l\lEXIQUE.
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disparaissaient devant une pratique
' beaucoup plus en harmonie avec le
systeme prohibitif adopté. lci le privi–
lége de1· nait une nécessité politique,
une conséquence forcée. En employant
uniquement des Espagnols, on dissé–
mina sur 'tous les points une classe
d'hommes 'étrangers aux usages, aux
habitudes, aux intérets du pays, et
qui, devaot tout
a
l'Espagne, lu1 éta it
exclusivement dévouée. On mit entre
se mains tous les moyens de fortune,
rnoins pour elle-milme que pour en le–
ver au i\Jexique le plu de ca pitaux
pos ible. Ces hommes ne se rendaient
la que pour un ternps, et comme les
oiseaux de proie qui rapportent dans
l';iire ce qu'ils ont pu di\rober, eux
se hilta ie11t de revenir déposer sous
Je toit paternel le fruit de leurs rapi–
nes. Les modeles de cette cupidité
étaient haut
placé~.
Les vice-rois don–
naient l'exemple. Avec un salaire no–
minal de soixante mi lle dollars, ils
trouvaient moyen d'en dépenser deux
ou trois fois autant; pLis, apres quel–
ques années de cette vie royale, 'ils re–
venaient en E pagne avec qúelques
millions de fran cs d'économies.
Jls
ti–
raient d'énormes bénéfices de la_ dis–
tribution arbitraire du mercure, dont
la vente exclusive appatt&naí au roi ·
ils vendai ent aux creoles des ti tres et
de di tinctions qu'ils s harfTeaient
de faire ohtenir
a
Iadrid; ils vend aient
aux grandes maisons de commerce de
Mexico
et
de la era-Cruz des licences
pour l'int rodnction des artioles étrnn–
~er
prohibés. Tous les fonctionnaires,
grnnds Oll pelits, allaient
a
la Clll'ée
chacun dans le limites de son emploi;
elle était si bon ne que nombre d'ngents
non retribués s'en contentaient fort
bien. Les places sa ns
trait~ment
ne man–
g11ai t>nt pos de candiclats qui payaient
fort drnr la faculté de volet· a111\lexique
ai·t·c privilége.
Ce 1 ri te l'tat de chost>s. que les in–
téresses de l\ ladrid, ele Cadix, de la
Vel'a-Cruz et de l\ le:-.ico appuyaient de
le1 11· inlluence, troul'nit da ns cette so–
lidarilé la force de triompher de tou–
tes le plaintes des .Américains; l'Es–
paguol aux coloni es restait toujours
l'homme de la métropole, l'homme fier
de sa couleur et de sa race. II faut
avoir visité le Mexique ava11t la der–
niere révolution, pour se fnire une idée
de la préférence que les liens du pays
obtenaíent sur ceux du sang. Le fils
qui avait le malbeur de naltre d'une
mere créole était regardé dans la mai–
son paternelle comme
inférír.ura
un
petit commis castillan, auqnel on était
tout fier d'accorder la filie de la mai–
son avec une bonne partie de la for–
tune.
Eres criollo,
y
basta,
vous etes
crfole, et c'est assez : telle était la
pbrase ordinaire que l'Esp;1gnol, dans
un morne11t de mauvaise humeur,
adressait
il
ses enfants; c'était la for–
mule du plus profond mépris qu'il lui
füt
possible d'exprimer. Luí et ses pa–
reils étaient connus sous le nom de
Gachupins. Ce terme désignait dans la
boucbe des Américains l'Européen
infatué de son propre mérite, et qui
s'imaginait que le hasard d'étre né dans
les arides pl¡¡.ines de la Castille ou de
la Nlanche lui dqnnait une capacité in–
tellectuelle supérieu'r
a
celle de cette
race issue des conquérants du Mexique
et des filies' de )a noblesse azteque.
Vigilante dans ce qui touchait
a
ses
intérilts financíers, J'E.pagne c>tait lo in
c<>pendí)nt de les entendre d'une ma–
niere rationnelle. Au li eu de simpliller
son administration, elle la compl1quai.t
chaque année de rouages nouveaux,
d'ofli ces qui n'avaient d'autre objet
que de contróler des emplois inutiles.
Aussi la belle et riche colonie de la
ouvelle- Espngne ne lui rapportait
chaque année que six miJlions de dol–
lars, bien que la totalité des impots
et des droits de toute nature s'éle–
vat
a
plus de vingt millions. Les frais
d'administration absorbaient plus de
la moitié de cette somrne, et le reste
servait
a
couvrir le déficit qui existait
entre les reGettes et les dépenses de la
Havane et des Philippines.
Sous un te! régime on ne s'oocupait
guere du bit>n-etre mo1·al des masses ;
on rrga rdait comme mesure politique
de les maintenir dans une ignorance
profonde, garantí e d'obéissance et de
sécurité pour le gouverneinent. Aussí,