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~E

XIQUE.

.111

.

mobiles renfermaient encor.,e un certain

nombre de tirailleurs protégés par un

revetement. Plusieurs quartiers furent

brOlés, plusieurs ponts pris et aban–

donnés; ca1.., dans

ce~te

lutte achar–

née, les masses ennemies se renouve–

lant sans cesse fini ssaient par refoulc1·

les Espagnols dans leur forteresse.

Plus d'une.fois les Mexicains y mirent

le feu, et il fallnt d'incroyabl es efforts

et le sacrifice de plusieurs batiments

pour se rendre maitre de !'incendie.

On comptait, des le troisieme jour,

plus de quatre·vingts Espagnols hors

de combat, et quelques centaines d'Jn–

diens alliés tués ou IJ!essés; du cóté

des Mexicains; des milliers de morts

jonchaient la.terre.

Pendant une de ces journées de car–

nage, i\'loctezuma, monté sur une des

hautes tours du palais et contemplant

le vaste champ de bataj.lle, aperi,;ut,

au milieu. des troupes mexicaiRflS , son

frere Cuitlahuatzin revetu des insi gnes

de commandant en chef. A cette vue,

il

fut

saisi d'une grande tristesse. Sa

captivité tui parut plus affreuse et son

avenir plus effrayant. ]! voyait d'un

coté la perte de sa couronne et son

frere roi, de l'antre, sa ca¡¡itale dé–

truite et les étrangers maltres du pays.

Leur prompt départ lui,. parut le seul

moyen ele salut. 11 se Tendit sur-le–

champ aupres de Cgrtes pou1· le · lui

proposer; et celuÍ-ci , quelque regret

qu'il éprouvat d'abandonnei· une con–

trée qu'il 1:egardait comme sa conquéte,

vaincu par les circonstances et cédant

a

l'impérieuse nécessité' promit de

quitter la ville aussitot que les Mexi–

cains auraient mis bas les armes. Cette

condition, que le chef d' une poignée

de soldats sans vivres, sans munitions,

et traqués au miliell d'une cité popu·

leuse' prétendait imposer

a

cent mille

hommes vainqueurs' équivalait

a

un

refus, et Moctezuma, sans autorité,

n'avait certes pas l'espoir de la faire ac–

cepter.

La conférence entre les deux chefs

se terminait sans résultat, lorsque les

sentinelles de Cortes firent entendre

le cri cl'alarme. Les l\Iexicains mon–

taient

a

l'assaut de taus cotés; déjales

murailles étaient franchies, malgré le

feu vif et soutenu de l'artillerie·et de

la mousqueterie, et l'ou combattait

corps a corps dans l'intérieur de la for–

teresse. Dans ce terrible moment,

Moctezuma vit tout le danger de sa

position et de oelle de Cortes;

il

crut

que sa présence pourrait arré.ter la

fu–

reur de ses sujets;

il

se revetit de ses

habits royaux , et, accompagné de ses

ministres et de deux cents Espagnols,

il

parut sur la principale terrasse du

palais. A la .vue de Ieur roí ; les assié–

geants s'arreterent soudainement.Quel–

qu es - uns d'entre eux se mirent ·a ge–

noux;

jJ

se

fit

un ·grand silence; et -

alors , d'une voix forme et haute, le

rói s'¡idressaflt a la foule: "Mexicains,

leur dit-il, si votre zele pour man ser–

vice et le désír de me rendre la liberté

vous ont fai,t .prendre les armes

contr~

ces étrangers , je vous remercie de

votre fidélité; mais je vous dais la vé–

rité; je ne suis point prisonnier, je

suis libre d' habiter

~e

palais de man

pere ou de retourner dans le míen. Si

vous etes irrités par

fa

présence d.e ces

hommes, calmez votre colere, leur

chef vient de prendre son l}ieu

a

té–

moin qu'il partirait aussitot que vous

aurez posé les armP,s. Cessez done de

combattre, ou je eroi·rai que vous

obéissez

a

un autre qu'a moi. Alors

tremblez, car les dieux punissent les

parjures. ,,

·Le roi cessa de parler, et le silence

. continua pendant quelques moments :

tout a coup une voix 'partant du mi-·

· li eu de la 'foule s'écria :

«

Roi des Az–

teques, vous étes un )fiche , un effé–

miné' vous valez mieux

a

manier

l'aiguille oomme les femmes qu'.a gou–

verner une nation de braves. Vous

etes prisonnier de ces étrangers et

vous n'osez l'avouer. " En finissant

ainsi,

l' homm~

prjt son are et

lan~a

une de ses fleches sur le :i:oi; alors un

t errible murmure sortit de oos mas–

ses irritées; tout le peuple répéta les

reproches de l'aud:icieux l\'Iexicain, et

des nlllliers de pierres et de fleches

fu–

rent en méme temps dirigées contre

l'infortuné monarc¡ue qui, atteint

a

111

tete, au bras et a

l~

jambe, tomba

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