait
d~ja
quitté l\lexico et n'é–
taít pas loin du Tel\as, quand il se vít
arreté, recond1.,1it daos la capitale et
jeté en prison. C'était d'autant plus
fücheux pour luí, qu'íl n'était point
du tout d'avis d' un m.ouvemept ín–
surrectionnel et ne partageait que
tres - faiblemeot l'impatience de ses
concitoyens. Sa
captivité fut
lon–
gue saos etre sévere. C'était un de
ces hommes qui suivent les grands
mouvements politiques, ,mais qui ne
les arretent ni ne les dirigent.
11
fut rendu
a
la liberté dans
l'année
1835.
Le jour de la lutte u'était pas éloi–
goé. Le .Mexique, sans cesse en tra–
vail d'une révolution , venait de ren–
verser sa constitution de
1824,
et de
lui substituer un gouvernement cen–
tral, reuvre de l'Eglise et de
l'ar–
mée ' que
lit
triompher ce meme
Sonta-Anna·, cet ambitie11x vulgaire,
toujours avide du pouvoir supreme;
toujours ignorant des devqirs qu'on
s'impose quand on veut commander
a
ses semblables; toujours ébloui de
l'ér.lat de la puissance saJ1s en com–
prel_ldre la gran<!eur,
et
qui finit p¡ir
s11
Jeter
~an~
les
~ra~
des centrali!i-
tes, apres les avoir combattus, lors- .
qu'il se crut assuré de la faveur po–
pulalre.
Cette révolution ralluma le feu de
la discorde daos une partie du Mexi–
que. Les opinions se partagerent sui–
vant les intérets. Au Texas, le mécon–
tentemeot fut géoéral, tanrlis que
les autorités de Cohc..huila se mon–
traient favorables
a
la contre-révolu–
tion; mais bieotot une question d'ar–
gent cbangea leurs dispositions. Le
trésor de la province etait vide; le
gouveroeur proposa de le remplir en
vendant une étendue considérable de
terres du Texas. Des spéculateurs
nombreux, Texieos et Anglo-Améri–
cains , se présenterent; leurs offres
fureot acceptées. Mais les hommes qui
les avaient f;> itps étaient suspects
a
Mexico : Je pre, ..: nt refusa de sanc–
ti9nner le traité, sous prétexte que
l'Etat de Cohahuila n'avait pas le droit
d'aliéner le domaíne public, et moins
encore de s'emparer du prix de Ja
vente avant d'avoir versé daos le tré–
sor de la république l'arriéré coosidé–
rable qu'il lui devait. L'État de Coba–
huila, qui se souciait fort peu de sol–
der cet arriéré, ne tint pas compte de
l'opposition du gouvernement central.
Celui-ci, qui redoutaitdevoir la popula–
tion du Texas s'accro1tre d'Anglo–
Américains , résolut d'employer
la
force pour se faire obéir. Le général
Cos, commandant supérieur des pro.
vinces orientales , recut de Santa.
Anoa l'ordre de marchér avec sa divi–
sion sur la capitale de l'État, et d'ex–
pulser la législature rebelle. Le gou–
verneur et plusieurs députés furent
arretés, et les spéculateurs prirent Ja
fuite; mais en rentrant au Texas, ils
porterent de rudes coups
a
J'ennemi
c9mmun. lis allerent de ville en ville,
d'habitation en habitation , procla–
mant Ja guerre comme l'unique moyen
d'échapper au despotisme de Santa·
Anna. C'était promener l'étincelle sur
une trainée de poudre. La guerre était
populaire au Texas; on ne s'y faisait
pomt illusion sur ses terribles chan–
ces; mais on n'ignorait pas qu'une
victoire devait affranchir le pays et Je