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L'UNIVERS.

pagne, toutes les forces de l'ancienne,

Cortes se voit rédl!it a se présenter

en solliciteur devant un commis de

l;mreau' a subir les hauteurs de cet

homme si bas placé vis-a-vis de lui ,

et les dédains et les refus des courti–

san·sdu pouYoir, salaire dont l'Espagne

payait alors ceux qui avaient agrandi

ses domaines et fait l'admiration du

monde. Cette vie de misere finit vite de

Cortes; il expira le

2

áécembre

1547,

dans la soixante-deuxieme année de

son age. Il avait survécu a presque tous

ces grands capitaines dont les noms

figurent si honorablement dans le mer–

veilleux drame de la conquete. VEjlas–

quez de Léon, l\'lorla et Escalante

n'étaieñt plus quand Mexico succom–

ba; Christoval de Olid avait porté sa

tete sur l'échafaud. Une petite ville

d'Andalousie avait vu Sandoval rendre

le demier soupir; et Pédro de Alva–

rado, emporté par un cheval fougueux,

était mort d'une chute violente dans

la Nouvelle-Galice

(* ).

Nous avons maintenant devant

nous

une grande colonie européenne. Pr.es

de trois siecles )1ous séparent encore

de ce jour mémorable, ou, lasse du joug

de Ja métropole, elle levera le drapean

de l'i

ndépendance. Ce long temps n'a

pl.us

a

nous offrir dans la Nouvelle–

J".sp

agne les grands événements qui at- .

t1rent les regareis du monde, mais des ·

faits d'un iatéret purement local. Nous

les r ésumerons rapidement en nous

attachant nux principaux.

La premiere peusée des vainqueurs

fut

une pensée de propagande, mais

de propagande telle que des hommes

de guerre la

con~oivent;

toutefois le

zele des Espagnols pour le progres de Ja

foi eút-il étémoins ardent et moins bru–

tal, ils fussent devenus convertisseurs

par politique. Cortes

avait vu

des Je

premier moment qu e le

me

ille.ur moyen

de s'assurer de la fid élité des indigenes

(•) Un <locumeul fort curieux ponr la

biographie de Cortes a été publié par M. de

Humboldt ; nous voulons parlcr clu

tcsla–

ment du graml capi1aine, en date du r

1

octubre

1547.

Voyez F..ssai sur la Nom·ellc–

Espagne, tome 1v.

était d'en faire des chrétiens; qu'entre

eux et les Espagnols l'idolatrie azteque

élevait une barriere

insurmontahle.

Lui et ses successeurs se montrerent

sans pitié pour le culte mexica in. Les

idoles furent brisées et brtllées, les

téocalli ou maisons des clieux démolis

et rasés; pas un pretre ne fut épar–

gné. Cortes et les premiers goul'er–

neurs réclamerent Jes missionnaires

pour accomplir l'reuvre de la civilisa–

tion. Franciscains, ·augustins, domi–

nicaii1s ne se firent pas attendre. Nous

les voyons accourir au Mexique dans

les années

1522, 1524 , 1526 , 152·8,

1545;

ils se dirigent surtousles points,

ils pénetrent bien au dela des établis–

sements militaires, ils trouvent pres–

que partout des esprits ébranlés par la

crainte et des populations tremblantes

pretes

a

recevoir un noul'ea u svmbole

religieux. Les l\'.lexicains crurent que

les dieux indigenes vaincus devaient

céder aux dieux des vainqueurs. Dans

une mythologie aussi compliquée que

la mythologie azteque, il était focile de

trouver une parenté en tre les divini–

tés d'Aztlan et celle de l'Orient. N'a–

vons-nous pas déja vu Cortes profiter

habilement d'ane tradition populaire

qui faisait descendre les Espagnols du

di vin législateur de l'Anahuac. Un tel

exemple ne fut pas perdu pour les mis–

sionnaires.

Ettx,

dañs un plus noble

but, se servirent de fraudes pi.euses

pour assurer le triomphe du christia–

nisme. ,lis persuaderent aux indigenes

que l'Evangile dans des temps tres–

reculés al'ait été preché en Amérique;

ils en rechercherent les traces dans le

rite azteque, et fovoriserent, jusqa'a un

certain point, tout ce qui pouvait iden–

tifier le cu lte noul'eau avec le culte an–

cien. lis trouverent la croix admise

comme un signe religieux, et ils en

profiter~nt

pour faire adopter le sym–

bole de la ré<lemption. L'aigle sacré

des Azteques leur servit a introduire

le culte du

'áint-Esprit. lis accueilli–

rent toutes les transactions que le

passé des Indiens permettait d'admet–

tre, -et lirent fléchir, jusqu'aux limites

du dogme, la rigidité de la liturgie

catholique. Beaucoup de choses étran-