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156

L'UNIVERS.

parfaitement étranger

a

ce qui se pas–

sait hors de

s~ p~trie,

le créole s'i–

maginait que le sort des autres peuples

valait encore moins que le sien; il était

convaincu qu'il n'y a1•ait rien de plus

grand, de plus éclairé que l'Espagne.

11

voyait dans son gouvernement la

plus haute combinaison monarchique,

et dans sa puissance militaire la reine

des nations. Pour luí,

hablar ch1·is–

tiano,

parlerchrétien ou la langue des

chrétiens, ne signifiait rien autre que

parler espagnol. II comprenait sous la

rubrique généra le d'infideles ou d'hé·

r étiques,

Fran~áis,

Anglais, Juifs,

l\lusulmans , avec lesquels tout bon

catholique ne pciuvait entretenir de

r.apports. Chez lui l'inquisition, gar–

dienne de son ignorance, ne proscri–

vait pas moins les écrits politiques, les

histoires les moins hardies, que les

ceuvres de Luther. Jusqu'en

1811,

la

doctrine de la souveraineté nationale

était par une étrange anomalie dénon–

cée a l\lexico comme chose

perverse

et

condamnable.

11 follait au créole une

permission spéciule pour visiter ies

pays étrangers; on ne l'obte_nait pas

toujours , et toujours elle éta it limi–

tée. Les arts du dessin et les études

relalives

a

l'exploitation des mines re–

CeYaient

s~uls

quelques

encoura~e­

ments. On en e bi en que l'in1por–

tation des livres d'Europe était sé–

.verement défendue. En

1807,

un

l\Iexicain, don Jose Roxas, fut dé·

noncé par

~a

propre mere comme pos–

sédant un volume de Rousseau. Le

malheureux n'échappa a la prison que

par la fuite. Toutefois, il est juste de

reconnaltre que cette persécution n'at–

teignait que les petites gens, et nulle–

ment la haute société, et que les prohi–

bitions étaient plus en théorie qu'en

prntique. Les classes élevees se sou–

ciaient fort peu du saint-office, et le

méprisaient meme assez ouvertement.

On trouvait dans leurs bibliotheq ues

les ceuvres des philosoplws

fra n~::i is

et

anglais, ainsi qu'un assez grand nom–

bre d'ouvrages pol itiques' meme ceux

que le génie révolutionnaire enfontait

dans les dernieres années du dix-hui–

tieme siecle.

En terminant ce rnpidc tableau,

nous ne devons pas oublier les re trie·

tions a la liberté

inclu~tri elle

et com–

merci::i le que la ' ouvelle-E ;pagne::i,'ait

a

subir. Ce régime prohibirif, qui froi s–

sait les intéréts des classes les plus

nombreuses , est certainement la cau e

la plus directe de la révolution. La

préférence donnée a l'Espagnol pour

les emplois publics n'ag issait guere

sur le peuple qui 11e prétendait pa

a

gouverner. Mais le monopole de Cadix

et de la Vera-Cruz luí était dur.

Jl

s'en rappelait chaque jour en paya nt

au poids de l'or les articles d' Europe

d'un usage général, ceux - la surto11t

que son propre pays aurait produits

avec tant d'abondance et a si bon mar–

ché. Si le régime prohibitif le plus

complet pouvait etre offert comme le

type du meilleur systeme colonia l, la

Vieille- F.spagne aurnit des droits

a

l'admiration de la postérité. Nou avons

déja vu qu'elle avait défendu la culture

de la vigne et de l'olivier. Celle du

ca–

cao, du café, de l'incl igo, n'était to–

Jérée que dans certaines limites et

dans le seu les proportions de be oins

de la mere patrie. JI se1·ait fastidieux

de rappeler toutes les industries ma–

.nufacturieres défendu es au J\lexique

ou laissées

sa ns

protection. L'Espngne

,se réservait le droit exclusif de fournir

a ses colonies tout ce qui leur man–

quait.

JI

n'est pas difficile de démon–

trer qu'impuissante a manufacturer

chez elle la plupart des objets qu'elle

portai t en Amérique, elle _n'était, en

réalité , que l'intermédiaire entre ses

sujets d'outre- mer et les véritables

producteurs d'Europe. En définitive·,

les trésors du nouveau monde ne lui

restai ent pas aux mai ns.

J.I

faut arriver jusqu'au commence–

ment clu dix-huit1eme siecle pour aper–

cevoir quelques modifrcations a ce ri–

goureux svsteme prohibitif qu e nous

venons de·signaler.

11

fut permis aux

Francais, pend ant la guerre de la suc–

cession, de commercer avec le Pérou;

mais le i\l ex ique ne leur fut pas 011-

vert. Apres la paix d'Utrecht, le traité

connu sous le nom de l'Asiento ga–

rantit

it

la Grande-Bretagne le droit