l\IEXIQUE.
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Je meilleur et le plus dévoué de ses of–
ficiers; celui qui, en taus temps et en
taus lieux, avait parlé le plus haut
pour lui. C'était, apres le général en
chef, le plus illustre de taus les con–
quérants du l\lexique; pour fui, Cortes
réserv nit les expéditions les plus diffi–
ciles, les plu périlleuse . 'Ses grands
talents militaires égalaient sa bravoure
personnelle, et sa bravoure, son dé–
sintéressement et son humanité.11 était
chéri de taus; Cortes le pleura comme
on pl eure un fil . Sandoval lllOUrut a
trente ans, usé par les fat igues et co u–
vert de blessures.
Ccpendant Cortes, honot·é de nou–
veaux ti tres, ne revint sur le thétltre
de sa gloil'C qu'avec une autorité res–
treinte; on ne l11i conlia ni le pouvoir
admini tratif , ni le pouvoir judiciaire;
tous dcux pa serent aux mains d'un
conseil supéri eur, appelé Audience de
Ja
1
0Ul'elle-Espagne. On était a l'an–
néc
J
530,
et
d~ja
tout ,était changé
dans cette grande contree; des gens
de peu d'importanc personnelle et ele
gr:mde rapacité y avaient été envoyés
de l\Iadrid, et contrariaient toutes les
vues généreuses de Corte . Les vieux
compagnons ele sa fortune n'étai ent
plus, ciu se trouvaient disséminés dans
le province ou engagés dans ele loin–
ta ines cxpéditions.
nt1 fonled'ofllciers
nouveaux ne tui obéissaient qu'a re–
gret et sans
~ P:voue1~en!
per,
on~el.
Dan ceLte po 1l1on, Cortes, depou1llé
d'une grande partie de son autor ité
clans les nffaires de J'intérieur, cher–
cha d'autres ro11tes de gloire dans la
carricre des découvertes.
11
reprit
al'ec une nouvelle nrcleur In recherche
cl'un pa 'Sage entre les deux mers; il
fit
explorrr d'abord l'' sthme de Darien
et les cóLe. orier
:~ 1es
de l'
1\
mérique
clu
ord. Tous
les bfltiments qu'il
envoya dan
ces directions périrent
sucl·rs-ivcmcnt. Afíl i¡¡;é de ces nrnuvais
résultats et conllant dans a fortune,
0
il pl'it
lui-11H~me
le .
~ommandeme?.t
d'one not11·elle e\péd1t1on
l
53G). S 11
ue
rrncon~ra pa~
le
pnss~ge t~nt
c:her-
hé,
il
decou\11'1t In alllorn1e;
11
en
isita une pnrtio des cotes; il navi–
gua daos cette mer intérieure' a Ja-
quelle on donne le nom de Vermeille,
et que l'on devrait bien plutót appeler
la mer de Cortes (*) .
Ce fut penclant ce dernier voyage
qu'il apprit l'arrivée a l\lexieo du viee–
roi l\Iendoza. 11 reconnut des ce mo–
mentqu'il n'y avait plus rien a attendre
pour luí. Les obstacles se multipliaient
sur ses ¡1as, on l'abreuvait de dégouts.
Enfin, as de se voir cbaque jour aux
prises a1•ec )'intrigue et le mauvais
vouloir, honteux d'avoir
a
lutter avec
des gens si inferieurs
a
lui' il se dé–
termina a repasser en Espagne pour
revendiquer ses droits de capitaine gé–
néral , et réclamer le remboursement
des sommes qu'il avait depensées dans
ses di verses entreprises, toutes faites
a
ses frais. L'accueil qu'il reQUt danS
sa patrie dut moins
111
surprendre que
l'indigner, sa gloire y était oubliée dé–
ja;
des conquetes plus récentes sur
d'autres points de l'Amérique et dont
on attendait de plus riches trésors,
occupaient les esprits; on n'avait plus
rien a espérer d'un homme vieux, que
la fortune setnblait avoir abandonné, et
dont tant de lon¡¡;ues guerres avaient
usé les forces. Charles le reQUt avec
froideur, sei; ministíres avec insolence.
Cortes, qui s'était assis en maltre dans
le palais de l\loctezuma, qui avait dis–
posé en vainqueur de taat ele vies et
de tant de contrées, qui, moins loyal,
pouvait placer sur sa tete la couronne
des l'Ois du l\lexique, se faire des
In–
diens un peuple dévoué, associer asa
fortune royale bon nombre de ses
vieux compagnoas d'armes, et défi er,
chef indépendant de la Nouvelle-Es-
(") Antérieuremen t
a
cette expédition,
les E pagnol;
' ' taienl procuré des rensei–
gncmenls sur la Californ ie par 11uclc¡ues
nalurcl
de Colima. M. de Humboldt a
lrom•é, daus un mannscrit conservé anx
archive: de la vice-royauté de Mexico, c¡ue
la Califomie :wail été découYerle en
1526;
il
ignore ur c¡uoi e fondc celle a serlio11. Les
extraits que l'auteur de la
Relacion delvioge
al
rslleclio
de
fuca
a fa ils des mann crils
couser\"és
a
l'académic d'hisloire ele Madrid,
par~issent
prouver c¡uc la Californie n'a pas
111cme été Yue dans l'expédition ele Diego
Hurtado de Mendoza en
1532.