MEXIQUE.
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rétablir su11sontrone, danstouteson in–
dépendance. Ce,tte déclaration dut ren–
dre l'aristocrati e plus confiante dans
ses p1
1
ojets hostiles; les mécontents
des provinces durent se tenir préts
a
agir, l'espoir dut entrer un mornent
dans l'fime du roi !'aptif. Mais ríen ne
prou ve qu'i l ait secondé le mouvement
de sa délivrance; et cependant l'occa–
sion était belle pour lui : un mot de
sa bouche soulevait t.oute la popula–
tion, cha sait les Espagno ls, brisait
le joug yui pesait sur sa patrie et lui
rem.lait le trone. Ce rnot ne fut pas
prononcé , rnais Cortes devait le
crai ndre.
II ne faut que jeter un coup d'ceil
sur la position du généra l pour recon–
na1tre tout ce qu'elfe avait d'embarras–
sant et de dangereux; jamais le génie
de cet homme extraordinaire ne
fut
mis
a
plus rude- épreuve. S'il attend
l'arri1•ée de Narvaez
il
Mexico, sa]Jerte
est inévi table; il sera pre sé, d'un
coté , par uoe troupe double de la
sien ne, et
il
aura sur ses dei:rieres
toute la po.pulation de l\Ie>.;ico; s'il
1•end lil liberté au monarque Qaptif
pout· aller au -devant de l'ennemi avec
toutes ses forces, il perd en u jour
le fruit de sa longue campagne; sil
négocie avec Narvaez,
il
découvre sa
faiblesse et doit s'attendre
it
subir les
conditions qu'on voudra lui imposer:
il n'est pour luí qu'un parti
a
prendre,
c'est le plus hasardeux de tous, mais
le plus honorable, le parti de conser–
ver sa conquéte et son prisonnier, de
laisser une ga1,nison
a
Mexico, et d'al–
ler
_¡¡
marches forcées avec le reste
de son monde chercher et comhattre
Narvaez, alors quatre fois plus fort
que lui ; c'est
a
ce partí qu'il se dé- -
termine.
J amais le génie et le courage
n'avaient joué au jeu de la guerre
a
chances plus rléfavorables ; mais
avan t de vidcr sa querelle les armes
a
la main, Cortes veut essayer sur
Narvaez ces moyens de persuasion
qui lui out si souvent réussi : il
met le pere Olmedo, son auinonier,
dans la conlldence de ses secretes pen–
sées;
il
le
fait
accompagner de quel-
'
ques hommes pleins d'adresse, et,
convaincu que l'or est le meilleur
auxiliaire des négociations, il le charge
de - riches présents. Toutes proposi–
tions d'arra41gement furent dédaig11eu–
sement rejetées par Narvaez. Olmedo
s'y attendait., mais il avait aussi mis–
sion d'agir sur les ofticiers de son ri–
val. Cortes connaissait la plupart d'en–
tre eux; il leur avait écrit., et les
chalnes d'or et les bijoux précieu;<
dont il accompagnait..ses lettres don–
naient une haute idée de sa libéralité,
de la ricbes e du pays et du bonheur
de ceux qui s'y trouvaient établis. Ces
adroites menées luí créaient des par–
tisans , la générosité dont il avait usé
envers Guevara lui en fais;iit encare.
JI avait semé la désunion dans l'armée
de Narvaez avant de la combattre.
Le plan qu'il a!loptait l'obligeait ,
avant tout,
a
s'occuper de la conser–
vation de Mexico. Ce fut
a
une faible
garnison de cent quarante hommes,
sous le comrnandemeut de Pedro de
Al varado, qu'il confia la gc¡rde de
<¡.ette grande vi lle et celle du monarque
prisonnier.
Cortes quitta Mexico
a~
commence–
ment du mois de
mai
de l'année
1fi20,
six mois apres son arrivée dans cette
capitale. Sa mar9b_e
fut!
i;apide; elle
ne fut embarrassée ni par les
baga~es
ni par l'artill erie qu' il laissait derriere
lui; il pla<(ait tout son espoir dans la
promptitude de ses mouvements. II
. se lit fournir, par le chef de Cbinan–
tla, trois cents longues lances dout
les Indiens se ser vaient si bien contre
les rhevaux des Espagnols , se propo–
sant d'en t irer le méme pa1'ti contre
la cavalerie de son rival. Puis il s'a–
van~a
en toute diligence vers Chem–
poalla dont Narvaez s'était emparé;
il fut r ejo int devant cette place par
Sandoval et la garnison de la Vera–
Cruz. Toutes ses forces réunies ne dé–
passaient pas deux cent cinquaute
hommes ; mais cette petite troupe,
endurcie aux fatigues, aux privations
de tous genres, et bien acclimatée ,
ne comptait pas un luche, pas un
homme qui ne préférut la mort
a
la
honte de se rendre , pas un homme