MEXIQUE.
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quels on porta en procession l'image
de
la Vierge. Toute l'armée assista
a
cette cérémonie avec
~rand
recueille–
ment et dévotion ; le frere Bartholomé
precba, pu is, au bruit des timbales,
des trompettes-et du canon, on rendit
graces a Dieu de la victoire.
D'autres soins vinrent ensuite oc–
cuper les vainqueurs. Croyant que de
riches trésors étaient caohés sous les
ruines de Mexico, ils se mirent a les
fouiller et ne trouverent que des cada–
vres. L'or et les bijoux ramassés daos
le sac de cette grande ville ne monta
qu'a
350,000
écus, somme bien infé–
rieure a celte qu'ils avaient partagée la
veille de la
nuit triste,
au temps de
leur premiere retraite. Les murmures
partirent alors de toutes les bouches.
Le trésorier général Al<lerete, parlant
au nom de Charles-Quint et réclamant
d'actives recherches, se montrait le
plus irrité. Les mécontents le prirent
pour leur interprete; ils soutenaient
qu_e Cortes s'entendait avec Qnaubte–
motzin, et le gébéral , pour échapper
aux suites d'une parellle accusation ,
se rendit coupable <l'un crime :
il
per–
mit qu'un des officiers du malheu–
i:_eux prince füt appliqué a
la
ques–
tion. On lui
brO.lales preds
a
peti.t feu,
apres les avoir fro:ttés d'huile. La
douleur ne lui arracha aucun aveu.
Ses bourreaux, honteux, l'abandonne-
- rent. On prétendit qne le trésor royal
avait été jeté daos le lac, quelques jours
avant la fin da siége; on l'y cliercha
vainement, et les murmures recom–
mencerent
(*).
Cortes, pour détoumer
(•) Nous ne suivons pas
ici
les récits espa–
gnols, mais larelation de !'ludien Ixtlilxochitl
qui ne fait pas meution dusupplicedeQuauli–
temotzin. Elleparleseulementd'un officier du
roí qui eut les pieds hrulés par.ordre de Cortés,
•et dont on ne pul ohtenir aucun re1Íseigne–
meut. D'autres Mexicains, inte1•rogés, décla–
rerent que )es trésors de la
COUl'OIJOe
avaÍent
été jetés daos le canal qui servait d'écoule–
ment anx eaux du lac, ou il devenait im–
possible de les retrouver. Si l'on en croit la
meme relatiou , Cortes ne se hornn pas
a
cet acte de 'cruauté :
il
se
fit
payer par .plu–
sieurs nobles mexicains de tres-fortes som–
mes pour avoir la ll'ie sauve et u'etrc point
l'attention et occuper son monde,
,fit
partir quelques détacbements d'Espa–
gnols accompagnés d'fodiens de Tez–
cuoo, avec mission d'explorer le pays,
d'examiner les différentes lignes de
communication, et de s'enquérir sur–
tout des mines d'or et
d'a~gent.
Lui,
tonrnant les yeux sur la Mexico de
Mootezuma toute en ruines,
oit
il
ne
restait pas deux pierres assemblées,
fut d'abol'd incertain s
1
il
reconstl'Uirait
celite grande capitale sur le site qu'ellf:!
occupait.
11
s'y détermina apres mt1re
réflexion, et de l'avis de son conseil,
parce que, dit-il dai;is ses lettves, la
ville de
Temixtitan
était devenue cé–
lebre, que sa position est merveilleuse,
et que depuis plusieurs siecles tout
l'Anahuac la considérait oomme sa
ville principale, comme le ohef-lieu de
l'empire mexicain. C'était a l'est de
Tezcuco ou sur les hauteúrs qu'elle au–
rait dil etre placée, a
1
aüri des irion–
dations. C'était la que Philippe
ur
donna l'ordre ele la transporter, en
1607.
l\Iais alors la nouvelle Mexico
était déja une grande et helle cité, dont
on évaluait les maisons a
105
millions
de francs. On pnraissait ignorer a
l\'Ia–
drid que la capitale d'un grand État,
construite depuis
f
quat11e-vingt- huit
ans, n'est pas un camp volant qu'on
change
ñ
volonté. .
La vi lle de Cortes, commencée en
1524,
s'éleva rapidement sur les dé–
bris de l'ancien' Tenochtitlan , mais
plús réguliere et beaucoup moins éten–
due. La plupart des canaux furent com–
blés; de larges rues furent tracées ;
on adopta toutes les disposifions qui
restreignaient l'action des eaux, et de–
vaient faciliter un jour la réunion
a
la
terre ferme de la nouvel1e cité. On ne
s'est point écarté par la suite de l'en–
semble du plan primitif, bien que la
,plupart des édifices publios et parti–
culiers , batís alors a la hfüe , aient
été successivement remplacés par des
constructions plus solides , plus élé-
torlurés. Le chef de Tezcuco, allié des Es–
pa¡;nols,
fut
·meme obligé de rachetet son
frére, qui avait servi dan:; l'ai·mée mexicaine
et allai l ejre pendu.
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