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104

L'UNIVERS.

pieds du roí des

Espa~nols

et se. re–

connaissait son tributa1re. En pronon–

~ant

ces derniers mots, son creur se

lirisa, et sa voix &ffoiblie expira dans

des sanglots étouffés. La douleur de

son noble audito!re ne

fut

pas moins

vive; morne, silencieux, indigné, il n'é–

t ait contenu que par son respect pour

la majesté royale. Enfin, le plus an–

cien des chefs prenant

la parole :

" Prince, <lit-il, vous nous annoncez

que ·les dieux vous ordonnent d'abdi–

quer, et uous font sujets d'un nouveau

seigneur. Comrne une derniere preuve

<l'obéissance, nous nous soumettons

a

l'arret que les tl ieux nous font enten–

dre par votre bouche.

»

-A la suite de cet acte de vasselage,

Cortes réclama de l\1octezuma, comme

/

conséquence de sa nouvelle position, .

un certain tribut en or et en argent.

Moctezuma,

ave.C

une munificence

t óute royale, lui abandonna le trésor

du roi son pere que

l~on

conservait

dans le paluis meme ou logea it Cortes,

et irnquel ce dernier n'a valt point tou–

cbé. On fit d'abord la part du roi d'Es–

pagne, et le r este

fut

p1·oportionnelle–

ment partagé entre le général en chef,

ses officie1:s et ses soldats. Cortes eut

pour sa part p.lus de cent mille du–

cats.

Jusqu'alors rien n'avait troublé l'é–

t onnank prospérité des Espa1?nols;

t out le

l\Ie~ique

leur semblait paisible ;

mais les

jours d'adve

rsité n'étaient pas

loin , la

Provitlen.ce

aHait enfin leu r

faire acheter par un.e lutte :icharnée

et sanglante

la possession de cette

gramlecontrée. M.octezurna, qui s'était

préte si facilement

a

toutes les ex igen–

ccs de Cortes, ne montra[t de ferrneté

que sur ce qu i tou chuit sa religion .

Sans égard aux pi:ieres, sans crainte

des menaces, il r ejetait toute proposi–

tion de changer de culte avec. l'infl exi–

bilité d'un homme profond ément con–

vaincu. La superstition était gravéefort

avant da-ns le creur des 1\1.exicains ; leur

r eligion, établie sur un systeme complet

et régulier, ne r ess-emblait en rien

a

celles des peuµles grossiers des autres

parties de

1'

Amérique du

ord, ou des

différentes 1les

de"

l'archipel des An-

tilles. Ces uerniers abandonnaient

ai–

sément un petit nombre de notions et

de cérémonies religieuses

trop peu

fixes et trop arbitraires pour mériter

le nom de religion nationale. Les Mexi–

cains au coutraire restaient obstiné–

ment attachés

a

leur coite' quelque

barbare qu'il füt, parce <],u' il était ac–

compagné d' une solennite et pratiqué

avec une régularité qui le rendaient

respectable

a

leurs yeux.

Ce fut 1'ers le cinquieme ou sixieme

mois de J'occupation, que Cortes, tlans

un de ces acces de zele religieux dont

nous luí avons vu tant de fois donner

Je triste spectacle, se porta de sa per–

sonne dans le sanctuaire du grand

temple, et faisant briser les idoles des

dieux mexicains les

remplíf~a

par un

crucifix et les

images de la Vierge

et des saints. Depuis longtemps il

avait fait construire une cha pelle dans

l'intérieur de son quartier, ou l'on di–

sait la messe tous les matins. Dans sa

cour et en vue de -tout le monde, il

avait fait éle1'er une grande croix

comme celle de no. missions. 11 saisis–

sait toute les ocoasions d'insulter aux

symb~les

révérés du culte mexicain. Ces

actes divers d'un fonatisme fort impo–

Jitique et les avanies qu'avaient

a

sup–

porter les principaux habitant eurent

pour résultat de réunir en un seul fais–

ceau la haine et l'opposition des pre–

tres et de la noblesse, ces véritables

patriotes du Mexique. La mesure était

comblée

j

tout·le monde

a

l\lexico sem–

blait se réveiller d'une longue léthar–

gie. Les mécontents se groupaient aa –

tour des grands du roya ume dépossédés

de leurs emplois, et de tous les chefs

militaires de quelijue valeur, honteux

de l'avilissement de leur patrie et de

lenr souverain. Dans de· secrets con–

ciliabules s'agitaient

les moveos de

r ésistance. Une vaste

consjJiration

s'organisait contre la tyrannie de l'é–

tranger non-seul ement dans la capitale,

mais dans la plupart des villes impor–

t antes voisines ; différentes entreYues

ad.roitement ménagées avaient lieu en–

tre l\loctezuma et les personnages les

plus marquants. Ceux-ci n'oubliaient

rien pour luí r endre quelque énergie.