ÉDIFIANTES ET
CURIEU~ES.
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Iesquels on ne vit nulle apparence de
f
eu ni de
fu–
mée, n'aiderent pas peu
a
nous fortifier dans cette
pensée; mais nous n'en étions pas encore ou nous
pensions.
.
Le
25
septembre, le feu reprit toute sa furie, et
l'ile devint plus formidahle que jamais. Parmi les
coups presque continuels, et qui furent si violens,
qne deux personnes qui se parloient, avoient
d~
la
peine
&
s'entendre, il en survint un si effrayant, qu'il
fit
courir tout le monde aux églises. Le gros roe sur
lequel Scaro est bati, en chancela, et toutes les portes
des maisons s'en ouvrirent de force.
Pour éviter les redites inutiles, je me contenteraj.
de dire ici que tout continua
de
la -
m~me
maniere
pendant les mois d'octobre , novembre ,
décembr~
1707, et janvier 1708, aucun jour ne se passantsans
que le grand fourneau jouat au moins une ou
deu~
fois , et le plus souvent cinq ou six.
Le
1
o de février
1
708 , sur les huit heures du
matin ,
il
y eut a Santorin un tremblement
d~ terr~
assez fort. La nuit, il y en avoit eu un beaucoup
plus foible; ce qui nous
fit
juger, }lar l'expérience
du passé, que notre volean nous préparoit encore
quelque terrible scene. Nous ne fümes pas long-temps
a 'l'attendre: feu' flammes' fumée' coups a faire
trembler, .tout fut horrible. De grands rochers d'une
masse effroyable, qui jusque-la n'avoient paru qu'a
fleur-d'eau, éleverent fort haut leur vaste corps,
et les bouillonnemens de la mer augmenterent
a
tel
exces , que , quoique nous fussions comme accou–
tumés
a
tout ce vacarme, il n'y eut personne qui n'en
füt frappé d'horreur.
J ...
es mugissemens souterrains
ne venoient plus par intervalle; ils duroient le jour
et la nuit sans discontinuer. :Le grand fournean écla–
toit jusqu'a cinq ·ou six fois en un qt1art-d'heure , et
frappoit des coups qui, par leurs redouhlemens , par
la qnantité et la grosseur des pierres qui voloient,