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l\lEXIQUE.

155

disparaissaient devant une pratique

' beaucoup plus en harmonie avec le

systeme prohibitif adopté. lci le privi–

lége de1· nait une nécessité politique,

une conséquence forcée. En employant

uniquement des Espagnols, on dissé–

mina sur 'tous les points une classe

d'hommes 'étrangers aux usages, aux

habitudes, aux intérets du pays, et

qui, devaot tout

a

l'Espagne, lu1 éta it

exclusivement dévouée. On mit entre

se mains tous les moyens de fortune,

rnoins pour elle-milme que pour en le–

ver au i\Jexique le plu de ca pitaux

pos ible. Ces hommes ne se rendaient

la que pour un ternps, et comme les

oiseaux de proie qui rapportent dans

l';iire ce qu'ils ont pu di\rober, eux

se hilta ie11t de revenir déposer sous

Je toit paternel le fruit de leurs rapi–

nes. Les modeles de cette cupidité

étaient haut

placé~.

Les vice-rois don–

naient l'exemple. Avec un salaire no–

minal de soixante mi lle dollars, ils

trouvaient moyen d'en dépenser deux

ou trois fois autant; pLis, apres quel–

ques années de cette vie royale, 'ils re–

venaient en E pagne avec qúelques

millions de fran cs d'économies.

Jls

ti–

raient d'énormes bénéfices de la_ dis–

tribution arbitraire du mercure, dont

la vente exclusive appatt&naí au roi ·

ils vendai ent aux creoles des ti tres et

de di tinctions qu'ils s harfTeaient

de faire ohtenir

a

Iadrid; ils vend aient

aux grandes maisons de commerce de

Mexico

et

de la era-Cruz des licences

pour l'int rodnction des artioles étrnn–

~er

prohibés. Tous les fonctionnaires,

grnnds Oll pelits, allaient

a

la Clll'ée

chacun dans le limites de son emploi;

elle était si bon ne que nombre d'ngents

non retribués s'en contentaient fort

bien. Les places sa ns

trait~ment

ne man–

g11ai t>nt pos de candiclats qui payaient

fort drnr la faculté de volet· a111\lexique

ai·t·c privilége.

Ce 1 ri te l'tat de chost>s. que les in–

téresses de l\ ladrid, ele Cadix, de la

Vel'a-Cruz et de l\ le:-.ico appuyaient de

le1 11· inlluence, troul'nit da ns cette so–

lidarilé la force de triompher de tou–

tes le plaintes des .Américains; l'Es–

paguol aux coloni es restait toujours

l'homme de la métropole, l'homme fier

de sa couleur et de sa race. II faut

avoir visité le Mexique ava11t la der–

niere révolution, pour se fnire une idée

de la préférence que les liens du pays

obtenaíent sur ceux du sang. Le fils

qui avait le malbeur de naltre d'une

mere créole était regardé dans la mai–

son paternelle comme

inférír.ur

a

un

petit commis castillan, auqnel on était

tout fier d'accorder la filie de la mai–

son avec une bonne partie de la for–

tune.

Eres criollo,

y

basta,

vous etes

crfole, et c'est assez : telle était la

pbrase ordinaire que l'Esp;1gnol, dans

un morne11t de mauvaise humeur,

adressait

il

ses enfants; c'était la for–

mule du plus profond mépris qu'il lui

füt

possible d'exprimer. Luí et ses pa–

reils étaient connus sous le nom de

Gachupins. Ce terme désignait dans la

boucbe des Américains l'Européen

infatué de son propre mérite, et qui

s'imaginait que le hasard d'étre né dans

les arides pl¡¡.ines de la Castille ou de

la Nlanche lui dqnnait une capacité in–

tellectuelle supérieu'r

a

celle de cette

race issue des conquérants du Mexique

et des filies' de )a noblesse azteque.

Vigilante dans ce qui touchait

a

ses

intérilts financíers, J'E.pagne c>tait lo in

c<>pendí)nt de les entendre d'une ma–

niere rationnelle. Au li eu de simpliller

son administration, elle la compl1quai.t

chaque année de rouages nouveaux,

d'ofli ces qui n'avaient d'autre objet

que de contróler des emplois inutiles.

Aussi la belle et riche colonie de la

ouvelle- Espngne ne lui rapportait

chaque année que six miJlions de dol–

lars, bien que la totalité des impots

et des droits de toute nature s'éle–

vat

a

plus de vingt millions. Les frais

d'administration absorbaient plus de

la moitié de cette somrne, et le reste

servait

a

couvrir le déficit qui existait

entre les reGettes et les dépenses de la

Havane et des Philippines.

Sous un te! régime on ne s'oocupait

guere du bit>n-etre mo1·al des masses ;

on rrga rdait comme mesure politique

de les maintenir dans une ignorance

profonde, garantí e d'obéissance et de

sécurité pour le gouverneinent. Aussí,