MEXIQUE.
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lis 'lui rappelaient sans cesse et sa
grandeur 'passée et son abaiss!'ment
actuel; ils ' ne lui cachaient pas leurs
projets hostill's et leurs moyens d'ac–
tion. Les pretres
it
leur tour venaient
lui rendre ''isitc comme
il
un prison–
nier dans les fers, ils mettaient
a
pro~
fit ses ten eu rs rl'ligieuses, et, dans -
I'intéret de l'indépendance du pays,
ils lui répétaient sans cesse que les
di eux demandaient le sang des Espa–
gnols. Toutefoi ces hommes prudents
et politiques empecbaient d' hostil es
démon trations qui, dan
l'état des
choses, eussent
inévitablement en–
trainé la mort de Moctezuma. Par
cette considération, on se résolut
a
tl'nter ª"ant tout la voie des négocia–
t ions; on se donnait ainsi le temps
d'organiser la résistance et
~'agir
avec
ensemble.
Joctezuma fit inviter Cortes a un
entretien particulier. Cortes n'enigno–
rait pas le motif. Sa police était bien
faite; Donna Marina la dirigeait habi–
Jement; elle savait tout au moyen des
intelligences qu'elle a\'ait su se créer ,
et par elle Cortes était iostruit chaque
jour de tous les projets !'nfantés.
1\1
oc–
tezuma le
re~ut
avec un visage sévere
et un ton de dignité qui ne lui étaient
pa ordinaires : "Vous ete depuis
ix
mois dans ma capitale, luí dít-il, vous
n'avez plu aucun motifpour y demeu–
rer plus longtemps. Votre mission est
remplíe; il
\'OUS
faut maintenant sou–
ger au dépa rt . Qu'il ne se fasse pas
attendre, car votre s(\reté !'exi ge; tous
mes ujets l'attendentavec impntience.
Pretres, nobles et \'assaux ont déclaré
qu'i!s ne vous
ouffriraient pas plus
-
Ion~tem ps
au milieu d'eux. Les divi–
nites que nous adorons ont aussi parlé;
elles veul ent que ceux qui les ont si
longtemps outragées soient expulsés
ou sacriliés. "
Un tel langaµ;e da ns la bouche cl'u n
bomme aussi fafb lc que
IHoctezuma
devi>nait po11r Cortes la prcuve com–
plete de la force .des oonspira teurs; et
quoiquc préparé a cette entrev ue' la
demande était si pressante et le ton
si hautai n, qu'il eu t besoi n de toute
sa présence d'esprit pour comprímer
son ot:gneil blessé ; il répondit au roi
qu'il était pret
a
luí obéir' mais que'
manquant de vaisseaux pour retoumer
da ns sa patrie, il avait besoin de ma–
tér iaux etd'hommes pouren construire
tl e nouveaux. Moctezuma, ravi d'une
obéissance
il
laquelle il n'était pas ac–
coutumé, embrassa Cortes, et, s'em–
pressant de consentir
iJ
sa demande,
il
mit sur- le-champa sa disposition les
grands pitlS d'lme foret roy<tle ''oisi ne
de la Vera-Cruz, et lui permit de dis–
poser de tous les hommes dont
il
au–
rait hesoin.
Ga~ner
du temps était le
seul but de Cortes; mais les l.\lex ica ins
n 'admettaient plus ni lenteurs ni tem–
porisations ,
l'impatience chez eux
croissai t avec la conscience de la force.
Huit jours s'étaient
il
peine écoulés
que Cortes, appelé de nouveau devant
l\Ioctezuma,
re~ut
l'ordre de se pré–
parer au départ. " Vous n'avez plus
besoin de faire construire des vais–
seaux, lui dit le mona_Eque; dix-huit
Mtiments semblables
a
ceux qui vous
ont apporté viennent d'arriver sur la
cote
j
profitez-en pour retourner tlans
'otre patrie, vou et vos soldats. • La
joie de Cortes fütvh1e a l'annonce d'une
telle nouvelle,
il
remercia Dieu de l'ar–
ri vée d'un te! secours. II se blita d'exa–
miner le peintures que les gens de
l\Ioctez uma lui av:iient envoyées, et
il
r econnut facilement les vaisseaux pour
espagnols;
il
crut qu'il
lui amenaient
des hommes et des munitions, avec sa
norn im1tíon de vice-roi -ou de capitainc
général. Cet espoir ne fut pas de lon–
gue durée ; une déileche de Sandoval,
le gouverneur de la Vera-Cruz, lui
apprit que cette fl otte de orne vais–
seaux, sept bri gantins, portant qua–
tre-vingt-cinq cavaliers, huit cents fan-
. ta si ns et plus de cinq cents matelots ,
;wec douze pieces d'artillerie et une
'
immense quantité de munitions, sous
le commandement de Pamphilo
ar–
vaez, venait en ennem ie pour le com–
battre comme vassal rebelle et traitre
a
son roi; elle étai t envoyée par Diégo
Ve)asguez, gouvern eur de Cuba. Cor–
tes était chez l\Ioctezuma quand íl re–
<,¡ut ces dépeches; mais toujours maitre
de lui, rien ne vint trahir son émo-