LETTRES
sur rna consciP.nce, je me charge volontiers
de
crttfl
affaire, je la preuds sur
n1oi.
Je
fus
cm préférablc–
. ment
a
luí; cependant il est certain que selon leurs
i<l.ées la fontaine est immonclc, et je
ne sais pas de
queUe eau ils se servirout pour la pm:ifi.er.
Nons descen<llmes dans uue vallée
o.uj'aper~us
une infinité de cabaues répaudues dans la campague.
Quand
011
est étranger on admire tont. De ces ca–
:J:>auC's
je vis sortir des personnes habillées cl'nnc
maniere qui me frappa: leurs habits étoien
t
couverts
de coquilles , de nacres , de pierreries et de sequins
d'or de Venise ; les femmes avoirnt nou-seu]ement
des
p~ndans
d'oreilles , mais des peudans de nez.
L'expr<'ssic n est iwuve, mais elle est juste. Elles
avoient
<les
perles aux dt>nx narines ,
et
les plus
riches en avoient le nez si chargé , que je m'é ton–
nois comrneut il pouvoit les souteuir sans tom1er.
Nous approchions de la dPrneure eles Arabes.
Jons
nous mimes en ordre de bataiJle, et nous passames
:fie
1
rE?1nent. Ces brigands craiguentbeaucoup les armes
a
feü ,
et encore plus les Fran9ais sans armes que
les Turcs arrnés. On me tl.isoit dans la caravane: un
Fran~ais
contre cinq Arahes , et un Arabe contre
cinq Turc.:;. C<:>la est .bien glorieux
a
notre nation,
et l'on pent juger par
la
jusqu'ou s'est répan<lne la
terreur du n ro Fran9ais.
Enfin
nous arrivames
a
Cafetin; c'est la patrie de
mon fidele Soliman ; je fus logé chez lui , et pour
me faire compagnie il invita mon dévot Turc, le
compagnon éternel de mon voyage. J'avois mangé
pendant la route en cornpagnie, mais ce fot pour
la
premil·re fois que je rnangeai en famille. Comme
tout ce qu'on me présenta me d égo útoit, j'eus e
temps d'examiner toutes lenrs coutumes. Les
Tui
s
mangent fort vite , <:>t
le sonpe1· ne
dura
pas plus
d'un quart d'heure. Ils ne boiveut point pendant le
1'epas
~
muis seulement quand ils sont so1·tis de table.