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· MEXIQUE. ·

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faire des béquilles pour que les blessés

pussent suivre Ja colonne et se défendre

au besoin. Cette précaution, dont

il

attribue l'idée

a

!'esprit saint, sauva

quelques heures apres bon nombre des

siens.

J,e jom; suivant,

il

continuait sa

marche par les montagnes d'Aztaque–

mecan , lorsq_u'en débouchant daos Ja

large vallée ou s'éleva_it alors la ville

indienne d'Otompan,

il

apercut l'ar–

mée ennemie se dévelo']>pant' sur un

grand espace. Elle l'attendait disposée

en ordre de bataille. Solis porte

a

deux

cent mille hommes cette multitude

cl'Indiens , réunion de tous les peuples

alJiés de Mexico, qui habitaient au

nord et

a

l'cst des !aes L'évaluation

de Solis est tellement exagérée, qu'en

i>ortant cette masse

a

cinquante mille

hommes, on peut se cr-oire encore fort.

au-dessus de Ja vérité. Depuis deux

ou trois jours les

E~pagnols

enten–

daient souvent répéter autour .d?eux

par les petits détachements qui les har–

celaierrt : Avancez, misérables, venez

recevoir la récompense de vos crimes.

On avait maintenant l'explica\ion de

cette phrase mystérieuse. A la vue de

cette form_idable armée , déployant

ses immenses ailes pour enveloplJer la

pe.tite troupe de Cortes qui, dans l'état

déplorable ou elle se trouvait, ressem–

blait assez

a

un bataillon d'invalides

en voyage , les plus intrépides ne

purent se défendre d'un mouvement

de

crainte. "Nous regardions cette

journée, dit le géuéral, comme

la

der–

niere ,cJe notre vie, tant nous étions

faibles , taut nos ennernis éta.ient fruis

et vigoureux; eux pleins d'ardeur et de

confian«e, nous presque tous blessés,

m9urant de faim et de fatigue.-,, Cor–

tés, s'a¡.iercevant qu'il régnait quelque

hésitation dans &.es rangs, s'écria de

cette voix formidable qui m·ait tant

d'cm1)ire sur ses vieux compagnons,

et qui savait si bien prophétiser la vic–

toire: "Amis, le moment est arrivé

do vaincre ou de périr

!

Castillans,

4

point de foil.Jlesse

!

placez votre con–

fiance dans le Dieu tout-puissant, et

marchez e_n avant comme des hommes

de cceur. ,, Ses capitaines, de.leur coté,

ne montrerent ni moins de confiance,

ni moins d'aodace. Les soldats répon–

dirent par Jeurs acclamations, tous in–

voqucrent Jésus-Christ, la vierge Ma–

rie et le bienhet¡reux saint Jacques, et

l'attaque commenca. En peu d''instants

la melée devint genérale. Quatre heu–

res durant , Indiens allies de Mexico,

Espagnols et Tlascalans combatti–

rent avec un égal acharnement; les

premiers excités par tout ce que le

sentiment de la vengeance peut donner

d'énergie; les seconds_, par tout ce que

peut inspirer l'·honneur militaire et le

besoin d'échapper

a

un grand danger.

L.os

Espagnols rompirent plusieurs

fois les masses ennemies dont ils fai–

saient un horrible carnage. Les

In–

.diens, saos se décourager, renipla-

~aient

sur-le-champ les morts par de ·

nouveHes troupes, et revenaient

a

la

charge. Cette poignée de héros castil–

lans diminuait

a

vue d'reil, et ne poQ–

vait réparer ses pertes. Le moment .

n'était pas éloigné ou elle allait dispa–

ra1tre entierément, accabtée par le

nombre. Dé

ja

le découragement

~agnait

les plus braveS', Jorsque Cortes prit

uné de ces résolutions soudaines qui

font le destin

d~s

batailles. 11 se rap- ·

pela que les arrnées mexicaines p1·e–

naient Ja fuite aussitot qu'elles avaient

vu tofnber leur général, et que l'éten- -

dard :coyal était enlevé. En ce mo–

ment,

il

apercut Je général ennemi paré ·

de ses riches· habits militaires, ayant

au bras un bouclier d'or, et porté sur

une espece de brancard par quelques–

uns de ses- 6fficiers. L'étendard de

l'empire était attaché derriere lui, et

s'élevait de clix palmes au-dessus de sa

tete. «Allons

a

cet homme, et finissons–

en,,, dit t:ortes

a

Sandoval, Avi la, 9lid,

Al varado, et

a

quelques cavaliers qui

se trouvaient pres ele luí : aussitOt,

suivi de ces braves,

il

pousse son che–

val en avant, il frappe,

il

abat tout

ce qu'il re¡icontre ,

il

se fait jour

au milieu des masses ,

il

parvient ,

jusqu'au chef eunemi, il le renverse

d'un coup de lance._Au meme instant,

Juan de Salamanca, intrépidc cavalier,

saute

a

terre' acheve le l\Iexicain , en–

Jeve son brillant panache, s'cmpare de