6.a
LETTRES
flmes ramer de ce coté-la. Nous en étions
a
pres
de
deux cents pas , lorsque mettant la main dans
l'
eau ,
nous sentimes que plus nous approchions, et plus
elle devenoit chaude. Nous jetames la sonde. Toute ,
1a
corde , longue de quatre-vingt-quinze brasses , fut
employée sans qu'on trouvat de fond. Pendant que
DOUS
étions
a
délibérer si nous irions plus avant
OU
SÍ
nous retournerions en arriere,
la
grande bouche vint
a
jouer avec son fracas et son impétuosité ordinaire.
Pour comhle de disgrace , le vent qui étoit frais ,
porta sur nous le gros nuage de cendre et de fumée
qui en sortit. Nous fümes heureux qu'il n'y portat
pas autre chose. A voir comme nous étions faits ,
apres cette ondée de cendre qui nous avoit tout cou–
verts , il y avoit de quoi rire ; mais aucun de nous n'en
avoit envíe. Nous ne songearoes qu'a nous en aller
bien vite, et nous le fimes tres-a-propos. Nous n'étions
pas
a
un mille et demi de l'ile' que le tintamarre
y
recommem;:a, et jeta dans l'endroit que nous venions
de quitter , quantité de pierres allumées.
De
plus ,
en abordant
a
Santorin , nos rnarimers nous firent
remarquer que la grande chaleur de
l'
eau avoii em–
porté presque toute la poix de notre caique, qui
commen~oit
a
s'ouvrir de tous cotés.
Pendant le temps que je demeurai encore a Santo- ·
rin, qui fut jusqu'au
15
d'aoÍlt de la
m~me
année
l
7
08 ,
l'lle a continué a jeter du feu' de la fumée
et des pierres ardentes, toujours avec un grand bruit,
mais bien moindre que celui des mois précédens.
Depuis mon départ jusqu'a ce jour
24
juin
1
7
1
o , •
que j'écris ceci, j'ai
re~u
bien des lettres de Santo–
rin' et j'aifait diverses questions
a
un grand nombre
de personnes qui en venoient; selon ce qu'ils m'ont
;rapport~
, l'ile hrule .encore , la mer aux environs est
toujours bouillante , et
il
ne paro1t pas que cela
doive cesser sitot.