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110

L'UNIVERS.

sa volonté ne lui appartenait plus, ne

trouvait hen de mieux

a

!aire que

d'affamer ses oppresseurs

?

Alval'ado

fut réprimandé ; i l soutint que les no–

bles et les pretres conspiraien t contre

lui, qu'ils se proposaient d'enlever

l\:Ioctezuma pour le mettre

a

la tete

du mouvement, et qu'en les

frappa n~

en masse il n'avait fait que les pré–

venir. Cortes , dont nous connaissons

le coup d'ccil juste et prompt, dut etre

.d'autant plus ii-rité d'u11e telle con–

du1te, qu'il vit des le premier jour de

son arrivée toute la violence de .l'o–

ra0e qu'elle soulevait contre luí, et

s·if

se contenta de blamer sans punir,

c'est qu'il ne voulut point se faire un

ennemi du plus brave de ses ofliciers,

au moment ou it allait avoir

si

grand

besoi n de ses services dans la lutte qui

se préparait. Son arrnée, en y com–

prenant les Indiens alliés,

s~

montait

a neuf mille hommes; elle éta it caser•

née dans les béltirnents contigus au

palais. La faim se faisait sentir

a

cette

.multitude. Les marchés restaient dé–

serts; quelques-uns des pri11cipauxper-

sonnages du p¡¡ys, qui

avaie1~t

quel-

. qu e influence sur le ¡ieuple, étaient en

prison. Cortes crut qu'en teliichant

le frere du roi

il

allait se créer un ap–

pui aupres des révoltés. Il ne

fit

que

leur donner un général habile, qui

contribua puissamrnent aux mauvais

jours des Esp;:tgnols. Nous y sommes

maintenant arrivés.

Des le lendemain du retour de Cor–

tes, le mouvement de résistance or–

ganisé depuis longtemps prit un carac–

tere général. Il venait <l'écrire

a

la

Vera -Cruz pour annoncer son arri–

vée, lorsq1_J'un de ses gens le prévint

en toute hate que les Indiens accou–

raient en armes. On entendit aussioot

leurs cris sauvages et le sifflement des

pi erres que les frondes foisaient voler

de toutes parts. Ordaz ,

char~é

de les

repousser, se vit attaqué de tront, et

sur les fl anes , du haut des terrasses.

:Blessé

et

forcé de se replier avec

une perte de vingt - trois hoinmes,

quelques coups de canon dirigés sur la

foule protégerent sa retraite et le quar–

tier de Cortes qui fut sur le point

d'etre pris d'assaut. Le lendemain,

meme acharnement des deux cOtés '

merne boucherie. L'artillerie

fit

de

larges trouées au milieu des masses

entassées dans les rues étroites ; eeux

qu'elle n'atteiguait pas d'abord se je–

taient au · devant de la mi traille,

et

tombaient

a

l'eur tour comme l'herbe

sous la faux du moissonneur. Les

morts étaient sur-le-champ remplacés

par de nouveaux combattants animés

du meme désespo ir. Aussi , ditle vieux

Berna! Diaz, eussions-nous été dix

milíe comme Hector le

1~royen

ou le

preux Roland, nous n'en seri'ons pas

venus

a

bout; leurs dards , pierres et

fl eches nous causaientgrand domrnage;

et les anciens soldats yui avaient été

aux guerres d'Italie disa ient tout

haut que l'artillerie du roi de France

n'était pas plu9'a craindre que la furie

de ces Indiens. Elle était chose nou–

velle et surprenante pour les Espa–

gnols; ils croyaient ces peuples

fa~on­

nés au joug et comme endormis dans

)'obéissaoce passi1

1

e; ils ne s'atten–

daient nulfement

a

leur terrible ré–

veil. Les soldats recrutés parmi ceux

de Narvaez, qui s'imaginaient n'aller

qu 'an pillage dn Mexique, n'étaient

pas moins trompé dans leurs espé–

rances. l\Iais' ce n'était l'heure de la

plainte pour personne, il fallait agir,

il fallait sortir de cette

~rande

ville de -

l\Jexico, qui paraissai t a tous comme

une tombe béante qui réelame sa

proie.

Dans cette grave circonstance, Cor·

tes se montra le plus brave soldat de

l'armée : il comrnanda de sa personne

dans to utes les sorties; il fut toujours

a

la tete des siens,

Ja

ou le danger

était le plus grand. Habile dans l'art de

Ja guerre, il n'oublia rien de ce qui

pouvait contribuer

a

la défense

et

di–

minuer les chances du <langer.

II

fit

construire quatre machines que les Es–

pagnols appe'llent

mantas,

espece de

parnpets roulants et couverts,

i'l

!'aide

desquels les travailleurs, llrmés debar-

. res de fer, 'approchaient ues maisons,

sa1ls crainclre les projectiles lancés du

baut des terrasses, et les démolissaient

ou

y

mettaient Jefeu. Ces petites tours