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LETTRES
ou d'épines. On avoit fait 3:u-dessus. une
terra~se,
sur laquelle on se promeno1t, et qm se trouvolt au
niveau d'un pré auquel elle étoit contigue. Le bon
curé m'étala tous ses ornemens; ils consistoient en
une pauvre chasuhle, l'aube et la nappe étoient
extr~mement noires, et je crois qu'il s'en servoit depuis
plus de six mois.
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n'y avoit point de devant d'autel,
et la pierre étoit toute nue.
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me dit qu'il alloit le
parer pour la grande fete.
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ouvrit son trésor, et
il eu tira quatre images rouges assez grandes qu'il
attacha sur la muraille avec des épingles : e'étoit un
présent que lui avoit fait en passant un missionnaire
Jésuite. l...1e présent n'étoit pas considérable; c'étoit
de ces images qu'on vend en France six liards ou
deux sous.
11
me regarda ensuite, et je lui fis con-
11ohre que j'étois content de ce nouvel ornement.
Si j'avois pu ouvrir mon paquet, je lui aurois donné
ce qui lni étoit nécessaire; quelque bonne ame en
~rance
m'en auroit dédommagé.
11
n'y avoit point
<le lampe dans cette église, et cependant le saint
sacrement y étoit. ki vous voüs attendE¡"z
a
la des–
cription du tabernacle; je ne vous la fcrai pas, parce
qu'il n'y en avoit point. Le saint sacrement étoit <lans
une petite bohe rouge, et ce ciboire de bois peint
étoit sur un des gradins de l'autel avec le chandelier:
c'étoit encore un présent d'un rnissionnaire. Je lui
présentai une boile un peu plus propre ; il en tira
les petites béatilles qu'elle renfennoit, et l'alla placer
<lans son trésor.
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veut apparemment en faire la
piscine des grandes fetes. Qu'un pareil spectaele est
touchant pour un creur véritablement chrétien
!
que
notre Dieu est grand, mon révérend pere , mais
qu'il est bon, il s'abaissP
a
tout pour nous sanctifier
!
Aussitót qi1e j'eus rejoint ma hrigade, mon curé
reconnoissant m'envoya deux ponles cuites et une
courge remplie de vin. Avec cette augmentation, ou
plutót ce supplément de provision que la Providenc_e
··
m'avo1t