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MEXIQUE.

107

rétablir su11sontrone, danstouteson in–

dépendance. Ce,tte déclaration dut ren–

dre l'aristocrati e plus confiante dans

ses p1

1

ojets hostiles; les mécontents

des provinces durent se tenir préts

a

agir, l'espoir dut entrer un mornent

dans l'fime du roi !'aptif. Mais ríen ne

prou ve qu'i l ait secondé le mouvement

de sa délivrance; et cependant l'occa–

sion était belle pour lui : un mot de

sa bouche soulevait t.oute la popula–

tion, cha sait les Espagno ls, brisait

le joug yui pesait sur sa patrie et lui

rem.lait le trone. Ce rnot ne fut pas

prononcé , rnais Cortes devait le

crai ndre.

II ne faut que jeter un coup d'ceil

sur la position du généra l pour recon–

na1tre tout ce qu'elfe avait d'embarras–

sant et de dangereux; jamais le génie

de cet homme extraordinaire ne

fut

mis

a

plus rude- épreuve. S'il attend

l'arri1•ée de Narvaez

il

Mexico, sa]Jerte

est inévi table; il sera pre sé, d'un

coté , par uoe troupe double de la

sien ne, et

il

aura sur ses dei:rieres

toute la po.pulation de l\Ie>.;ico; s'il

1•end lil liberté au monarque Qaptif

pout· aller au -devant de l'ennemi avec

toutes ses forces, il perd en u jour

le fruit de sa longue campagne; sil

négocie avec Narvaez,

il

découvre sa

faiblesse et doit s'attendre

it

subir les

conditions qu'on voudra lui imposer:

il n'est pour luí qu'un parti

a

prendre,

c'est le plus hasardeux de tous, mais

le plus honorable, le parti de conser–

ver sa conquéte et son prisonnier, de

laisser une ga1,nison

a

Mexico, et d'al–

ler

_¡¡

marches forcées avec le reste

de son monde chercher et comhattre

Narvaez, alors quatre fois plus fort

que lui ; c'est

a

ce partí qu'il se dé- -

termine.

J amais le génie et le courage

n'avaient joué au jeu de la guerre

a

chances plus rléfavorables ; mais

avan t de vidcr sa querelle les armes

a

la main, Cortes veut essayer sur

Narvaez ces moyens de persuasion

qui lui out si souvent réussi : il

met le pere Olmedo, son auinonier,

dans la conlldence de ses secretes pen–

sées;

il

le

fait

accompagner de quel-

'

ques hommes pleins d'adresse, et,

convaincu que l'or est le meilleur

auxiliaire des négociations, il le charge

de - riches présents. Toutes proposi–

tions d'arra41gement furent dédaig11eu–

sement rejetées par Narvaez. Olmedo

s'y attendait., mais il avait aussi mis–

sion d'agir sur les ofticiers de son ri–

val. Cortes connaissait la plupart d'en–

tre eux; il leur avait écrit., et les

chalnes d'or et les bijoux précieu;<

dont il accompagnait..ses lettres don–

naient une haute idée de sa libéralité,

de la ricbes e du pays et du bonheur

de ceux qui s'y trouvaient établis. Ces

adroites menées luí créaient des par–

tisans , la générosité dont il avait usé

envers Guevara lui en fais;iit encare.

JI avait semé la désunion dans l'armée

de Narvaez avant de la combattre.

Le plan qu'il a!loptait l'obligeait ,

avant tout,

a

s'occuper de la conser–

vation de Mexico. Ce fut

a

une faible

garnison de cent quarante hommes,

sous le comrnandemeut de Pedro de

Al varado, qu'il confia la gc¡rde de

<¡.ette grande vi lle et celle du monarque

prisonnier.

Cortes quitta Mexico

a~

commence–

ment du mois de

mai

de l'année

1fi20,

six mois apres son arrivée dans cette

capitale. Sa mar9b_e

fut!

i;apide; elle

ne fut embarrassée ni par les

baga~es

ni par l'artill erie qu' il laissait derriere

lui; il pla<(ait tout son espoir dans la

promptitude de ses mouvements. II

. se lit fournir, par le chef de Cbinan–

tla, trois cents longues lances dout

les Indiens se ser vaient si bien contre

les rhevaux des Espagnols , se propo–

sant d'en t irer le méme pa1'ti contre

la cavalerie de son rival. Puis il s'a–

van~a

en toute diligence vers Chem–

poalla dont Narvaez s'était emparé;

il fut r ejo int devant cette place par

Sandoval et la garnison de la Vera–

Cruz. Toutes ses forces réunies ne dé–

passaient pas deux cent cinquaute

hommes ; mais cette petite troupe,

endurcie aux fatigues, aux privations

de tous genres, et bien acclimatée ,

ne comptait pas un luche, pas un

homme qui ne préférut la mort

a

la

honte de se rendre , pas un homme