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LETTRES
flamand de nation. La peste étoit alors tres-violente.
La quantité des mourans qu'il assista la lui communi–
querent en moins de quinze jours. 11 le
fit
savoir in–
continen tau supérieur, priant instamment qu'on lui
accordat la grace de mourir aupres de ses Íreres. On
le
trans~rta
dans une petite maison qui est au bout
de notrtWJardin, ou s'étant de nouveau confessé , et
ayant communié, il mourut plein de joie et de recon–
noissance de la grace insigne que Dieu lui faisoit.
Depuis lui, personne n'a plus été frappé de cette
m~
Jadie , que le pere Pierre Besnier, si connu par son
beau génie
-€t
par ses rares talens. Sur la fin de ses
jours
il
se consacra une seconde fois
a
la mission de
Constantinople,
a
laquelle il avoit déja rendu les plus
grands services. La peste le prit en confessant un
malade : la Providence veilla
a
la conservation des
autres peres de cette mission , car les signes du mal
ne se montrerent qu'apres que le pere eut expiré; et
pendant les trois jours de sa maladie, ils avoient été
nuit et jour aupres de hu.
Mais si quelqu'un jusqu'ici a du mourir de ce
genre de mort, c'est le pere
J
acques Cachod dont
j'
ai
parlé , et qui , avec le nom de pere des Arméniens ,
a encore
a
Constantinople et
a
Malte celui de pere
des esclaves. 11 y a huit ou dix ans qu'il est presque
incessamment occupé aux reuvres de charité ou il
y
a le plus de péril, soit . dans le bagne; soit sur les
vaisseaux et sur les galeres du Grand-Seigneur. Les
esclaves qui n'en peuvent sortir savent
l'y
introduire
par le moyen de leurs gardiens Turcs , avec qui ils
sont d'intelligence. L'année
1707,
que la peste
fut
sifurieuse qu'elle emporta presd'un tiers de Constan–
tinople , ce pere m'écrivit
a
Scio la let!re q1u suit:
«
Maintenant je me snis mis au-dessus de toutes
)) les craintes que donnent les maladies contagieuses;
>>
et, s'il plait
a
Dieu, je ne mourrai plus de ce mal
»
apres les hasards que je viens <le courir. Je ,sors