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L'U IVERS.
le palais. Le vice-roí, qui n'avait ni
s-0ldats ni canons, et se voyait réduit
a
quelques ¡?;ardes et domestiques, fit
arborer le grand étendard royal , et
sonner la trompette: c'était un signa!
de détresse qui devait faire accourir
tous les bons Espagnols
a
son aide;
cependant personne ne bougea. Cette
sympathie pom: les factieux les enhar–
dit
a
tel point qu'ils mirent le'feu
a
la
prison, forcerent le palais, le pillerent,
et n'en sortirent qu'apres s'étre bien
assurés que le vice-roí n'y était pas.
Ce grand personnage s'était fort heu–
reusement échappé déguisé en corde–
lier; un religieux de. Saint-Francois le
conduisit dans son couvent ou 'il de–
meura le reste de l'année. A la nou–
vell.e de cette sédition de si mauvais
exemple, la cour d'Espagne
fit
partir
un nouveau vice-roí, assisté d'un inqui–
siteur de Valladolid chafgé d'informer.
II y aváit tant de gens
a
punir et de
si considérables, qu'on crut devoir se
borner
a
faire pendre quelques misé–
rabies convaincus de vol, et
a
desti–
tuer un certain nombre de fonction–
naires publics. L'attitude des créoles
et des honunes de la race rouge , en
cette circonstance , fut remarquable :
elle dbnna la mesure de leur aversion
'pour le gouvernementde la métropole-;
on vit des Iors ce qu'on devait atten–
dre de.. ces deux classes d'homínes, si
· l'occasío.n de secouer le joug espagnol
se pf.ésentait un jour.
Nous n'avons au l\foxique, dans le
dix-septieme siecle, que des événe–
meóts d'intérienr, et plus de ces faits
qui se lient
a
l'histoire du monde. De
temps en temps la tyrannie des Espa–
gnols est encore obligée de recourir
a
la force. II lui fallut lutter contre quel–
qucs tribus chichimeques qui aimaient
mieux mourir les armes
a
la main, que
d'aller fi nir au fond des mines , daos
une lente agonie. Mais un ennern i plus
puissant que l'Indien, l'eau des lacs,
mit plusieurs fOis dans ce d!x-septieme
siecle la nouvelle l\Iexico en dunger.
Déja nous avons vu ce terrible élé–
mfnt couvrir la capitale des rois az–
teques , et ceux-ci chercher
a
se pré–
server de ses ravages par une Iongue
digne élevée depuis Iztapalapnn Jus–
qu'il Tepeyacac. Ce gra nd travail, sou–
vent dégradé par les eaux, et plu ieurs
fois réparé par les Espognols, n'avait
pu empecher les inondations de 1553,
de Hi80, de Hl04, de ttl07. Son
insut~
fisance bien constatée, on eut reco urs
a
un autre systeme,
a
un canal d'é–
coulement. L'ingénieur l\Jartinez adop–
tant l'ancien projet de 1580, fit creu–
ser la fameuse galerie souterraine de
Nochiston¡rn qui devait donner issue
aux eaux du lac de Zumpango et du
rio de Guautitlan. Ce travail fut com–
mencé d'une maniere toute solennelle.
Le vice-roí, en présence de
l'audien–
cia,
donna le premier coup de piache.
Quinze mille Indiens furent employés
a
cet ouvrage et traités avec une ri–
gueur toute barbare;
il
fallait aller
vite, on ne ménagea ni leurs forces ni
leurs vies. Au mois de décembre 1608,
le vice-roí et l'archevéque forent in–
vités par Martinez
a
venir voir couler
les eaux dans cette ga lerie qui devi nt
bientot l'ol:\jet de la critique; on lui
reprocha de n'étre ni assez large, ni
assez profondc, ni assez durable. Les
hon1mes spéoiaux se disputerent, et
la cour
de
1\'ladrid, pour les rnettre
d'accord , les Tepous a tous et confia
la direction des travaux
a
un Hollan–
dais nommé Adrien Boot, partisan du
systeme des digues, qu'on pcut apptler
le systeme indien. La galerie fut aban–
dohnée' peut-iltre meme bouchée, on
ne sait. Mais apres de grandes pluies,
le 20 juin 1629, la ville de Mexico se
trouva inondée
a
un metre de hau–
teur; ou allait en hateau dans les rues. -
Pendant cinq années que dura cette
inondation, la misere du bas peuple
fut
a
son comble, le commerce cessa,
beaucoup de maisons s'écroulereut,
d'autres devinrent inhabitables. L'a r–
cheveque Manzo y Zuniua se distin–
gua par sa bienfoisance; il sortait jour–
nellement en canot pour di stribuer du
pain aux pauvres dans les rue cou–
vertes ¡,ar les eaux. Au mílicu de ces
malheurs, le vice-roí fit venir
a
Mexico
l'image de la sainte Vierge de Ja Gua–
dalupe. Elle séjourna longtemps dans
la ville inondée. Les eaux ne se retire-