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ÉDIFIANTES ET

CURIEU~ES.

59

Iesquels on ne vit nulle apparence de

f

eu ni de

fu–

mée, n'aiderent pas peu

a

nous fortifier dans cette

pensée; mais nous n'en étions pas encore ou nous

pensions.

.

Le

25

septembre, le feu reprit toute sa furie, et

l'ile devint plus formidahle que jamais. Parmi les

coups presque continuels, et qui furent si violens,

qne deux personnes qui se parloient, avoient

d~

la

peine

&

s'entendre, il en survint un si effrayant, qu'il

fit

courir tout le monde aux églises. Le gros roe sur

lequel Scaro est bati, en chancela, et toutes les portes

des maisons s'en ouvrirent de force.

Pour éviter les redites inutiles, je me contenteraj.

de dire ici que tout continua

de

la -

m~me

maniere

pendant les mois d'octobre , novembre ,

décembr~

1707, et janvier 1708, aucun jour ne se passantsans

que le grand fourneau jouat au moins une ou

deu~

fois , et le plus souvent cinq ou six.

Le

1

o de février

1

708 , sur les huit heures du

matin ,

il

y eut a Santorin un tremblement

d~ terr~

assez fort. La nuit, il y en avoit eu un beaucoup

plus foible; ce qui nous

fit

juger, }lar l'expérience

du passé, que notre volean nous préparoit encore

quelque terrible scene. Nous ne fümes pas long-temps

a 'l'attendre: feu' flammes' fumée' coups a faire

trembler, .tout fut horrible. De grands rochers d'une

masse effroyable, qui jusque-la n'avoient paru qu'a

fleur-d'eau, éleverent fort haut leur vaste corps,

et les bouillonnemens de la mer augmenterent

a

tel

exces , que , quoique nous fussions comme accou–

tumés

a

tout ce vacarme, il n'y eut personne qui n'en

füt frappé d'horreur.

J ...

es mugissemens souterrains

ne venoient plus par intervalle; ils duroient le jour

et la nuit sans discontinuer. :Le grand fournean écla–

toit jusqu'a cinq ·ou six fois en un qt1art-d'heure , et

frappoit des coups qui, par leurs redouhlemens , par

la qnantité et la grosseur des pierres qui voloient,