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116

L'-UNIVERS.

de se voir encore entouré de ses braves

capitaines Sandoval, Lugo, Olid , Or–

daz, Avila, Al varado, ql]i avaient

échappé

a

la mort' le dernier surtout

d'une. maniere presque miraculeuse,

en francbissant tout d'un saut, ap-

. puyé su r sa lance, la dern iere breche

de la chaussée. Aupres de Cortes, on

revoyait aussi l\Iarina, Aguilar, et le

P. Olmédo, si nécessaires pour tra–

v.erser le territoire des nations incon–

nues ou suspecte , et se concilier les

peu pl es dont on allait rechercher l'as–

sistance. Il eut encore un bonheur au–

quel il ne s'attendait pas. Les Mexi–

cains lui donnerentletemps <le respirer.

Au lever de l'aurore , ils avaient aperen

parrni les morts, sur le champ de ba–

taille dont íls étaient restés les mai–

tres , un fils et deux filies de 11rocte–

zuma, prisonniers des Espagnols. Un

tel

pectacle les

g la~a

d'effroi.

lis

craignirent, en lais ant ces illustre!J

morts sans sépultL\re, de

joindr~

l'im–

piété au régicide. Le nouveau roi fut

foroé de s'a socier

a

la douleur publi–

que, de su pen,dtre toute

les ho tili–

.tés, et de donner l'ordre eles funérailles

avec tout le cérémonial en u age pour

Ja fomille royale.

011

ernploy:i

a

ces

pornpes fuµebres un temp qu'on de–

vait au salut de la patrie; et Cortes

eut quelques heures pour réorgani er

un peu les tristes débris de sa peti te

armée.

. Tlacopan, tres-peuplé, n'était pas

une pl ace tenable pour elle; Cortes prit

position sur une hauteur voisine, et

se fortifia

a

la bate dan un temple qui

dominait ce point élevé. Acette heure,

dit-il, nous n'avions pas un fantas in

qui püt se remuer, pas un cavalier qui

püt allonger le bras. Les .l\Iexicains ne

l'avaient pas laissé occuper cet éd ifice

r~ligieux,

consacré

a

la divinité qui

présidait aux moissons, san le harce–

ler vivement. lis lui avaient di puté

le terrain pi ed

a

pied, et fait éprouvcr

de nouvelles pertes. Sa joie fut vive de

trouver un abri dans cette encei nte

spacieuse et llanquée de tours; et lesou–

venir s'en conserva si bien dans sa

mémoire, qu'apres la conquete il y

fit

élever une chapelle dédiée

a

la Vierge

de bon secours ( de los remedios ). Les

ennernis, apres avoir inutilement es–

sayé de l'en chasser pendant lejour, se

retirerent' suivant leu r usage'

a

l'en–

trée de la nuit. Des Otomies, qui oc–

c.upaient deux harneaux voisins, ou ils

su pportaient impatiemment

lejou~

de

lHexico, appoherent quelques provi–

sions

a

ses soldats affamés.

Tlascala était le seul point ou Cor–

tes put se retirer, ou il eüt l'espoir

de rencontrcr des alliés

fideles et

les

. ecours de

tout genre qui

lui

étaient indispensables pour continuer

la guerre. Un des soldats de cette na–

tion s'offrit

a

lui servir de guide. ll n'y

avait pas de temps

a

perdre. Cortes se

mit en marche au

m~lieu

de la nuit,

malgré le déplorable état de ses gens.

ll se réserva le commandement de l'ar–

riere-ganle. II faut voir da ns sa douzié–

me lettre ce qu il eut

a

soutenir decorn–

hats, a supporter de fatigues,

a

vaincre

de difficultes dans cette longue retraite

ou il était obligé, pour atteindre le

tep·itoire de Tlascala, de cotoyer le

lac

a

l'ouest, de le tourner au nord'

et de e diriger ensuite

a

l'est, mar–

chant toujours au mili eu d'un pays

insurgé,,

~ns

vivres, sans munitions.

Jarnais le.,c¡qurage et la per évérance

u'avaient

ét~ trnis

fi

plus rude épr•:mve.

Dans les env irons de Zacarnolco, vi lle

considérable, les Espagnols furent si

vivement attaqués qu'en un moment

la terre se trouva couverte de pierres

et de fl eches. Le général recut deux:

blessures

iJ

"la

tete;-qu elques soldats y

furent également blessés. lis nous

tuerent enco re une jument, <lit Cor–

tes, ce qui nous

fit

grand' peine

fi

per–

dre, car, apres Dieu , nous mettions

toutes nos espérances dans nos che–

vaux.

ous nous conso lfi rnes de cette

perte en la rnangeant ju qü'a la peau;

nous n'av ions pos meme

a

suffire de

rna"is cuit ou grillé. Les Tlascalans se

jetaient

a

terre et broutaient l'berbe

dr.s champs, en prian t piteusernent

·Jeurs dieux: de ne point les aban–

donrier.

Voyant que l'ennemi·croissait cbaque

jour en nombre , et que les Espagnols

diminuaient

a

vue d'o::il, Cortes

fi.t