ME XI QUE.
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instant pendant une marche de qua–
tre cents lieues. Enfin, le capitaine gé·
néral atteignit Nito dans le Honduras,
ou il retrouva une petite colonie d'Es·
pagnols dans un pitoyable état. Ce fut
dans cette campagne -pres d'Izancanac,
capitale de la province d'Acalan, un des
trois jours qui précéderent le carcme
de
1525,
que Cortes ternit sa gloire
par Ja mort de Quauhtemotzin. Ber–
na! Diaz, témoin oculaire de ce tra–
gique événement, va nous le raconter.
n
Ici, dit le vieux et véridique soldat,
fut le théfitre de Ja mort de l'infor–
tuné Guatemotzin, le dernier roi in–
digene des Mexicains. On disait que
ce prince et qaelques nobles de sa
'iuite avaient forme le projet d'assas–
siner les Espagnols, puis de retour–
nl'r
h
Mexico ou ils devaient réunir
toutes leurs forces et attaquer la gar–
nison. Deux nobles, qui avaient com–
mandé sous Guatemotzin pendant le
siége, révélerent ce complot. Aussi–
tot
qui!
Cortes er. eut connaissance,
il
pr1t quelques informations aupres
des deux dénonciateurs. 11 parait
QU'ils lui avouerent que,
nOUS
VO\
ant
marcher sans précaution, malades,
mécontents et mourants de faim;
qu'eux-mémes incertains de leur
d.es–tination "et s'attendant
h
périr d'un
jour
a
J'autre, ils sºétaient décidés
a
tenter la fortune et
a
tomber sur nous
au pas age de quelque riviere, se con–
fiant daos leur nombre et dans leur
courage. Guatemotzin nía toute par–
ticipation
a
ce complot, dont il recon–
nut seulement avoir oui parler vague–
ment, sans l'encourager, ni l'approu–
' 'er. Le prince de Tacuba .(Tlacopan)
fit
la méme déclaration, ainsi que deux
nutre chef . Cependant, sans aucune
autre preuve, Cortes condamna les
mnlheurenx princes
h
étra pendus.
Tout tant préparé pour l'exécution ,
il furent amené sur la grande place
de la ville \ accomp.agnés par deux ré–
vér nd Pere qui
Ir
exhortaient.
.Mais' avant d etre mi
a
mort' le roi
se tourna ver
orte , et luí dit :
n
folintzin, je voi maintenant
a
quoi
devaient aboutir tes fau se paroles
et promesses..... ama mort.
J
'aurais dü
me la donner de mes propres mains
dans ma ville de Mexico, plutot que
de mettre ma personne en ton pou–
voir. Pourquoi me
fa
is-tu périr aussi in–
justement? Dieu te demaadera compte
de mon san¡:i;; j'espere qu'il te punira.,,
Le prince de Tlacopan ne fit que dire
qu'il était heureux de mourir
a
coté
de son souverain légitime. Ainsi finirent
ces deux grands hommes, et je dois
ajouter ces deux bons chrétiens, tres–
pie4x pour des Indiens. J'eus grande
pitié de l'un et de l'autre, les ayant
vus en si 1belle fortune et haute posi–
tion. lis furent tres-bons pour moi
pendantnotremarche; ils m'obligeaient
souvent, et me donnaient des Indiens
pour aller chercher du fourrage pour
mon cheval. Je déclare ici qu'ils souf–
frirent la mort sans l'avoir méritée,
et que leur supplice fut une grande in–
justice. Nous en jugefimes tous ainsi;
il n'y eut parmi nous qu'.une opinion
surcette cruelleet inique sentence(*). ,,
:Voila l'expressjon cl'un soldat franc et..
loyal, d'un homlne de creur et d'un
homme d'bonneur. 11 pese sur la mé–
moire de Cortes, ce meurtre abomi–
nable que ríen nejustifie. Qoe pouvaient
ces princes détronés clans les foréts
et les solitudes du Honduras, au mi··
lieu de leurs geoliers armés. Cortes,
vous avez dO voir plus d'une fois dans
vos veilles <le nuit, les regards du jeune
et brave Quauhtemotzin s'attacher sur
les votres, et vous reprocher votre
trahison; et lorsque, vieux et délaissé,
vous vous plaigniez ameremeot de l'in–
justice des hommes, une voix inté–
rieure, la voix de cette inexorable
conscience qui ne pardonne jamais , a
da venger le succe seur de l\Ioctezuma.
Les jours de tribulation, les mé–
comptes de l'ambitioo, l'i ngratitude
des hommes <lu pouvoir, les calom-
c•)
Ce tragique événement est fort longue–
meut raconlé daos la relatinn d'Ixtlilxochi1I;
il
enlre d;n de curicux délails et place la
scime
a
Teotilac , le dernier jour du carnaval
de l'année
1525
(
15
fénier). II prom•ejusqu'a
l'é,·iJence l' innoccnce des malheureux chefs
me.xicains , et la froide cruaulé de Cortes
qui u'arnit pas un seul fait
a
produire coutre
eux.