l\IEXIQUE.
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leur, rnanquant d'eau et forcés d'aban–
dqnner leur artillerie engagée dans
les sables. Sur la foi de ces renseigne·
ments,
A
rredondo revint a la charge.
Les insurgés furent écrasés. On ne
lrur fit aucun quartier. Ceux qui
édwpperent a ce massacre se dis–
pcrsérerit dans toutes les directions.
Ce
fut
le dernier effort sérieux de l'in–
surrection, et les tentatives qu'elle
fit
J'année suivante ne servirent qu'a
constater son impuissance. Cette llltte
n·eut d'autre résultat que la dépopu–
lation du Texas et la destruction de
ses établissements agricoles. Ce beau
pays
füt
livré a la discrétion de la
force militaire concentrée a Bejar, la
Babia et Nacogdocbes. Cet état de
choses se prolonl$ea pendant toute la
durée de la dom111at1on espagnole, et
finít
a
la secondc révolution mexicaine.
Pendant cette triste période, ce qui
restait de cultivateurs texiens se vit
continuellement exposé aux attaques
des Indiens-Cornanches, auxquels les
marchands de Natchitoches {ournis–
saient des al'llles , de la poudre e du
plornb.· Ces infames pourvoyeurs i:les
sauvages se rencontraient surtout par–
mi les vertueux patriotes mexicains,
réfügiés
i.t
la Louisiane, e l'on remar–
quait, comme l'un des plus actifs et–
des plus avides, ce Gutierrez que
nous avons vu tout a l'heure si ardent
pour la liberté du Texas.
Enfin de meilleurs jours se leverent.
Le gouvcrnefr1ent des Etats-Unis ayant
renoncé, par la traité de
1819,
a ses
prétentions sur le Texas, un citoyen
d11 l\lissouri ,
1\1.
Moses Austin, qui
avait passé sa vie a diriger des exploi–
tations de mines dans son pays natal
et dans les parties les plus éloignées
de la Louisiane, jeta les yeux sur Je
Texas, et vit qu'il se pretait merveil–
leusement a des entreprises de défri–
chement. A cette époque, les citoyens
des États-Unis n'avaient point encare
pénétré, au dela de la Sabine et de la
riviere Rouge, sur un territoire dont
Ja législation coloniale de l'Espa–
gne les repoussait. Austin se dé–
·voua tout entier
a
une mission sainte
et pacifique. II
con~ut
le
prójet d'éta•
blir sur ce territoire, au miiie.u des
Espa¡?;nols, une colonie de ses compa–
triotes, par les \'Oies légales.
II
ohtint
du cabinet de i\ladrid l'autorisation
d'y amener trois cents familles de co–
lons industrieux, mais catholiques': c'é–
tait une condition expresse. Austin
mourut au milieu des préparatifs de
sa noble entreprise; a son flls échut
l'honneur de la poursui\'re et de l'exé–
cuter. Le i\Iexique avait alors repris
les armes pour la cause de l'indépen–
dance, et cette fois
il
avait. triomphé
presque sans combattre. La révolu·
tion de
1821
s'était accomplie; Itur–
hide venait d'arriver au pouvoir; ce
fut
i.t
lui qu'Austin s'adressa pour ob–
tenir Ja confirmation des concessions
faites a son pere. Elle luí fut accordée
sans peine. Le Mexique n'avait pu
passer
iJ
l"état d'indépendance, Si nOU·
veau pour lui, sans subir l'iníluence
de quelques-unes des idées libérales
qui accompagnent toujours de pareils
mouv:ements.
Austin arriva, en
1821,
sur le Bra–
zos avec les premiers émigrants. Cette
colonie eut beaucoup de peine a s'éta–
blir parmi les lndi ens. Cependant, en
1824, elle m:ait fait
ass.ezde progrés
pour etre en mesure de chfttier ces
sauvages, quand ils co111111ettaient des
déprédations sur les défrichements.
Cette émigration de quelques familles
a
l'ouest des États-Unis et au dela de
la riviere Rouge, n'eut aucun reten–
tissement en Europe; et comme le
remarque parfaitement llf. Leclerc
dans l'ouvrage que nous avons déja
cité, il est probable que parmi les
témoins, les auteurs et les prorno–
teurs de l'entreprise, bien peu en ap–
précierent Ja portée. C'est la marche
et la loi de toutes choses en ce monde:
un commencenient inaperc;:u, une
source cachée souvent inacccssible,
des premiers pas incertains, des pro–
gres ignorés, puis un grand fait qui
éclate, un ernpire qui se révele, une
nation qui prend hardiment sa ·place,
une révolution qui triomphe de toute
résistance. C'est l'histoire ele la colo–
nisation et de l'intlépendance du Texas.
. Le
congres ne vit pas toute
fa
portéé