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ME XI QUE.

137 .

instant pendant une marche de qua–

tre cents lieues. Enfin, le capitaine gé·

néral atteignit Nito dans le Honduras,

ou il retrouva une petite colonie d'Es·

pagnols dans un pitoyable état. Ce fut

dans cette campagne -pres d'Izancanac,

capitale de la province d'Acalan, un des

trois jours qui précéderent le carcme

de

1525,

que Cortes ternit sa gloire

par Ja mort de Quauhtemotzin. Ber–

na! Diaz, témoin oculaire de ce tra–

gique événement, va nous le raconter.

n

Ici, dit le vieux et véridique soldat,

fut le théfitre de Ja mort de l'infor–

tuné Guatemotzin, le dernier roi in–

digene des Mexicains. On disait que

ce prince et qaelques nobles de sa

'iuite avaient forme le projet d'assas–

siner les Espagnols, puis de retour–

nl'r

h

Mexico ou ils devaient réunir

toutes leurs forces et attaquer la gar–

nison. Deux nobles, qui avaient com–

mandé sous Guatemotzin pendant le

siége, révélerent ce complot. Aussi–

tot

qui!

Cortes er. eut connaissance,

il

pr1t quelques informations aupres

des deux dénonciateurs. 11 parait

QU'ils lui avouerent que,

nOUS

VO\

ant

marcher sans précaution, malades,

mécontents et mourants de faim;

qu'eux-mémes incertains de leur

d.es–

tination "et s'attendant

h

périr d'un

jour

a

J'autre, ils sºétaient décidés

a

tenter la fortune et

a

tomber sur nous

au pas age de quelque riviere, se con–

fiant daos leur nombre et dans leur

courage. Guatemotzin nía toute par–

ticipation

a

ce complot, dont il recon–

nut seulement avoir oui parler vague–

ment, sans l'encourager, ni l'approu–

' 'er. Le prince de Tacuba .(Tlacopan)

fit

la méme déclaration, ainsi que deux

nutre chef . Cependant, sans aucune

autre preuve, Cortes condamna les

mnlheurenx princes

h

étra pendus.

Tout tant préparé pour l'exécution ,

il furent amené sur la grande place

de la ville \ accomp.agnés par deux ré–

vér nd Pere qui

Ir

exhortaient.

.Mais' avant d etre mi

a

mort' le roi

se tourna ver

orte , et luí dit :

n

folintzin, je voi maintenant

a

quoi

devaient aboutir tes fau se paroles

et promesses..... ama mort.

J

'aurais dü

me la donner de mes propres mains

dans ma ville de Mexico, plutot que

de mettre ma personne en ton pou–

voir. Pourquoi me

fa

is-tu périr aussi in–

justement? Dieu te demaadera compte

de mon san¡:i;; j'espere qu'il te punira.,,

Le prince de Tlacopan ne fit que dire

qu'il était heureux de mourir

a

coté

de son souverain légitime. Ainsi finirent

ces deux grands hommes, et je dois

ajouter ces deux bons chrétiens, tres–

pie4x pour des Indiens. J'eus grande

pitié de l'un et de l'autre, les ayant

vus en si 1belle fortune et haute posi–

tion. lis furent tres-bons pour moi

pendantnotremarche; ils m'obligeaient

souvent, et me donnaient des Indiens

pour aller chercher du fourrage pour

mon cheval. Je déclare ici qu'ils souf–

frirent la mort sans l'avoir méritée,

et que leur supplice fut une grande in–

justice. Nous en jugefimes tous ainsi;

il n'y eut parmi nous qu'.une opinion

surcette cruelleet inique sentence(*). ,,

:Voila l'expressjon cl'un soldat franc et..

loyal, d'un homlne de creur et d'un

homme d'bonneur. 11 pese sur la mé–

moire de Cortes, ce meurtre abomi–

nable que ríen nejustifie. Qoe pouvaient

ces princes détronés clans les foréts

et les solitudes du Honduras, au mi··

lieu de leurs geoliers armés. Cortes,

vous avez dO voir plus d'une fois dans

vos veilles <le nuit, les regards du jeune

et brave Quauhtemotzin s'attacher sur

les votres, et vous reprocher votre

trahison; et lorsque, vieux et délaissé,

vous vous plaigniez ameremeot de l'in–

justice des hommes, une voix inté–

rieure, la voix de cette inexorable

conscience qui ne pardonne jamais , a

da venger le succe seur de l\Ioctezuma.

Les jours de tribulation, les mé–

comptes de l'ambitioo, l'i ngratitude

des hommes <lu pouvoir, les calom-

c•)

Ce tragique événement est fort longue–

meut raconlé daos la relatinn d'Ixtlilxochi1I;

il

enlre d;n de curicux délails et place la

scime

a

Teotilac , le dernier jour du carnaval

de l'année

1525

(

15

fénier). II prom•ejusqu'a

l'é,·iJence l' innoccnce des malheureux chefs

me.xicains , et la froide cruaulé de Cortes

qui u'arnit pas un seul fait

a

produire coutre

eux.