JJUNIVERS.
qui ne füt entierement dévoué
a
la
fortune de son chef. Narvnez, apres
avoir ''ainement essayé sur de tels
soldats des moyens de sédnction, crut
qu'il les intimiderait par la terreur;
il mit
a
prix la tete de Cortes et celles
de ses principaux ofliciers. Ses offres
et ses menaces furent également mé-
p.risées.
·
Narvaez, voyant Cortes
a
une lieue
de la ville , sortit pour le combat–
tre. La riviere· les séparait; chacun
d'eux foisait ses dispositi ons pour en
venir aux mains, lorsqu'une de ces
¡)luies violentes particulieres aux tro–
piques vint
a
tomber. Les soldats de
Narvaez se prirent
a
murmurer de ce
qu'orí les exposait sans nécessité
a
de
telles averses , et rentrerent dans
Chemp·oalla. Cortes vit des ce mo–
ment
il
quels hommes il avait affaire;
il demeura convaincu que ·J'audace
seule µouv ait le servir, qu'un coup de
main terminerait la lutte. Ce genre
de guerre convenait mieux
a
son in–
f'éri'orité relative et
a
~humeur
entre–
prena nte de ses so ldats : il !'adopta
sans hésiter. Il entre
a
minuit dans
·chempoalla, vil le ouverte et fort mal
gardée, avec ses deux cent cinqunnte
hommes armés d'épées, de poignards,
de lances, de boucliers ; 1 marche,
dans le plus profond silence, droit au
grand temple ou Narvaez avait son
quartier; Sandoval, le brave des bra–
ves, avec quatre-vingts soldats d'é–
lite en esca lad e les murailles sous une
grele de bailes et de fleches; .il ren-
' verse ce qui tente de résister, il pé–
netre dans la partie de l'édil.ice ou
i"fa rvaez s'était retranché,
il
s'empare
de sa personne, il se saisit de ceux de
ses officiers qui l' entourent et qui l'a–
vaient vaillarnment défendu, et avant
le point du jour Cortes est ma'ltre de
J'artillerie, des armes, des rnunitions
de guerre, des chevaux et de tous les
soldats de son ennemi. Narvaez,
bl essé, apres avoir combattu avec cou–
rage . est mis aux fers et envoré au
fort de la Vera-Cruz. Puis Cortes fé–
licite tous ses gens , et Sandoval sur–
tout, d'un succés qu'il n' attribue qu'a
leur valeur. Il se fait, sur-Je-champ,
reconnaltre comme capftaine géné–
ral
et
magistrat supreme par l'a1·–
mée qui était venue pour le traiter en
rebelle. Presqu.e tous les vaincus , sé–
duits par ses promesses , par ses pré–
sents, par ses manieres engageantes,
par le bonheur de sa fortune, r.onsen–
ti rent a Je suine aux memes condi–
tions que ses anciens soldats.
Le succes. de cette attaque, qui n'a–
Yait cotlté que quatre hommes au vain–
qu eur et dix-sept· au vaincu, fut si
prompt, que deux mille lndiens de Chi–
nantla, arrivés au point du jour pour se
réunir
a
Cortes, le troU1
1
érent sans en–
nemis, au milie11 de son triompbe, et
plus puissant que jamais. TI se voyait
alors maitre de dix-buit vaisseaux, bien
pourvu de munitiohs, et
a
la tete de
quinze oq seize cents soldats espa–
gnols, et de cent ohevaux.
JI
pensait
a
faire quelques expéditions sur les
cotes du golfe; tous ses préparatifs
étaient terrninés, ses différents corps
d'opération or.rranisés, lorsque de
fü–
cheuses nouvettes, apportées efl toute
hate cle i\Jexico, l'obligerent
a
se diri–
ger s11r la capitale
a
marches forcées.
De grands événements s'étaient pas-
srs daus la capita}e de l'Anahuac pen–
dant l' absence de Cortés; une cause
fort simple en apparence les avait pro–
duits. La tete du dieu de la guerre, _
du grand dieu de Mexico, amenait
chaque année, daos le mois de mai, de
publiques réjouissances auxquelles_pre–
naient part tous les ordres de l'Etnt ,
roi, nobles , pretres et peuple. Alva–
rado fut prié de perrnettre que Moc–
tezuma se rend1t au temple pour cé–
lébrer la fete. Alvarado ne vit dans
cette demande qu'un prétexte pour
faire sortir le roi de la forteresse, le
placer au milieu de ses sujets, et ten- _
ter ensuite un soulévement général
contre les Espagnols_; il refusa. J\Jais
la noblesse, ne voulant pointque le mo–
narque füt privé d'un des beaux S):leC–
tacles de la journée , de la grande
danse religieuse, résolut de l'exécuter
dans la cour meme du palais. L'as em–
blée était nombreuse et pnrée; les
plumes les plus rares, les joyaux les
plus
précieux, l'or et les pierreries