130
l.'UNIVEI\S.
déchues :
«
Général, luí <lit le monar-
9ue mexicain, j'oi fait pour ma dé–
iense et celle de mes sujets tout ce
que me prescrivait l'honneur de ma
couronne et mon devoir de roi : mes
.
dieux~m'ontété
oontraires, je suis ton
prisonnier, fais de moi ce que
t'u
vo'u–
dras. ,, Et, portant en ce moment la
.Jilai.n sur le poignard de. Oortes,
·¡¡
ajouta:
~
Frappe·moi, prends cette vie
que je regrette de n'avoir pu perdre
en ,défendant mes États.
»
Obéissant aax ·ordres de leur roí,
les Mel<icains cesserent
a
l'instant
mllme de combattre. 'lis sortire¿it de
ila ville saos armes ni bagages, et l'on
ifut étonné de 1immense quantité d'ha–
bitants q_ue l'enfel'mait .ancore la copi–
tale apres •un siége si long et si meur–
trier.
l~s
'qouvment peodant
trois
jours les r9utes voisines, et se dissé–
·minerent -ensuite sur tous les points
de l'enipire et jusque chez les peuples
voisins, dont les mreurs, la religion et
les.habitude étaient les mllmes. Tou–
tefois, plusieurs milliers d'entre eux
- furent rel.enus¡
pa~
les vainquetms qui,
se les partage ·ent comin.e esclaves.
Oortes en
lit
l'narquer un grand nom–
•bre avec un fer chaud, qu'il ré erva
•poor déblayer la ville de
es décom–
bre-s et travailler ensoite
a
la rebfitir.
·Bemal Diaz compare en ce · moment
le iriste état de l\Iexico
a
celui de Jé–
r.U!>alem apres lesiége de
la
éité sainte.
A peine un dlxieme ·de ºla ville était:it
· dehout; le re te ne
pr~sentait
qu'un
vaste amas de ruines couvertes ele ca–
. tJa,vres, ·qu'un ·inimense charnier, dont
l'otleur
ifi~11pportable
chassait vain–
"queurs ét ivaincus.
11
périt penclant
les sorxahte-quinze jours du siége (les
-peir1tures mexiéaines disent quatre–
vin¡f:ts ) cent 'Espagnols tués sur, le
champ de bataille ou sacriliés darts le
gran'dtempfe, plusieurs mllliers d'auxi–
liairesJ et suivant Berna! Diaz, d'ac–
cord'en 'Cela avec les récits des indi–
··genes, cént cinquante mi lle l'tlexicains
ou Azteques, clont le tiers mourut de
faim ou par les maladies.
Fuyant !'horrible aspect de sa con–
qullte, et l'air empesté qu'on respiTait
dans
son enceinte, Corres, apres avoir
laissé quelques Ca$tiHan pour foil'e la
poiice <1·e cette grande mine, nlla s'é–
tablir
a
Cu oacan ou Coyohuacan, jo–
lie ville
a
l'extrémité de la chou ée,
a
une lieue et demie de l\lexico. La il
réunit tous se alliés, et partagca nvec
eux le butin fait
il
Mexrco.
11
ga rda
l'or et l'or$ent. Les nobles indiens eu–
rent les p1erreries, les plume aux ri–
ches couleurs, les belles etoffes et les
meubles de prix; les soldats, les mon–
teaux, les armes et beaucoup d'objets
d'ameublement. Cortes .comhla de ca–
resses toutes ces nations américaines,
il leur garantit la liberté, il leu-r pro–
mit des terres, il les congédia en leur
laissant le choix de s'établir dans sa
nouvelle ville. Les populations voi i–
nes des !aes, azteques ou acolhues, res–
terent
a
sa disposition;
il
les employa
dans toutes les campagnes suivantes
et s'en servit fort utilernent pour sou–
mettre le reste de
l'
Anahuac. En se
rendant chez eux, les Tlasca lans pil–
lerent la belle ville de Tezcuco et dé–
trui
irent une pnrtie de ses édilices.
11
parait qu
In politique de Cortes ne
fut pas étrangere
a
cette barbarie;
Tezcuco était la seconde ville de l' m–
pire
e~ l'anciénnecapitale
d'un royaume
Jadis rival du royaume azteque. Au–
cune trace de l'ancienne mngniflcence
d pays ne devait rappeler aux indi–
genes l'indépendance qu'ils allaient
perdre pour toujours, car au vieil Ano-
. huac sans exception était réservé le
sort de l\lexico. Dans les joies de la
prise de cette derniere cité, Cuyoacan
devint le séjour des flltes mondaines
et des fíltes religieuses, Cortes
y
dor;rna
un grand diner
a
toute son armée.
Cornrne plusieurs solclats n'avaient pu
trouver place aux tables dressées, il
y
eut tout a la fois confusion et orgie.
nernnl Diaz fait un tableou fort pi–
quant de cette füte ou le scandale ne
manqua pas. Apres le diner, les sol-
. dats et les ofliciers, rev8tus deleurs ar–
mures, se mirent
a
dariser avec les
l\lexicaines presque ni.les.Les révérends
peres franciscains se formaliserent;
Córtes les pria de chanter une messe
en musique et de foire quelques ser–
mons sur Ja morale,
a
la suite _des·