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LETTRES
diametre. Les gens dn pays l'appellent le grand
four-
11eau. Un peu an- dessous de la grande bouche sont
11rois antresouvertures de six
a
sept pieds de diametre,
asscz semblables
a
trois grandes embrasures. Du coté
de lamer, le grandfourneau est parfaitement escarpé ,
et a le talus si droit, qu'un chat n'y pourroit grim–
Fer. Par le dedans de file , on peut monter jusque
dessus la bouche' a la faveur de plusieurs gros rochers
posés les uns sur les autres.
Depuis un an, je n'ai vu jouer le fourneau qu'une
seule fois, qui fut le
1
4
septembre
1
7
1 1 ,
le propre
jour de mon arrivée
a
Santorin. Cela
coulmen~a
vers les deux heures apres-midi, et finit un peu apres .
(_[Uatre heures. Je ne sais comment vous exprimer ce
que·
j'
entendis et ce que je vis. En moins de deux
heures le fourneau éclata jusqu'a sept fois tout de
suite ' dont l'une
a
peine attendoit l'autre' rendant
a
chaque fois un bruit égal
a
celui que feroient plu–
sieurs gros canons tirant tous ensemble; élevantbien
haut en l'air' et transportant
a
plus de deux milles
en mer des pieces de roches enflammées , qui ,
a
la
vNe,
paroissoient avoir plus de vingt pieds de lon–
gueur. La fumée qui les accompagnoit, étoit blanche
et épaisse comme du coton, et montoit droit aux nues
en
forme de. colonne; le vent qui étoit alors fortfrais,
ne
r
étant pas assez pour la faire seulement gauchir.
Pendaut que tout cela sortoit avec impétuosité, les
trois ouvertures inférieures, que j'ai appelées em–
l>rasures , vomissoient des ruisseaux d'une matie:r;e
.fondue et étincelante,decouleur violette et d'unrouge
qui tiroit sur le jaune.
A
pres de grands coups
~
et en–
.suite de l'élancement des pieces de roches, on en–
tendoit pendant un long temps, dans le fond du
four–
neau, comme des échos qui imitoient le son des tam–
boms et des trompettes , des hurlemens de chiens ,
des mugissemens de taureaux , des hennissemens de
chevaux , .etc.
Depuis