134
L'UN1VER$.
pect, sous Ja zone torride , de vastes
prairies arrosées de ruisseaux. Un ciel
pur et bleu couvrait cette belle contrée,
ou
vivait un peuple robuste, brave,
intelligent. Sur les bordsdu pittoresque
lac de Patzquaro, s'élevait Tzintzont–
zan, sa capitale, ou la vi lle des oiseaux
au plumageéclatant
(~).Ce
peupleappar–
tenait en partíea la grande famille azte–
que. 11 descendait d'une de ces tribus
acolhues, qui, séduite par Ja douceur
dn climat et la bonté des terres, s'y
était arretée lors de la grande migra–
tion des hommes du Nord. Il avait
quitté son- nom primitif pour prendre
celui de Tarrasque, nom probablement
emprunté de quelque peuplade indi–
gene; il avait
é~alement
abandonné la
langue de ses peres pour adopter celle
de sa nouvelle patrie. Laborieux et sé–
dentaire, ses mceurs s'adoucirent par
degrés ; il avait fini par soumettre plu–
sieurs petites nations, et se composer
un grand royaume dont l' histoire est a
peu pres inconnue. Il avait aussi bien
profitéque le
sAztequesde l'ancien
ne ci–vilisation de l'
Anahuac.On lecitait
p.om·sa politique adroite, pour la sagesse
de ses lois, pour sou
humanit~,
pour
son génie industrieux, ])our son habi–
leté dans l'art de composer des mo–
sa'iques en p)umes, qu'on regardait
commedesmerYeilles, et qui se payaient
fort cher. Son état social rappelait
celui des Mexicains; ses dieux étaient
aussi les memes; mais le culte qu'il
Jeur rendait était beaucoup moins bar-.
bare : les sacrifices humains Je souil–
laient moins souvent. Chez les Tarras–
ques, le souverain pontife vivait retiré
dans un, temple consacré au premier
des dieux. Chaque année, le roi, suivi
de sa cour, allait lui rendre visite, et
lui offrir a genoux de riches présents.
Ce jour-la seul ,
le grand pretre se
)11ontrait au peuple; le reste du temps
il ne sortait pas .de son honorable pri–
so~.
On remarquait, dans les cérémo-
(•) Tzintzontzan, que les Azteques, ha–
hitants de Tenochtillau, nommerenl Huit–
zitzila, n'est aujourd'hui qu'un pau\Te
,.¡¡_
lage indieu r¡ui a conservé le titre fostueux
de
cité.
nies religieuses de l'ancien Mechoacan,
un certain coté politique. A la mort
d'un roi, par exemple, son successeur
désignait ceux qui devaient le servir
dans l'autre monde, etqu'on immolait
au jour de ses funérailles ; le choix
tombait toujours sur quelques hommes
riches ou puissants dont on redou–
tait l'influence, et dont on sllspectait
la fidélité.
Les Tarrasques et les Mexicains vi–
vaient dans un état-presgue continuel
d'hostilités. Jamais les ro1s de Tenoch–
titlan n'ayaient pu entamer les fron–
tie
res de leurs voisins. Les Espagnols
les
franchire.ntsans coup ferir, et
s'avancerent dans le pays sans grande
résistance. Plus tard, il Jeur fallut,
pour s'établir solidement, vaincre les
hab'itants de Colima et occuper le lit–
toral maritime. Ce fut l'ceuvre de San–
doval et d'Olid réunis.
D'autre
s nations de l'Anahuac ne se
preterent
p.asaussi facilement
a
la do–
mination des chrétiens; et, du nord
au sud , Cortes et ses lieutenants eurent
a
combattre. Chaque révolte vaincué
perroettajt de faire un pas de plus
dans le pays; et l'on finit par drpasser
les limites de Fancien royaume de Moc–
tezuma. Sandoval, chargé d'explorer
les pays du sud, gui sont arrosés par le·
Guazacualco, tnomphe facilement de
l'opposition de quelques tribus
in–
diennes. Elles disparaissent ou se sou–
mettent. Le fort del Espiritu Santo
s'éleve pour les cootenir et assurer,
dans ces contrées, la domination des
Espagnols. Plusieurs peuplades mis–
teques et zapoteques, en guerre avec
le seigneur de Tutepec, les appellent
a
leur secours; ils y marchent sous le .
commandement d'Alvarado, qui
les
délivre de leur ennemi, s'empare de
leurs terres, laisse garnison dans leurs
villes murées, et marche
á
la conquete
du pays de Soconusco et du royaume
de Guatemala. Dans ces contrées que
les Es
pagnols parcourent pour la pre–
miere
fo.is,ils reconnaissent
l'em–
preinte d'une antique civilisation; ils
ont devant les yeux des palais en pierres
ele taille, des vil les d'une lieue decir–
cuit, ehtourées de murs_hauts, épais, et
~.