Table of Contents Table of Contents
Previous Page  284 / 678 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 284 / 678 Next Page
Page Background

238

L'UNIVERS.

" Dix-huit minutes apres le commen–

cement de l'attaque, dit le rapport

officiel du général J-Iouston, nous étions

maitres du camp de J'ennemi, de ses

drapeaux, de ses équipages, de ses pro–

visions, de ses armes, de ses bagages.n

La déroute fut complete et le carnage

fut grand : six cent trente Mexicains,

<lont un officier général, quatre colo–

nels, resterent sur Ja place ; deux cent

quatre-vingts ftrrcnt blessés , et sept

cent trente faits prisonniers. Cette

victoire ne cot1ta aux Texiens que deux

hommes tués et vingt-trois blessés,

dont six mortellement. Le colonel La–

mar, .depuis président de la républi–

que, commandait la cavalerie , et

fit

des miracles de bravoure.

Santa-Anna prit la foite , et on.. le

trouva le lendemain tout trembl ant,

caché dans de hautes herbes . Il fut

découvert par un détachement de

Texiens envoyés

a

l<l

pour ·uite des

fuyartls. Il baisa la main du premier

soldat qui se présenta ' et chercha a

les corrompre tou , en leur

of~rant

de

l'or et des bijoux. N'y pouvant pal've–

nir,

il

se pl'it a pleurer. Conduit de–

vant le général Houston, qui dormait

au pied d'un arbre, la tete appuyée

sur sa selle , il 1ui dit e.n espagnol :

Je suis Antonio Lopez de Santa-Anna,

présid ent de la république mexicaine,

et général en chef de J'armée d'opéra–

tion. Puis laissant échapper une bouf–

fée d'orgueil,

il

ajouta : Vous n'etes

pas né pour les choses ordinaires;

vous avez vaincu

le Napoléon de

l'Ouest.

Il s'enquit avec anxiété du

sort qu'on lui réservait, et chercha as–

sez maladroitement a excuser les cri–

mes et les massacres qui lui étaient re–

prochés.

U

parait que Houston se laissa

aller a la pitié, et luí accorda sa pro–

teqtion. II agissait ainsi en homme

d'Etat qui cherche

a

tirer le mei lleur

partí des ci rconsta11ces , et qui croit

qu' un meurtre inutile est tout ce qu'il

y

a de plus mauvais en politique.

11

était facilc de prévoit·, d'aprcs le

systeme de modération adopté par le

général et le gouvernement provisoire,

qu'unc convention uvec Santa-Anna

ne se ferait pas attendre. Déja l'ordrc

de se replier sur Bejar avait été donné

par ce dernier. Peu de jours apres , le

14

mai, deux traités, l'un patent, l'au–

tre sec1·et,

furent signés

a

Velasco.

L'article qui stipulait la mise en li–

berté du président mexicain rendit ces

traités tout

a

fait impopulaires. L'ar–

mée surtout continuait a demandcr sa

mort , en représaille d1:1 massacre de

Goliad. Elle était également mécon–

tente du gouvernement provisoirc ,

dont elle se croyait négligée , et pcu

s'en fallut que J'officier 9u'e1Je avait

chargé de porter ses representations

a

Velasco ne mit le gouvernement en

prison. Le président allait étre

arreté~

lorsqu'il fut défendu par les citoyens

de la ville, qui finirent par épargner

un tel scandale nux vainqueurs de San–

Jacinto. Toutefois, le gouvemement,

trop faible pour braver l'opinion pu–

blique, prit le parti d'ajourner la sanc–

tion du traité , et de retenir Santa–

Anna prisonnier. Cet homme, qui

n'avait certes nucun droit a la bien–

veillance des Texien11, s'avisa de pro–

tester contre sa captivité et les priva–

tions qu'il endurait. Vraiment

íl

était

bien a plairidre de n'etre pas aussi par–

foitement t1·aité que dans son palais

de

l\'lexico , lorsque les principaux

lJersonnagcs du Texas manquaient de

tout. Le président Burnet lui répon–

dit avec dignité : J'ai sacrifié

i.t

votre

bien-etre celui de ma famille malade ;

si nous manquons de

comfort,

c'est

a

votre visite chez nous qu'il faut vous

en prendre. Il nous parait tout simple

que vous souffriez. un peu de nos

maux.

Le vainqueur de Santa-Anna était

en ce moment Je héros du Tr.xas. Son

nom éclipsait taus les autres noms,

meme celui du fondateur de la natio–

nalité texienne. Aussi Houston l'em–

porta·t-il sur Austin pour la prési–

dence : il obtint trois mille cinq cent

quatre-vingt - cinq suffrages ,. trois

mille de plus que son concurr.ent. Le

colonel Lamar fut élu vice-président

par un pareil nombre de votes. Cette

réunion d'éler.teurs se déclara en mt'lme

temps pour 'l'incorporation du Texas

aux États-Unis. De puissants moti

t~'"