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MEXIQUE.

131

quels on porta en procession l'image

de

la Vierge. Toute l'armée assista

a

cette cérémonie avec

~rand

recueille–

ment et dévotion ; le frere Bartholomé

precba, pu is, au bruit des timbales,

des trompettes-et du canon, on rendit

graces a Dieu de la victoire.

D'autres soins vinrent ensuite oc–

cuper les vainqueurs. Croyant que de

riches trésors étaient caohés sous les

ruines de Mexico, ils se mirent a les

fouiller et ne trouverent que des cada–

vres. L'or et les bijoux ramassés daos

le sac de cette grande ville ne monta

qu'a

350,000

écus, somme bien infé–

rieure a celte qu'ils avaient partagée la

veille de la

nuit triste,

au temps de

leur premiere retraite. Les murmures

partirent alors de toutes les bouches.

Le trésorier général Al<lerete, parlant

au nom de Charles-Quint et réclamant

d'actives recherches, se montrait le

plus irrité. Les mécontents le prirent

pour leur interprete; ils soutenaient

qu_e Cortes s'entendait avec Qnaubte–

motzin, et le gébéral , pour échapper

aux suites d'une parellle accusation ,

se rendit coupable <l'un crime :

il

per–

mit qu'un des officiers du malheu–

i:_eux prince füt appliqué a

la

ques–

tion. On lui

brO.la

les preds

a

peti.t feu,

apres les avoir fro:ttés d'huile. La

douleur ne lui arracha aucun aveu.

Ses bourreaux, honteux, l'abandonne-

- rent. On prétendit qne le trésor royal

avait été jeté daos le lac, quelques jours

avant la fin da siége; on l'y cliercha

vainement, et les murmures recom–

mencerent

(*).

Cortes, pour détoumer

(•) Nous ne suivons pas

ici

les récits espa–

gnols, mais larelation de !'ludien Ixtlilxochitl

qui ne fait pas meution dusupplicedeQuauli–

temotzin. Elleparleseulementd'un officier du

roí qui eut les pieds hrulés par.ordre de Cortés,

•et dont on ne pul ohtenir aucun re1Íseigne–

meut. D'autres Mexicains, inte1•rogés, décla–

rerent que )es trésors de la

COUl'OIJOe

avaÍent

été jetés daos le canal qui servait d'écoule–

ment anx eaux du lac, ou il devenait im–

possible de les retrouver. Si l'on en croit la

meme relatiou , Cortes ne se hornn pas

a

cet acte de 'cruauté :

il

se

fit

payer par .plu–

sieurs nobles mexicains de tres-fortes som–

mes pour avoir la ll'ie sauve et u'etrc point

l'attention et occuper son monde,

,fit

partir quelques détacbements d'Espa–

gnols accompagnés d'fodiens de Tez–

cuoo, avec mission d'explorer le pays,

d'examiner les différentes lignes de

communication, et de s'enquérir sur–

tout des mines d'or et

d'a~gent.

Lui,

tonrnant les yeux sur la Mexico de

Mootezuma toute en ruines,

oit

il

ne

restait pas deux pierres assemblées,

fut d'abol'd incertain s

1

il

reconstl'Uirait

celite grande capitale sur le site qu'ellf:!

occupait.

11

s'y détermina apres mt1re

réflexion, et de l'avis de son conseil,

parce que, dit-il dai;is ses lettves, la

ville de

Temixtitan

était devenue cé–

lebre, que sa position est merveilleuse,

et que depuis plusieurs siecles tout

l'Anahuac la considérait oomme sa

ville principale, comme le ohef-lieu de

l'empire mexicain. C'était a l'est de

Tezcuco ou sur les hauteúrs qu'elle au–

rait dil etre placée, a

1

aüri des irion–

dations. C'était la que Philippe

ur

donna l'ordre ele la transporter, en

1607.

l\Iais alors la nouvelle Mexico

était déja une grande et helle cité, dont

on évaluait les maisons a

105

millions

de francs. On pnraissait ignorer a

l\'Ia–

drid que la capitale d'un grand État,

construite depuis

f

quat11e-vingt- huit

ans, n'est pas un camp volant qu'on

change

ñ

volonté. .

La vi lle de Cortes, commencée en

1524,

s'éleva rapidement sur les dé–

bris de l'ancien' Tenochtitlan , mais

plús réguliere et beaucoup moins éten–

due. La plupart des canaux furent com–

blés; de larges rues furent tracées ;

on adopta toutes les disposifions qui

restreignaient l'action des eaux, et de–

vaient faciliter un jour la réunion

a

la

terre ferme de la nouvel1e cité. On ne

s'est point écarté par la suite de l'en–

semble du plan primitif, bien que la

,plupart des édifices publios et parti–

culiers , batís alors a la hfüe , aient

été successivement remplacés par des

constructions plus solides , plus élé-

torlurés. Le chef de Tezcuco, allié des Es–

pa¡;nols,

fut

·meme obligé de rachetet son

frére, qui avait servi dan:; l'ai·mée mexicaine

et allai l ejre pendu.

9.