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L'UNIVERS.
ques JOurs auparavant, élevaient alors
qu'il se
proposait.departir sans retard.
ses vertus jusqu'aux cieux et ne taris-
On eut
ensuite a déli bérer si
1'011
se
saient pas sur ses grandes 'qualités. Le mettr\jit en marche dejour ou de nuit.
corps fut porté au milieu de la place On préféra ce dernier parti , daos l'es–
de Copalco ou s'élevait le bacher. La
poir que les idées superstitieuses des
noblesse y vint pleurer suivant l'usage, Mexieains les retiend
raient dans l'inac–
puis les cendres furent recueillies dans
tion apres le coucher
c.lusoleil, et sur
un vase et enterrées avec pompe. On
la
fo1 des prédicti
onsd' un soldat
n'oublia rien du cérémonial observé
nommé Botello, qui passait pour ha–
aux obseques des rois.
bile
astrolo~ue,
et dans la science du-
La mort de l\loctezuma était l'évé-
quel, selon !'esprit du temps, Cortes,
· nement le plus fücheux qui pdt arriver
non moins que ses compagnons, met–
a Cortes, daos les graves circonstan-
tait une certaine confiance. Ce Botello
ces ou il était engagé. Elle lui faisait
promettait un succes complet. De
perdre tout espoir de· transiger avec
vieux militaires redoutaient urle mat·–
les lHexicains; elle le privait d'un pro-
che nocturne
~ur
un terrain coupé, en
tecteur et d'un otage précieux ; ses
présence d'ennemis nombreux aux
forces ne Jui permettaient plus d'en-
aguets. lis prétendaient aussi que l'on
treprendre sérieusement la conquete
n'était point en mesure de franchir les
d'une grande vi lle ou le nombre des
fossés avec un pont aussi lourd, aussi
combattants croissait d'heure en heure
peu transportable, et qu'on devait suc·
par les troupes frafohes qui ·arrivaient
comber si l'on était sérieusement at-•
des provinces. Il ne lui re tait de sa-
taqué. On recennut bientot que leur
lut que dans la retraite;
il
s'y déter-
expérience valait mieux que les pro–
mina. l\Iais fermement résolu a reve-
mes es de l'astrologue.
nir avec une armée plus nombreuse,
La nui du
1°··
juillet (1520)
fut
sous le prétexte de venger la mort de
fixée pour Je départ. Quelques heu–
Moctezllma, il vo1,1lait que cette re-
res auparavant, on avait envoyé deux
traite donnat encore une haute idée
prisonnier
au chef enn emi , sous
de la supériorité des Espagnols. 'fels
prétexte de hfiter Ja condusion d'une
étaient s-es projets, lorsqu' un nouveau
suspen ion d'armes , mais dans
le
mouvement de l\frxicains, en Je rap-
but réel de détourner son atten-
l
ielant · de nouveaux combats , vint
tion, et de lui faire croire qu'ou
ui prouver que tous les calculs de Ja
attendait tranquillement sa répon . e.–
prudence et de J'at·t militaire peuvent Cependant on ne perdait pas un mo–
échouer devant lé sauvage ·désespoir ment pour commencer la retrnite. Cor–
d'un peuple qui défend ses dieux et
tes, par ses soins et ses précautions,
ses foyers.
,
semblaít tout embrasser. Deux cents
Cortes aurait eu besoin de quelques
Espagnols, vingt cavaliers et les
1~eil
jours pour ses préparatifs de départ,
!eurs soldats tlascalans composa1ent
mais il demeura bientot convaiucu
l'avaut-garde sous les ordres <le Sando–
qu e tout délai profiterait plus
a
son
val. L'arriere-garde, plus nombreuse,
ennemi LJU'a lui-meme. Sur tous les
fut confiée aux officiers. venus aver
points , les
l\'lexicains élevaient des Narvaez; elle avait j>our chefs Alva–
barricades, rompaient les chaussées,
rado et Velasquez de Léou. Cortes
et coupaient toute
communication • comrnandait leceutre, ou étaient plaeés
avec le continent. Lui , sans perdre
l'artillerie, les bagages et les
priso~de temps, fit construire un pont mo-
niers, parmi lesquels on remarqua1t
hile de grosses soli ves et de planches
un fils et deux filies de l\loctezULna, et
épaisses ,
a
l'aide duque! l'artilleri e et . quelqu es seigneurs mexicains. On avai1
les bagagesde l'arméedevaientfranchir
fait le partage du trésor de l'armée'.
les fossés. Ce travail fait, il réunit ses
Cortes voulait abandonner tout ce qm
officiers en conseil , exposa la situation
n'appartenait pas au roi; ses soldats ,
critique ou l'on se trouvait,
anuon~ant
au contraire, ne voulurent Jaisser que