Table of Contents Table of Contents
Previous Page  118 / 678 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 118 / 678 Next Page
Page Background

/

106

L'UNIVERS:

tion;

il

dissimula si bien, metne avec

ses propres officiers, que_tout le monde

demeura convaincu que c'étaient de

nouvelles troupes que la cour d'Espa–

gue mettait sous ses ordres.

Il faut mainten ant nous occuper

de cetie expé<lition de Ñarvaez si im–

portaute dans l'histoire de la con–

quete du Mexique, et qui , destinée

a

écraser Cortes au milieu de ses

triomphes, n'eut d'autre résultat que

de luí donner les moyens de pour–

suivre la guerre avec de plus grandes

chances de succes. On se rappelle qu'a- ·

yant de quitter la Vera-Cruz Cortes

fit

partir deux de ses capitaines polll"

l'Espagne, chargés de ses dépeclies et

de ses présents. Depuis neuf mois il

attendait impatiemment leur ·retour,

et avec eux la confirmation royale de

son autorité. Sans un tel pouvoir, son

état restait incertain et précaire, le

·général

d'armé~

n'étant qu'un aventu–

rier, et l'aventurier qu' un relJelle en

cas de mauvaise fortune. Cortes solli- ·

' citait aussi l'envoi de nouvelles trou–

pes;

il

avait ex pressénJent prescrit'

a

ses envoyés de se rendre directeil1ent

truit par eux de la position de Cortes

et de ses emlJarras; ils le ílatterent de

l'espoi r d' une victoire fa cile, et tui ser-

-virent d'interpretes dans ses relations

avec les naturels. 11 ne perdit pas un

moment pour s'assurer une po ition

fortifiée ; il

fit

somrner le gouverneur

de la Vera-Cruz de lui remettrn cette

place. Le ·pretre Guevara, chargé de

cette 'mission, se présenta devantSan–

doval avec toute l'insolence d'un en–

voyé qui croit parl er

a

un rebelle sans

moyens de résistance au nom du sou–

vera.in

légitime. L'attitude du lieute–

nant de Cortés fut cell e d.' un homme

de creur; pour to ute réponse il fit ar–

r eter Guevara et les

~ens

de sa suite,

et

le~

envoya charges de chalnes

a

Mexico.

L'adroit Cortes les recut non comme

d'arrogants ennemis qu'il faut punir

pour l'exemple, mais cornme des com–

patriotes malheureux

a

la

~uerre

et

qui ont droit

a

des égards;

ÍI

les déli–

vra de leu rs chalnes, il bliima Sando–

val t0ut en justifiant ses intentions, et

· en Espagne; toute relfic he

a

Cuba était

défendue. En abordant dans cette lle

malgré les orúres de leur généPal , on

peut supposer qlilils lui étaient moins

dévoués qu'a Velasquezqu'ils instruisi–

rent de tous les détails de la campagne,

de toute la richesse du pays, et du motif

<le leur voyage a Madrid. Velasquez,

honteux de son'l·ole de du·pe et pénible–

ment affecté d'avoir employé une par–

tie de sa fortune

a

l'agrandissement

de son ennemi, résolut de reprendre

par la force ce qu'il regardait c_omme

un vol fait a son autorité. Tel fut le

motif de l'armement formid able con–

fié au dévouement de Narvaez, qui

avait ordre de se saisir de Cortes et

de ses principaux officiers, de les en–

voyer prisonniers

fl

Cuba, et d'achever

ensuite, au nom de Velasquez, la dé–

couverte et la conquete du Mexiq4e.

Narvaez, apres une heureuse tra–

versée,

débarc~ua,

au mois d'avril, a

Chernpoalla. La, trois

~éserteurs,

en–

voyés

a

Ja recherche des mines de ce

tlistrict, vinrent le joindre; il fut ins-

sut si bien gap;ner les gens de Nar–

vaer. par ses m_anieres et par ses eré–

sents, qu' il .finit par les att<[cber a sa

fortun.e et app rendre d'eux tout ce

qu'il tui ímpurtait de savoir sur les

forces et le plan de campagne de son

rival. Ce n' étaient plus des Indieps

derni - nus que Cortes avait

a

com- -

battre, mais une armée qui ne le c·é–

dait

a

la sienne ni en courage ni en

rliscipline, et qui l'emportait de beau–

coup par le nombre, agissant au nom

et

par l'autorité du monarque , et com–

mand ée par un officiet d' une bravou–

r e reconn ue. Cortes avait appris qu.e

Narvaez, plus occupé de seconder le

r essentimeñt de Velasquez que jaloux

de maintenir Ja gloire dci nom espa–

gnol et l'intéret meme de sa patrie'

l'avait r eprésenté lui et ses compa–

gnons comme des proscrits coupables

de révolte envers leur· propre souve–

r ain, et d'inju ti ce envers les Mexi--::ains

. en envahissant leuy pays. ' Narvaez

s'annoncait r.omme leur libérateur. Il

était parvenu

a

fai re savoir

a

l\Iócte–

zuma qu'il venait, par ordre du roi

d'Espagne, luí rendre la liberté et le