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MEXIQUE.
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i<lée exacte des points visités par les
en\royés 'espagnols. Les uoms de lieux
y
sont tellement défigurés ,. qu'il est
assez sou\•ent irnpossible de les iden–
tilier. Nous tl'ouvons toutefois dans
cette partie de la cone pondance du
générai un fuit fort curieux, qui prou–
ve que les Mexicains ou Azteques n'é–
tai ent point étrongers, comme nous
l'ar·ons déjil dit, aux procéclés de Ja
cartograph ie. Cortes, tres-cm pressé de
savo ir s'1 l existait sur la cilte qui borde
le gol
fe
du Mexique quelques r ades,
an es, baies et Jarges embouchures de
rivieres ou les b!.lti111ents, venant des
11es ou d'Europe, pussent mouiller
en süreté, s'adressa
ii
'.\loctezuma,
qui lui promit de faii:e dessiner toute
la cote et de fournir des guides pour
accompagner les Espagnols qu'il char-·
gerait de l'examiner. Cette prornesse
1ut promptement remplie : une carte,
tracée sur une espece d'étoffe de co–
ton , fut remisa
ii
Cortes, et le récit
de ses
~ens
confirma sur la plupart des
point les indications. des dessinateurs.
Les Es1,agnols s1:1ivireut le rivage ma–
ritime, a partir du port !le Saint-Jean
oli le général avait débatqué, jusqu'a
soixante et quelques lieues de la.
113
trouverent enfin, conformément au
tracé de Ja carte, une rivi.ere beaucoup
plus large que les nutre , qui se rendait
il
lamer; ell e conservait deux brasses et
demie de profondeur
ii
son emboúchu–
re. lis la remonterent pendant douze
lieues dans des canots que leur four–
nit le gouverneur de la province. lis
ohtinrent des renscignemeots sur on
cours supérieur et sur le pays qu'elle
traversait, pays plat, bien peuplé, tres–
fo1'tile, et produ1sant toutes les choses
ni>cessaires
il
la vie. Les hahitaots de
cette province n'étaient pas sujets de .
loctezuma, mais ses ennemis. Le chef
en permit l'entrée aux F.spagnols et la
defendit
a
l'escorte mexicaine. II avait
d~ju
entendu parlar de Cortes par les
habitants de Pontonchan, ses nmis ,
et il lui envoya une ambassade pour
réclamer son alliance et e r econnaitre
tributaire.
Cette dispo ition des esprits chez
les peuples voisins, gage de sécurité
pour Cortes, ne
l'emp~cha
cependant
P.ªsde songer aux jours du danger;
11 vou lut rester ma'ttre du lac pour as–
surer sa retraite dans le cas ou les
Mexicains, par impatience du joug,
pr,endraient les armes contre lui et
rompraient les ponts ou les chaussées.
Moctezuma vint encorr. a son aide;
Cortes, en l'ent,retenant de la marine
européenne et de l'art merveilleux de
J:i
navlgation, lui
fit
désirer de voir
ces palais mouvants qui, sans le secours
des rames , marchent -et se dirigent
sur les eaux. Cortes promit de lui pro–
curer un tel spectacle s'il voulait faire
trnnsporter a Mexico une partie des
agres de la flotte déposés a la Vera–
Cruz, et employer quelques - uns de
ses gens a couper et a préparer les
bois nécessaires. Le roi s'empressa de
donner les ordres demandés. Les ma–
t ériaux furent apportés avec une in–
concevable célérité, et les charpentiet·s
espagnols eurent bientot coosiruits
deux bri gantins qui furent pour le
1110-
narque prisonniet· un frivole amuse–
ment, et pour Cortes une rcssource
ass•.1rée dans. Ja mauvaise
fortune.
Enhardi par tant de preuves de la sq u–
mission servile de Moctezuma
a
tou–
tes ses volontés, Cortés osa le mettre
a une épreuve encore plus forte; il le
pressa de se reconnaítre vassal du roi
deCilstilleet de lui
payer~ribut
cornme
au descendant direct de Quetzalcoatl,
ce roi mystérieux de l'ancien Anabuac.
1\foctezuma se soumit encore
a
cet hu–
miliant sacrifico.
11
réunit sa no–
blesse et pnrut devant elle
a~is
sur
son trone, dans le morne abattemen t
d'un roi qui joue le derniel· róle d'une
abdication forcée;
il
l'entretint des
vieilles traditions, il reconnut les Es–
pagnols pour le peu ple qu'elles dési–
gnaient et
le ro1 d'Espagne pour le
représentant légitime de ce. monarque
législateur du vieux Mexique. Puis il
r
raconta les phénomenes observés dan s
le ciel, et lrs interprétations des pre–
tres qui s'accordaient
a
reconnaitre
que les temps marqués pour l'accom–
plissement de ce grand
événement
étaient arrivés; puis il finit par dé–
clarer qu
1
il mettait sa couronne aux