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L'UNIVERS.
parfaitement étranger
a
ce qui se pas–
sait hors de
s~ p~trie,
le créole s'i–
maginait que le sort des autres peuples
valait encore moins que le sien; il était
convaincu qu'il n'y a1•ait rien de plus
grand, de plus éclairé que l'Espagne.
11
voyait dans son gouvernement la
plus haute combinaison monarchique,
et dans sa puissance militaire la reine
des nations. Pour luí,
hablar ch1·is–
tiano,
parlerchrétien ou la langue des
chrétiens, ne signifiait rien autre que
parler espagnol. II comprenait sous la
rubrique généra le d'infideles ou d'hé·
r étiques,
Fran~áis,
Anglais, Juifs,
l\lusulmans , avec lesquels tout bon
catholique ne pciuvait entretenir de
r.apports. Chez lui l'inquisition, gar–
dienne de son ignorance, ne proscri–
vait pas moins les écrits politiques, les
histoires les moins hardies, que les
ceuvres de Luther. Jusqu'en
1811,
la
doctrine de la souveraineté nationale
était par une étrange anomalie dénon–
cée a l\lexico comme chose
perverse
et
condamnable.
11 follait au créole une
permission spéciule pour visiter ies
pays étrangers; on ne l'obte_nait pas
toujours , et toujours elle éta it limi–
tée. Les arts du dessin et les études
relalives
a
l'exploitation des mines re–
CeYaient
s~uls
quelques
encoura~e
ments. On en e bi en que l'in1por–
tation des livres d'Europe était sé–
.verement défendue. En
1807,
un
l\Iexicain, don Jose Roxas, fut dé·
noncé par
~a
propre mere comme pos–
sédant un volume de Rousseau. Le
malheureux n'échappa a la prison que
par la fuite. Toutefois, il est juste de
reconnaltre que cette persécution n'at–
teignait que les petites gens, et nulle–
ment la haute société, et que les prohi–
bitions étaient plus en théorie qu'en
prntique. Les classes élevees se sou–
ciaient fort peu du saint-office, et le
méprisaient meme assez ouvertement.
On trouvait dans leurs bibliotheq ues
les ceuvres des philosoplws
fra n~::i is
et
anglais, ainsi qu'un assez grand nom–
bre d'ouvrages pol itiques' meme ceux
que le génie révolutionnaire enfontait
dans les dernieres années du dix-hui–
tieme siecle.
En terminant ce rnpidc tableau,
nous ne devons pas oublier les re trie·
tions a la liberté
inclu~tri elle
et com–
merci::i le que la ' ouvelle-E ;pagne::i,'ait
a
subir. Ce régime prohibirif, qui froi s–
sait les intéréts des classes les plus
nombreuses , est certainement la cau e
la plus directe de la révolution. La
préférence donnée a l'Espagnol pour
les emplois publics n'ag issait guere
sur le peuple qui 11e prétendait pa
a
gouverner. Mais le monopole de Cadix
et de la Vera-Cruz luí était dur.
Jl
s'en rappelait chaque jour en paya nt
au poids de l'or les articles d' Europe
d'un usage général, ceux - la surto11t
que son propre pays aurait produits
avec tant d'abondance et a si bon mar–
ché. Si le régime prohibitif le plus
complet pouvait etre offert comme le
type du meilleur systeme colonia l, la
Vieille- F.spagne aurnit des droits
a
l'admiration de la postérité. Nou avons
déja vu qu'elle avait défendu la culture
de la vigne et de l'olivier. Celle du
ca–
cao, du café, de l'incl igo, n'était to–
Jérée que dans certaines limites et
dans le seu les proportions de be oins
de la mere patrie. JI se1·ait fastidieux
de rappeler toutes les industries ma–
.nufacturieres défendu es au J\lexique
ou laissées
sa ns
protection. L'Espngne
,se réservait le droit exclusif de fournir
a ses colonies tout ce qui leur man–
quait.
JI
n'est pas difficile de démon–
trer qu'impuissante a manufacturer
chez elle la plupart des objets qu'elle
portai t en Amérique, elle _n'était, en
réalité , que l'intermédiaire entre ses
sujets d'outre- mer et les véritables
producteurs d'Europe. En définitive·,
les trésors du nouveau monde ne lui
restai ent pas aux mai ns.
J.I
faut arriver jusqu'au commence–
ment clu dix-huit1eme siecle pour aper–
cevoir quelques modifrcations a ce ri–
goureux svsteme prohibitif qu e nous
venons de·signaler.
11
fut permis aux
Francais, pend ant la guerre de la suc–
cession, de commercer avec le Pérou;
mais le i\l ex ique ne leur fut pas 011-
vert. Apres la paix d'Utrecht, le traité
connu sous le nom de l'Asiento ga–
rantit
it
la Grande-Bretagne le droit