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154

L'UNIVERS.

Tous se surveillaient réciproquement.

C'est ainsi que la mere patrir. croyait

s'assurer cohtre toute entreprise d'in–

dépendance; mais elle oubliait que

l'indépendance d'une colonie ne fut

jamais l'reuvre des agents salariés

du gouvernement, mais des popula–

tions opprimées et de la marche du

temps.

Je n'ai point encore parlé du pou–

voir populaire, de ces corporations mu–

nicipales, seul élément démocratique

qui se rencontrilt au Mexique. Ces as–

~emblées

conserverent longtemps quel–

ques vestiges de leur origine, et cet

esprit de liberté que Charles V, a peine

l>Ur le trohe, anéantit si parfaitement

en Espagne. Les regidores et les alcades,

composantlesayuntamientos

ou muni–

cipalités, nommés d'abord au Mexique

par les habitants de chaque vil le, étaient

aimésdu peuple qui les rega rd aitcomme

ses protecteurs naturels. Des liens

nombreux , soit alliances de famille,

soitcommunauté d'intérets, uni ssaient

l'indigene aux magistrats de la cité,

tandis qu'entre l'fodigene et

I'

Européen

aucun point de contact, aucun rapport

intime, nucune parenté. Au cornmen–

cement de la révolutíon les membres

. du cabildo devinrent, ur presque tous

les points, les oTganes du peuple. lis

se firent les chauds avocats du gou–

vernement provisoire en l'absence du

roí , et se poserent en ennemis vjs-a–

vis des audiencias dévouées aux inté–

rets de la vieille monarchie. Ainsi

commen~a

Ja lutte entre les peaux:

rouges et la race blanche. Cctte posi–

tion des cabildos et du peuple a toutes

les époques, est un fait tres-extraor–

dinaire, car il faut bien noter que de–

puis longtemps les prerniers étaient

a

peu pres choisis par la couronne, et

que jusqu'en

18 12 ,

lors de l'établi sse–

ment de la constitution en Espagne,

le privilége de l'élcction étnit purement

nominal. Bien_plus, on chercha

a

la

fin du siecle dernier

il

dénaturer com–

pléternent cette institution en lui don-

11ant une couleur militaire; on essaya

dans les provinces internes de faire, du

capitaine et des lieutenants de milice

de chaque localité, un alcade et des re-

gidores

a

vie. Cette innovation fut de

courte durée; le ridicule en

lit

jus–

tice.

Le code qui régissait le Mexiqne,

etd'apres lequel les tribunaux devaient

prononcer, portait le litre de

Recopi–

lacion de las leyes de las Indias.

C'é–

tait une másse hétérogene de statuts,

de décrets, d'ordonnances, rendus de–

puis trois siecles

§Ur

différents sujets

touchant l'Amérique espagnole, par le

conseil des Indes et les rois d'Espagne.

C'était un bizarre assemblage de dis–

positions incohérentes, souvent meme

contradictoires, et qui n'avaient de

cornmun entre elles que d'etre réunies

et reliées en quatre gros volurnes

in-folio. Nulle part l'arbitraire n'était

plus

a

l'aise que dans ce chaos oli

toutes les opinions pouvaient trouver

un texte favorable. Aussi, et comme

úne conséquence de cette facilité, nulle

part la justice n'était moins pu re, la

corruption plus génfrale et moins dé–

guisée : l'absence dr toute publicité la

servait

a

merveille. A cette mauvaise

légis) ation venait se joindre encore

une détestable procédure, résultat rl' in–

nombrable priviléges (fu eros). Chaque

profession ou corporation avait les

siens; le clergé possédait les plus éten–

dus. Puis venaient ceux du corps en–

seignant, des marchands, de la mil ice,

de la marine, etc. Chnque privilégié

pouvait choisi r, tant au civil qu'au

crimine! , le tribunal spécial du corps

dont

il

faisait partie. Dans tout ceci

il n'y avait que les indigenes qui eus–

sent a souffrir; il leur était

a

peu pres

imposs1ble d'obtenir raison d'un Eu- -

ropéen, qui déclinait toujours la con)–

pétence de l'ordina,ire, et ne préten–

dait plaider que devant les juges d'ex–

ception.

A ne considérer que la lettre de la

Joi ,

il

y avaít parfaite égalité entre les

Américains et les Espagnols; les pre–

miers comme les seconds étaient ad–

missibles aux ernplois

publi.cs

: ce droit

est cent fois exprimé dans

les

Recopi·

luciones . On trouve dans le meme re–

cuei l de sages dispositions sur la ré–

partition et la perception des impóts ;

mais ces théories de justice et d'équité