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MEXIQUE.

105

lis 'lui rappelaient sans cesse et sa

grandeur 'passée et son abaiss!'ment

actuel; ils ' ne lui cachaient pas leurs

projets hostill's et leurs moyens d'ac–

tion. Les pretres

it

leur tour venaient

lui rendre ''isitc comme

il

un prison–

nier dans les fers, ils mettaient

a

pro~

fit ses ten eu rs rl'ligieuses, et, dans -

I'intéret de l'indépendance du pays,

ils lui répétaient sans cesse que les

di eux demandaient le sang des Espa–

gnols. Toutefoi ces hommes prudents

et politiques empecbaient d' hostil es

démon trations qui, dan

l'état des

choses, eussent

inévitablement en–

trainé la mort de Moctezuma. Par

cette considération, on se résolut

a

tl'nter ª"ant tout la voie des négocia–

t ions; on se donnait ainsi le temps

d'organiser la résistance et

~'agir

avec

ensemble.

Joctezuma fit inviter Cortes a un

entretien particulier. Cortes n'enigno–

rait pas le motif. Sa police était bien

faite; Donna Marina la dirigeait habi–

Jement; elle savait tout au moyen des

intelligences qu'elle a\'ait su se créer ,

et par elle Cortes était iostruit chaque

jour de tous les projets !'nfantés.

1\1

oc–

tezuma le

re~ut

avec un visage sévere

et un ton de dignité qui ne lui étaient

pa ordinaires : "Vous ete depuis

ix

mois dans ma capitale, luí dít-il, vous

n'avez plu aucun motifpour y demeu–

rer plus longtemps. Votre mission est

remplíe; il

\'OUS

faut maintenant sou–

ger au dépa rt . Qu'il ne se fasse pas

attendre, car votre s(\reté !'exi ge; tous

mes ujets l'attendentavec impntience.

Pretres, nobles et \'assaux ont déclaré

qu'i!s ne vous

ouffriraient pas plus

-

Ion~tem ps

au milieu d'eux. Les divi–

nites que nous adorons ont aussi parlé;

elles veul ent que ceux qui les ont si

longtemps outragées soient expulsés

ou sacriliés. "

Un tel langaµ;e da ns la bouche cl'u n

bomme aussi fafb lc que

IHoctezuma

devi>nait po11r Cortes la prcuve com–

plete de la force .des oonspira teurs; et

quoiquc préparé a cette entrev ue' la

demande était si pressante et le ton

si hautai n, qu'il eu t besoi n de toute

sa présence d'esprit pour comprímer

son ot:gneil blessé ; il répondit au roi

qu'il était pret

a

luí obéir' mais que'

manquant de vaisseaux pour retoumer

da ns sa patrie, il avait besoin de ma–

tér iaux etd'hommes pouren construire

tl e nouveaux. Moctezuma, ravi d'une

obéissance

il

laquelle il n'était pas ac–

coutumé, embrassa Cortes, et, s'em–

pressant de consentir

iJ

sa demande,

il

mit sur- le-champa sa disposition les

grands pitlS d'lme foret roy<tle ''oisi ne

de la Vera-Cruz, et lui permit de dis–

poser de tous les hommes dont

il

au–

rait hesoin.

Ga~ner

du temps était le

seul but de Cortes; mais les l.\lex ica ins

n 'admettaient plus ni lenteurs ni tem–

porisations ,

l'impatience chez eux

croissai t avec la conscience de la force.

Huit jours s'étaient

il

peine écoulés

que Cortes, appelé de nouveau devant

l\Ioctezuma,

re~ut

l'ordre de se pré–

parer au départ. " Vous n'avez plus

besoin de faire construire des vais–

seaux, lui dit le mona_Eque; dix-huit

Mtiments semblables

a

ceux qui vous

ont apporté viennent d'arriver sur la

cote

j

profitez-en pour retourner tlans

'otre patrie, vou et vos soldats. • La

joie de Cortes fütvh1e a l'annonce d'une

telle nouvelle,

il

remercia Dieu de l'ar–

ri vée d'un te! secours. II se blita d'exa–

miner le peintures que les gens de

l\Ioctez uma lui av:iient envoyées, et

il

r econnut facilement les vaisseaux pour

espagnols;

il

crut qu'il

lui amenaient

des hommes et des munitions, avec sa

norn im1tíon de vice-roi -ou de capitainc

général. Cet espoir ne fut pas de lon–

gue durée ; une déileche de Sandoval,

le gouverneur de la Vera-Cruz, lui

apprit que cette fl otte de orne vais–

seaux, sept bri gantins, portant qua–

tre-vingt-cinq cavaliers, huit cents fan-

. ta si ns et plus de cinq cents matelots ,

;wec douze pieces d'artillerie et une

'

immense quantité de munitions, sous

le commandement de Pamphilo

ar–

vaez, venait en ennem ie pour le com–

battre comme vassal rebelle et traitre

a

son roi; elle étai t envoyée par Diégo

Ve)asguez, gouvern eur de Cuba. Cor–

tes était chez l\Ioctezuma quand íl re–

<,¡ut ces dépeches; mais toujours maitre

de lui, rien ne vint trahir son émo-